La Présidente Roberta Metsola reçoit la médaille d'or du patronage honorifique pour sa contribution exceptionnelle au débat politique 

 

La Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a reçu la médaille d'or du patronage honorifique de la University Philosophical Society du Trinity College. S'adressant aux étudiants du collège, la Présidente Metsola a encouragé les jeunes à s'engager pour changer le monde.

Monsieur le Taoiseach,
Chère Rectrice,
Chère Présidente,
Chers membres de la «Phil»,
Chers étudiants,
Mesdames et Messieurs,

C’est un grand honneur pour moi d’être reçue à la University Philosophical Society du Trinity College, la plus ancienne société d’étudiants au monde. Une société qui, au cours de ses 337 ans d’histoire, a compté dans ses rangs des contributeurs majeurs au monde de l’art et de la culture.

J’éprouve une immense fierté d’avoir été choisie par votre Conseil pour recevoir la Gold Medal of Honorary Patronage de cette année, que j’accepte avec gratitude au nom du Parlement européen, une institution dont le but est de porter vos voix. Avec cette récompense, j’ai la conviction que les actions que nous avons menées au cours de l’année écoulée sont dignes de votre confiance.

Je ferai tout mon possible pour continuer d’en être digne.
 
Je vous remercie.
 
Cette médaille est un nouvel encouragement à persévérer dans la défense des valeurs européennes auxquelles nous sommes tous attachés: la liberté, la démocratie, l’égalité et la justice.

Des valeurs que nous considérons – peut-être trop souvent – comme acquises. Des valeurs qui sont menacées. Des valeurs pour lesquelles le peuple ukrainien doit se battre.

Je suis ici pour fêter avec vous le 50e anniversaire de l’entrée de l’Irlande dans l’Union européenne.
Ce demi-siècle d’appartenance à l’Europe est l’histoire d’une transformation positive et d’une réussite, une victoire pour chacun. L’Union européenne et l’Irlande en sont tous deux sorties considérablement renforcées, tant sur le plan économique que sociétal.

Il est extrêmement gratifiant de savoir que c'est la volonté du peuple irlandais qui a guidé la décision de rejoindre ce qui était alors la Communauté économique européenne en 1973. Et aujourd’hui encore, une majorité écrasante des citoyens irlandais soutient le projet européen. Car ils savent la chose suivante: ensemble, nous sommes plus forts, et ensemble, nous avons le pouvoir de faire face à la crise géopolitique, aux enjeux économiques et à l’urgence climatique d'aujourd'hui.

À présent, je souhaite profiter de cette occasion pour réaffirmer que c'est grâce à la politique que nous pouvons relever les défis de notre génération. Il s’agit de la meilleure voie vers le progrès pour nos communautés et nos sociétés, la seule voie possible vers un progrès durable et véritable. Je suis une éternelle optimiste, cela explique peut-être pourquoi je me sens chez moi en Irlande, mais malgré les hauts et les bas d’une carrière politique, je sais que la cause est noble. Son objectif le plus fondamental consiste à faire tout ce qui est possible pour rendre la vie de vos voisins un peu meilleure, un peu plus juste, un peu plus sûre.
Aujourd’hui, mon message pour vous est celui-ci: trouvez votre voix, une cause qui vous est chère et défendez-la. Votez. Ayez espoir.

Épouser une carrière politique a été l’une des meilleures décisions de ma vie. Je me souviens que ma famille était déconcertée quand je leur ai annoncé que je reportais mes examens finaux à l’université afin de pouvoir me présenter aux élections européennes de 2004. Mais d’un autre côté, ma mère m’a toujours dit: «si tu veux changer les choses, agis au lieu de te plaindre».  J’ai participé à cette élection en 2004, puis je suis finalement rentrée pour passer mes examens en septembre. Je n’ai pas été élue cette fois-là, mais je n’ai jamais baissé les bras.

50 ans après son adhésion à l’Union européenne, l’Irlande est devenue un État membre émérite. Les autres pays européens ont beaucoup à apprendre de l’exemple de l’Irlande, de son passage du statut de bénéficiaire financier net à celui de contributeur net au budget et d’acteur influent sur les politiques de l’UE.

C’est toute la beauté de la politique. Ma décision d’entrer dans la fonction publique est liée à l’entrée de mon pays dans l’Union européenne il y a 20 ans.

Il s’agissait de l’aspiration de toute une génération: «Nous pouvons rendre notre monde meilleur.» Mais aussi: «Nous ne pouvons nous permettre de ne pas y prendre part».
 
