La Présidente Metsola dévoile le buste de John Hume 

 

La Présidente du Parlement européen Roberta Metsola a dévoilé un buste de John Hume. Dans son discours, elle a fait l'éloge de John Hume pour son engagement en faveur de la paix.

© Union européenne | Discours de Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen, lors de la cérémonie de dévoilement du buste de John Hume

Mesdames et Messieurs,

Tout au long de sa vie, John Hume s’est inspiré du thème de la réconciliation que la ville de Strasbourg représente. Lors d’un discours au Parlement européen sur le processus de négociation de paix en Irlande du Nord, il a affirmé: «En vérité, notre action suit le modèle de la ville où nous nous trouvons». 

En souvenir des événements qui avaient laissé une Europe ravagée en 1945 et qui avaient particulièrement frappé Strasbourg, John Hume a ajouté: «Qui aurait pu prédire alors que nous aurions une toute nouvelle Europe aujourd’hui, une Europe où nous sommes unis dans le respect de nos différences?»

En tant que Présidente du Parlement européen, je peux vous assurer que je ressens la signification profonde de ces mots lorsque je préside cette assemblée démocratique européenne, qui rassemble en un même lieu des représentants élus dans 27 États membres pour qu'ils dialoguent pacifiquement.

Pour John Hume, la ville de Strasbourg était «un symbole d’espoir». Plus encore, il croyait aux bienfaits que cette assemblée pouvait apporter - et qu'elle a effectivement apportés - à ses compatriotes et à tous les Européens. De façon efficace et astucieuse, il s'est servi du Parlement européen précisément pour atteindre le but pour lequel l'institution a été créée: «avancer sur un terrain d'entente», selon ses termes, et «respecter nos différences».

On peut se procurer ici un recueil des interventions les plus mémorables de John Hume durant son mandat de député au Parlement européen. À la lecture de ses discours, j’ai été particulièrement frappée par le dialogue constructif de réconciliation que John Hume était capable d’entretenir, dans cette assemblée, entre les représentants de tous les partis durant «les Troubles» en Irlande du Nord. Comme si le Parlement lui-même servait de médiateur ou de chambre de conciliation. 

Permettez-moi de saluer ici tout le travail mené par mon prédécesseur Pat Cox, ancien Président du Parlement européen et actuel Président de la Fondation Jean Monnet, , lui qui a inlassablement placé la diplomatie et la médiation au centre de toutes ses activités et qui continue de défendre le soutien à la démocratie dans le monde, notamment en Ukraine depuis 2014.

Dans ses débats avec les députés protestants d’Irlande du Nord ou du reste du Royaume-Uni durant les Troubles, John Hume a incarné le besoin d’un dialogue pacifique et constructif au Parlement européen. 

Il affirmait que pour favoriser la paix, «l’étape la plus difficile était de créer des conditions favorables au dialogue». Respecter les différences et les surmonter, se rassembler autour de la table des négociations - voilà le véritable défi.

John Hume était convaincu, tout comme nous, que la démocratie et le dialogue mèneraient à la paix. Il avait foi en l’humanité.

Pour lui, «la différence est l’essence de l’humanité. La différence ne devrait donc jamais être source de haine ou de conflit. C’est là que réside un principe fondamental de la paix: le respect de la diversité.». Ces mots constituent aujourd’hui encore un principe directeur. 

Alors que les pourparlers de paix autour de l’Irlande du Nord évoluaient favorablement dans les années 1990, John Hume était catégorique: «il ne peut y avoir de retour en arrière». 

Pourvu que notre génération se souvienne de l’importance de préserver l’accord du Vendredi Saint, que John Hume - ainsi que tous les protagonistes concernés - a contribué à faire naître.

Il n’est donc pas surprenant que John Hume ait été colauréat avec David Trimble du prix Nobel de la paix en 1998. En 1999, il a été nommé officier de la Légion d’honneur, plus haute distinction de la République française.

À l’approche du Bloomsday la semaine prochaine et alors que cette année marque le centenaire de la publication de l'Ulysse de James Joyce, chef-d’œuvre mondialement connu, notons que John Hume a également reçu le prix James Joyce, qui récompense ceux qui ont connu un succès exceptionnel dans leur domaine.

Il a reçu de nombreuses distinctions du monde entier. Il est de notre responsabilité collective de ne pas prendre pour acquis le cadeau de la paix aujourd’hui. 

À cet égard, je tiens à saluer les efforts incessants de la fondation John et Pat Hume en faveur de la paix et de la réconciliation. Cette organisation a été lancée en 2020 pour commémorer les contributions exceptionnelles de John et Pat Hume à leurs communautés locales mais aussi, plus généralement, à d’autres domaines liés aux conflits.

«N’oublions pas que, comme nous l’avons constaté, l’Union européenne est le meilleur exemple de résolution d'un conflit que l’histoire du monde nous donne à voir.» 

C'est sur cette dernière citation de John Hume que le Taoiseach et moi-même allons maintenant dévoiler ensemble le buste d’un grand homme qui fera à jamais la fierté de cette Maison européenne de la démocratie.

Je vous remercie.