En avant, ensemble 

 

S'adressant au Sommet Italie-Afrique, la Présidente du Parlement européen Roberta Metsola a déclaré que, lorsque l'Afrique prospère, l'Europe et le monde prospèrent aussi

Monsieur le Président du Sénat,
Madame la Première Ministre, 
Monsieur le Vice-Président du Conseil des ministres et ministre des affaires étrangères,
Messieurs les Présidents de l’Union africaine et de la Commission de l’Union africaine, 
Monsieur le Président du Conseil européen, 
Madame la Présidente de la Commission européenne, 
Madame la Vice-Secrétaire générale des Nations unies,
Chers Premiers ministres, Présidents, Dignitaires, 

Mesdames et Messieurs, 

Quand l’Afrique prospère, l’Europe prospère, et le monde aussi. Nous pouvons aller de l’avant ensemble.

Voilà le message que je souhaite faire passer aujourd’hui, le sentiment qui anime le plan Mattei et la vision de l’Union européenne.

Enrico Mattei a compris, plus tôt et peut-être mieux que d’autres, que les nations sont plus fortes lorsqu’elles travaillent de concert que lorsqu’elles se mettent en concurrence les unes avec les autres.

Les relations entre nos grands continents doivent se caractériser par un véritable partenariat d’égal à égal, dans lequel nous reconnaissons le passé, mais regardons ensemble vers l’avenir. C’est ainsi que nous prospérerons tous. C’est ainsi que tous nos peuples pourront s’épanouir et réaliser leur potentiel. 

Permettez-moi donc d’exprimer ma gratitude à la Première ministre Meloni et au ministre Tajani pour avoir fait avancer ce projet. C’est là un véritable changement de mentalité que l’on attendait depuis longtemps.

Je tiens également à saluer le travail de l’Union africaine sous l’autorité de Moussa Faki et du président Azali Assoumani.

Comme le dit souvent Moussa Faki, nous, Européens et Africains, avons un avantage comparatif. Mais si nous ne le cultivons pas, il disparaîtra au profit d’autres acteurs.

Les entreprises, le commerce et les investissements ne peuvent que prospérer, créer des emplois et une croissance durable et inclusive dans un climat de paix, de sécurité, de stabilité, de respect des droits de l’homme et de bonne gouvernance.

Chers amis, 

Le monde change, et nous devons changer avec lui. Sur les vingt économies à la croissance la plus rapide au monde, douze se trouvent en Afrique. Ce continent est décrit comme une terre jeune dans un monde vieillissant. Le discours qui est véhiculé au sujet du continent et de nos relations doit évoluer.

Le tout sur fond d’urgence climatique imminente. Nulle part ailleurs qu’en Afrique, cette urgence n’est ressentie avec plus d’acuité: dans de trop nombreux endroits, nous voyons les terres reculer tandis que le niveau des mers s’élève. Pour relever le défi auquel notre génération fait face, il faut un effort conjoint, un véritable partenariat. Nous pouvons ouvrir la voie vers une véritable prospérité et la croissance économique tout en sauvant notre planète et en protégeant les droits. Nous avons montré à maintes reprises que nous pouvions être sur la même longueur d’onde. À mesure que nous intensifierons la transition énergétique, l’Afrique lancera le mouvement d’une action mondiale. 

Nous entrons dans une nouvelle ère d’interdépendance internationale, où la coopération n’a jamais été aussi importante. Cet événement s’en trouve d’autant plus urgent. L’Europe et l’Afrique sont amis et alliés depuis de nombreuses années et notre coopération a déjà donné lieu à des résultats tangibles, ainsi qu’à des investissements et à des échanges de grande ampleur. Pourtant, nous devons avoir le courage d’être honnêtes avec nous-mêmes. Honnêtes quant à nos réussites. Honnêtes aussi quant aux domaines dans lesquels nous pouvons faire mieux.

L’Europe est consciente de ses responsabilités à cet égard. Nous devons tenir nos promesses, combler les déficits de financement qui subsistent et faire progresser les investissements dans les infrastructures, l’éducation, l’agriculture et la sécurité alimentaire. 

Certains défis transcendent les frontières de l’immédiateté. J’ai grandi à Malte, une île située plus au sud que Tunis; ma génération est la première à ne pas avoir vécu le colonialisme. 

Nous savons à quel point il est difficile de rompre avec le passé et de nouer de nouvelles relations, en partenaires assis autour de la même table. Mais une nouvelle voie est possible, elle est souhaitable et réalisable.

L’Afrique a tout ce qu’il faut pour être la prochaine puissance économique mondiale, pionnière des technologies vertes et des destinations touristiques émergentes et un chef de file de la transition numérique. Près d’un demi-milliard de consommateurs en Afrique paient déjà sur des plateformes de téléphonie mobile lancées par des talents locaux. 

Dans le secteur de l’énergie, il s’agit d’un continent sans égal. L’Europe a un problème d’approvisionnement énergétique. Or, l’Afrique pourrait être un fournisseur d’énergies renouvelables et vertes de grande envergure. Cela vaut également pour les matières premières et les terres rares. Nous pouvons croître ensemble, de manière durable, et non aux dépens de l’autre.

Les continents européen et africain ont également un intérêt commun pour ce qui a trait à la sécurité. Les évolutions récentes ont mis en évidence les préoccupations liées à nos réseaux commerciaux.

Alors, quand nous disons que l’Afrique doit occuper la place qui lui revient à la table des négociations pour collaborer en partenaires – d’égal à égal –, il est entendu que nos continents, nos pays et nos peuples ont besoin les uns des autres pour sortir plus forts des difficultés qui se posent à l’échelle mondiale et pour favoriser la croissance économique. En vue d’aboutir à une situation où tout le monde sort gagnant.

L’Afrique dispose de tout ce dont elle a besoin pour exploiter son vaste potentiel et l’Europe peut être un partenaire. Prenez par exemple la région méditerranéenne. Elle dispose d’un potentiel illimité pour ce qui est de retrouver sa gloire d’antan en tant que centre d’affaires et d’échange de biens, de services, de tourisme et d’idées. 

Trop souvent, nos discussions sont dominées par des considérations à court terme. Cela est particulièrement vrai lorsque nous parlons de migration. Bien sûr, il s’agit d’une question urgente, qui nécessite un travail de partenariat pour être abordée de manière globale, mais ce n’est certainement pas la seule. Nos débats doivent évoluer et dépasser l’horizon du court terme, et cela doit commencer par nous.

Au nom du Parlement européen, je suis ici aujourd’hui pour montrer notre détermination à rendre notre avenir commun plus sûr et plus prospère. 

L’Europe a un rôle à jouer, sans rien imposer, dans une relation de confiance mutuelle. Au fil des ans, le Parlement européen a eu l’honneur d’accueillir nombre d’entre vous dans notre Assemblée.

Nos échanges réguliers avec les parlements des pays africains et les assemblées parlementaires paritaires constituent une excellente base et témoignent de notre engagement à renforcer les liens.

Car si l’Afrique se développe, l’Europe et le monde entier se développent également.

Je vous remercie.