Le multilatéralisme est la plus grande réussite de la diplomatie moderne 

 

Lors d’un discours prononcé lors de l’événement « Nouveau départ pour le multilatéralisme : le rôle des parlements », à New York, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a parlé de l’importance de revigorer le multilatéralisme et de le rendre apte à relever les défis actuels.

Mesdames, Messieurs,

C’est un honneur pour moi et pour le Parlement européen d’ouvrir cet échange de vues aujourd’hui.

Le multilatéralisme est la plus grande réussite de la diplomatie moderne.

Depuis des décennies, il est le fondement de la paix et de la prospérité dans le monde entier. Il constitue un rempart contre les conflits et le socle de l’ordre international fondé sur des règles. C’est l’essence même de ce que représente l’Union européenne: des États qui s’unissent pour résoudre pacifiquement leurs différends et poursuivre des objectifs communs. Et nous pouvons accomplir tout cela en préservant les cultures et les identités nationales, sans rendre tout le monde identique.

Je considère le Parlement européen comme une extension de ce principe. Il s’agit du seul parlement transnational multipartite et multilingue directement élu dans le monde. Un lieu où mes collègues et moi‑même nous réunissons pour apporter des solutions au nom des citoyens qui, il y a quelques mois à peine, nous ont élus pour les représenter, et ce dans vingt‑sept pays très différents.

Ce grand exercice de démocratie est le produit du multilatéralisme et constitue un exemple vivant pour le monde entier.

Dans le cas des problématiques mondiales, le multilatéralisme est essentiel pour favoriser la coopération et la solidarité dont nous avons besoin pour relever les défis qui dépassent les frontières politiques ou géographiques.

Des défis tels que la lutte contre les effets du changement climatique, la garantie d’un accès égal à l’éducation pour tous et le renforcement de l’égalité.

Sur ce dernier point: en tant que Présidente du Parlement européen, il me tenait à cœur de mentionner notre engagement institutionnel en faveur des objectifs du projet «HeforShe». Il s’agit d’une campagne que le Parlement européen peut continuer à promouvoir et qui constitue l’un des avantages tangibles du multilatéralisme. Celui-ci dépasse en effet la diplomatie traditionnelle et peut avoir un réel impact sur la collaboration entre le Parlement européen et les Nations unies. Nous pouvons accomplir davantage dans ce domaine et je sais que les députés européens ici présents sont aussi déterminés que moi à faire de ce projet une réalité.

Le multilatéralisme et les institutions internationales qui le soutiennent sont confrontés à des menaces, mais leur solidité et leur stabilité seront toujours celles que nous choisirons de leur donner.

La situation n’est pas utopique, nous devons aussi nous engager dans un processus de réflexion et d’introspection, conscients du fait que reconnaître ce que nous pouvons améliorer contribuera à nous rendre plus forts. Sans cette prise de conscience, nous finirons par régresser au lieu d’aller de l’avant.

Mesdames et Messieurs, le résultat du multilatéralisme ne doit jamais être le plus petit dénominateur commun. Au contraire, il doit être la réaffirmation de la voie que nous avons choisie. Le principe selon lequel je peux être à la fois maltaise et européenne, ainsi que nos politiques doivent continuer à le refléter.

Nous devons viser plus haut. Nous devons être plus ambitieux. Mais de la même manière, nous ne devons pas avoir peur de mener des réformes ou de faire place à de nouvelles idées constructives.

Les Nations unies, par exemple, sont une voix importante depuis des décennies, mais elles doivent aussi évoluer. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui diffèrent considérablement de ceux rencontrés par ceux qui nous ont précédés dans le passé, et le nouveau système de gouvernance mondiale doit être adapté pour faire face aux épreuves qui nous attendent demain.

Dans le Pacte pour l’avenir, adopté ce matin après que certains ont échoué à le faire dérailler, les États membres des Nations unies reconnaissent à juste titre que la diplomatie préventive est vitale pour résoudre les défis multilatéraux.

C’est à ce niveau qu’interviennent les parlements. Nous devons contribuer à cet effort en tirant parti de leur expertise dans la recherche de consensus et de compromis, dans la conclusion d’accords et dans l’élaboration de textes ambitieux.

L’amitié de longue date et le respect mutuel qui sous‑tendent l’Assemblée parlementaire paritaire ACP‑UE en sont un excellent exemple.

L’Assemblée réunit des parlementaires du monde entier et se fonde sur des valeurs communes.

Le nouvel accord de Samoa entre l’Union et les ACP traduit les paroles en actes pour nos pays et nos citoyens. Il contribuera à faire avancer le Programme 2030 en promouvant la paix, la sécurité et la prospérité, tout en luttant contre la pauvreté et la désillusion.

La participation active des parlements à ces processus sera essentielle pour renforcer un multilatéralisme fondé sur des règles, solidaire et efficace.

Le Parlement européen a mis en place des réseaux avec de nombreux organes législatifs, dont nombre de ceux que vous représentez ici, en tissant des liens très étroits au fil des ans et en entretenant des relations solides à l’échelle mondiale.

Le multilatéralisme parlementaire fonctionne et la création d’une Assemblée parlementaire des Nations unies constituerait un pas dans la bonne direction. Elle faciliterait un échange structuré d’idées entre les représentants directement élus du monde entier. Elle rendrait la prise de décision plus transparente, en
nous confiant la responsabilité, en tant qu’élus démocratiques, d’expliquer ce que nous faisons, de voter et de prendre des décisions dans le cadre de ces forums.

Le multilatéralisme a tant apporté au monde au cours du XXe siècle et il renferme tant de promesses pour l’avenir. Il est temps de lui donner un nouvel élan. De le rendre apte à relever les enjeux qui se présentent à nous aujourd’hui.

Et j’ai la conviction profonde qu’ensemble, nous pouvons y parvenir.

Je vous remercie.