La Présidente Metsola reçoit le prix de la femme de l'année à Madrid 

 

La Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a reçu le prix de la femme de l'année décerné par "Women in a Legal World" à Madrid. Dans son discours, la Présidente a déclaré qu'elle était reconnaissante à toutes ces femmes qui l'ont précédé et qui ont permis d'ouvrir un chemin. Maintenant, dit-elle, notre défi est de faciliter la tâche à celles qui viendront ensuite.

© Union européenne | Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen, reçoit le prix de la femme de l’année à Madrid

Madame la présidente de Women in a Legal World, Marlen Estévez,
Madame la vice-présidente Nadia Calviño,
Chers amis,

Je suis honorée d’être aujourd’hui, ici, à Madrid.

C’est également un honneur de recevoir le prix de la femme de l’année décerné par Women in a Legal World et de partager la scène avec tant d’autres femmes brillantes... Merci beaucoup.

Épouser une carrière juridique fut probablement l’une des meilleures décisions de ma vie. Pourtant, je me souviens que ma famille en était déconcertée – et je me démarquais incontestablement des choix de mes deux sœurs, aujourd’hui scientifiques accomplies. 

Ma mère me disait que, si je voulais changer les choses, je devais agir plutôt que de me plaindre.  Ma décision de choisir le droit et d’entrer en politique est liée à l’adhésion de mon pays à l’Union européenne. En effet, c’était l’aspiration de toute une génération et notre monde s’en est vu bouleversé. Ne pas y prendre part était inconcevable. Nous savions que l’Union européenne, malgré ses problèmes et ses imperfections, rendrait nos vies un peu meilleures. Un peu plus justes. Un peu plus sûres.

C’est justement l’éthique du Parlement européen. Je dois avouer que ma route a parfois été cahoteuse. La politique est un monde rude, qui plus est pour une femme. Il m’arrive souvent de m’exprimer devant des écoliers et des jeunes filles. Je les encourage toujours, malgré les obstacles, à s’engager, que ce soit en politique, dans leur quartier, à leur échelle. Il n’est pas toujours facile de faire carrière en politique: il faut être solide, posséder le sens de la justice et l’énergie de rendre le monde meilleur.

Les femmes, en particulier, se heurtent encore à la pratique du «deux poids deux mesures» et à des attentes plus élevées: tout ce que nous disons ou tout ce que nous proposons sera disséqué, voire déformé; mais les aspects positifs de la politique, les retombées tangibles de notre action sur la vie des gens prouvent que ces efforts n’auront pas été vains. La politique est une noble cause et il serait bon que davantage de jeunes femmes s’y consacrent. Cela en vaut la peine.

J’ai grandi en suivant ce mantra: si l’on travaille assez, que l’on montre assez de volonté et que l’on est prêt à gravir des montagnes, alors rien ne peut nous arrêter, ni notre genre, ni notre âge, ni nos origines, même si le chemin est plus escarpé. 

Je me suis accrochée à cette philosophie tout au long de l’année écoulée. 

Lorsque j’ai été élue Présidente du Parlement européen, je savais qu’il me faudrait relever de nombreux défis, mais je crois que rien n’aurait pu me préparer à ce qui allait avoir lieu.

La guerre menée illégalement par la Russie contre l’Ukraine a ébranlé nos fondations au plus profond. Le Kremlin, en envahissant un pays souverain et indépendant, a ouvertement rejeté notre ordre international fondé sur les règles. C’est pourquoi il était et il reste fondamental de nous tenir aux côtés de l’Ukraine. Nous ne laisserons pas cette nation se battre seule pour défendre nos valeurs communes.  C’est ce que j’ai assuré au président Zelensky lors de ma visite au Parlement ukrainien, à Kiev, quelques semaines après le début de la guerre.

J’essaie d’apporter ma pierre à l’édifice afin de jalonner le chemin pour les prochaines générations, même si je reste préoccupée, notamment par la sous-représentation persistante des femmes, presque partout, aux postes à responsabilités. 

Un véritable changement de paradigme dans notre façon de penser et dans notre culture s’impose. Nous devons faire davantage, encore plus, afin d’encourager les femmes à occuper des fonctions dirigeantes. Et ce, pour leur permettre de s’émanciper, mais aussi de saisir leur chance. Une véritable chance. 

Une chance qui ne soit pas fondée sur leur qualité de femmes, mais indépendamment de ce facteur. 

Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons, tous, constater ce qui devrait être une évidence: la place d’une femme est sans aucun doute là où elle souhaite agir, qu’il s’agisse de s’exprimer dans un parlement, de diriger un cabinet d’avocats, de présider une salle d’audience ou de mener une nation à la prospérité.

Je vous remercie encore pour cet immense honneur.