Naturellement, nous savions que l’Union européenne était imparfaite. Elle l’est toujours. Je suis toujours irritée par certains détails qui me semblent absurdes, contre ces choses qui font la une à la place du travail remarquable accompli chaque jour.

Cependant, nous croyions en l’espoir porté par l’Europe, en ce rêve que nous voulions réaliser. Nous y avons cru et j’y crois toujours.

Je m’adresse régulièrement à des étudiants de différents pays. Où que j’aille, je souhaite toujours vous rencontrer.

Je veux démontrer que la politique est une cause qui en vaut la peine. Mais ce n'est pas un exercice facile. Il faut être solide, avoir le sens de la justice et beaucoup de chance. Et quand on est une femme, c'est encore plus compliqué.

J’ai été députée au Parlement européen pendant 10 ans et je suis sa Présidente depuis un an. Ce n’est pas facile. Cette année était censée être celle de la reprise, de la relance économique. Au lieu de cela, six semaines après ma prise de fonctions en tant que Présidente, nous étions confrontés à une guerre sur notre continent. Les priorités évoluent.  

Je ne suis pas ici pour vous dire que la politique est une chose simple. Je suis ici pour vous dire que le jeu en vaut la chandelle.

Je suis ici pour vous encourager à vous engager. À vous engager en politique, à votre échelle, à faire de votre mieux pour rester fidèles aux idées auxquelles vous croyez.                                      

La guerre menée illégalement par la Russie contre l’Ukraine nous a ébranlé au plus profond de nos fondations. Le Kremlin, en envahissant un pays souverain et indépendant, a rejeté notre ordre international fondé sur des règles. C’est pourquoi il est fondamental de nous tenir aux côtés de l’Ukraine. Nous ne laisserons pas cette nation se battre seule pour défendre nos valeurs communes. C’est ce que j’ai assuré au président Zelensky lors de ma visite au Parlement ukrainien, à Kiev, quelques semaines après le début de l’invasion.

En 1973, à l’aube de l’entrée de l’Irlande dans l'Union européenne, Jack Lynch, qui était alors Taoiseach, a déclaré: «Il est concevable que l’Europe et le monde auraient pu éviter deux guerres dévastatrices, que la division de l’Europe en deux blocs aurait pu être empêchée» si, a-t-il ajouté, les dirigeants, dans les lieux de pouvoirs, au début du XXe siècle, «avaient porté la même vision, le même engagement en faveur de la paix et le même sentiment d’appartenance à une communauté» que celui des fondateurs du projet européen.

Les valeurs ont de l’importance. Et lorsque la guerre sévit sur notre continent, nous devons porter haut nos valeurs de justice, de démocratie et d’égalité. Nous devons soutenir l’Ukraine de toutes les manières possibles.

Si nous croyons en nous et notre capacité à nous affirmer, nous avons tous les outils en main pour concevoir un avenir meilleur pour nous-mêmes en Europe.

Une chose continue toutefois de me préoccuper: la sous-représentation persistante des femmes, presque partout, dans les postes à responsabilités, y compris au sein de la classe politique irlandaise.

Les récentes commémorations nationales organisées en Irlande dans le cadre du programme «Decade of Centenaries» ont mis en lumière les causes pour lesquelles les femmes doivent continuer de se battre au XXIe siècle, pour obtenir l’égalité dans tous les aspects de la vie des femmes irlandaises.

L’Irlande a d’ores et déjà créé un nouveau jour férié historique avec la Sainte-Brigitte, le premier jour férié national dédié à une femme, en hommage aux femmes et aux travailleurs de première ligne dans le secteur des soins. Ce jour marque le retour de la lumière et de l’espoir.

Hier, le 1er février, le jour du retour du printemps, pour la première fois, quatre statues de femmes intellectuelles ont été exposées dans la Vieille Bibliothèque de l’université.
 
Les bustes de la scientifique Rosalind Franklin, de la fondatrice de théâtre Augusta Gregory, de la mathématicienne Ada Lovelace et de la défenseure des droits des femmes Mary Wollstonecraft guident nos pas.

Les temps changent, car nous sommes à l’écoute et que nous incluons toutes les voix dans la société et en politique.

Car nous croyons. Car nous nous engageons. Car des personnes comme vous se retroussent les manches et changent le monde.

Changez le monde.
Si vous ne le faites pas, quelqu’un d’autre le fera pour vous.

Je vous remercie de votre attention.