Investir les fonds européens dans nos travailleurs - La présidente Metsola célèbre la Journée des travailleurs 

 

S'adressant à une conférence marquant la Journée internationale des travailleurs, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a déclaré que le Parlement européen joue un rôle leader en faveur des actions visant à accroître les droits des travailleurs, la protection sociale et l'égalité.

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie de m’avoir invitée à prendre la parole lors de cette conférence annuelle, à la veille d’une journée importante pour nous, Européens. 

Demain, nous célébrons la Journée du travail ainsi que le vingtième anniversaire de l’adhésion de Malte et de neuf autres pays à l’Union européenne. 

Il y a vingt ans, nous avons compris que cette adhésion permettrait à nos travailleurs et à notre pays d’avancer, à la faveur de perspectives nouvelles, notamment en matière de formation et d’emploi, de l’accroissement des investissements privés locaux et étrangers et, partant, de la création d’emplois, ainsi que d’une dynamisation des projets sociaux et environnementaux et des projets d’infrastructures. Notre espoir était de voir s’ouvrir de meilleures perspectives. Les obstacles n’ont pas manqué, mais rétrospectivement, les vingt années écoulées nous montrent que cette décision a incontestablement été la bonne. 

Au regard des défis auxquels l’Europe et le monde ont été confrontés ces derniers mois et ces dernières années, nous prenons conscience que notre adhésion à l’Union européenne a servi les travailleurs. Avec prudence et circonspection, nous avons su surmonter la crise financière. Nous avons connu une pandémie qui a eu des répercussions économiques et sociales, mais l’Union européenne a aidé chacun de ses membres. Nous avons connu le Brexit. Et malgré ces difficultés, au Parlement européen, nous avons examiné et approuvé des lois sociales afin, notamment, de consolider les droits des travailleurs et d’améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée en renforçant le congé parental. Nous avons aussi approuvé un texte visant à garantir un salaire égal à travail égal pour les femmes et les hommes. Nous avons introduit une carte d’invalidité reconnue dans tous les États membres. Nous avons débloqué des fonds pour permettre aux pays européens de réaliser des projets environnementaux et de développer l’utilisation des technologies.

Le Parlement européen est notre parlement. Il ne travaille donc pas de manière isolée. Les textes que j’ai cités en exemple concernant les aides financières et la législation sociale doivent être correctement appliqués à l’échelon national, au moyen notamment d’un dialogue social réel et effectif. 

Cet impératif vaut à la fois pour les normes que nous devons respecter et pour la façon dont les fonds européens sont investis afin d’assurer la reprise et la croissance de l’économie au bénéfice de tous et, grâce à cette croissance, nous avons pu mener une politique de justice sociale au service des nombreux citoyens qui en ont réellement besoin.

Je ne vois pas dans la croissance économique et une justice sociale effective des objectifs abstraits: elles doivent permettre d’améliorer la vie des travailleurs et des retraités. 

Elles devraient se traduire par une augmentation des revenus des travailleurs. La croissance économique et la justice sociale devraient permettre de relever les pensions de retraite, car il est inacceptable que des personnes âgées, après avoir travaillé pendant tant d’années, voient leur qualité de vie se dégrader et soient incapables de faire face à la hausse des prix. 

Des mesures sont nécessaires pour améliorer la qualité de vie des citoyens.

Alors que nous célébrons le dynamisme des travailleurs et l’adhésion à l’Union, l’heure n’est pas à la nostalgie. Ce jour est l’occasion de dresser un bilan de nos réalisations, de voir où nous pouvons nous améliorer et, surtout, de déterminer les moyens à mettre en œuvre pour atteindre nos objectifs. Si nous ne nous tournons pas vers l’avenir, nous allons prendre du retard.

Dans le domaine économique, nous pouvons faire fond sur nos réalisations antérieures, par exemple dans le tourisme, les services financiers, l’aviation et l’industrie pharmaceutique, mais nous savons aussi que le monde de demain sera différent de celui d’hier et d’aujourd’hui. L’avenir a déjà commencé. Il est indissociable du présent. Nous devons engager une transformation pour stimuler l’activité économique et créer de l’emploi.

Les transitions numérique, environnementale et énergétique, par exemple, ont déjà commencé. Dans un marché du travail en rapide mutation, il ne suffit pas de parler de perfectionnement et de reconversion professionnels, il faut aussi proposer des formations à cet effet. 

L’enseignement et la formation formels qui nous étaient proposés il y a tout juste quelques années ne prévoyaient pas les emplois créés aujourd’hui. Ce décalage illustre la rapidité du changement. Mais il n’y a pas à s’en émouvoir, car l’éducation et la formation doivent précisément susciter le désir d’acquérir plus de compétences.

L’intelligence artificielle n’est pas une nouveauté, mais son évolution, déjà rapide, va encore s’accélérer. Elle va continuer d’alimenter la mutation du marché du travail. Une transformation en profondeur est aussi indispensable dans le domaine de l’informatique et de l’intelligence artificielle. Il faut aider les travailleurs et tous les citoyens à utiliser les technologies de l’information dans tous les aspects de la vie, car elles ont une incidence sur notre qualité de vie. 

Chers amis,

je suis convaincue que, de la même manière que nous avons su exploiter les perspectives nouvelles par le passé, nous saurons, si nous engageons la transformation nécessaire, tirer tout le parti des enjeux de cette transformation. Une transformation qui, en définitive, est l’œuvre de l’humain lui-même. 

Cette nécessaire transformation débouchera sur davantage de travailleurs qualifiés dotés de compétences diversifiés et, par conséquent, sur une économie et un marché du travail plus inclusifs et une grande diversité d’emplois bien rémunérés. Et à la clé, une meilleure qualité de vie.

Nous devons penser nos choix et nos orientations de manière stratégique. Maintenant.
Nous devons anticiper les besoins du marché du travail. Maintenant.
Nous devons façonner l’avenir, puisse-t-il paraître lointain. Maintenant.
Nous devons entamer les transformations requises. Maintenant.

L’éducation aussi doit évoluer. Maintenant. L’enseignement doit préparer les jeunes à des emplois qui n’existent pas encore. Pour ce faire, il faut aider les enfants à développer davantage de compétences, à évoluer dans leur façon de réfléchir, d’analyser et d’évaluer, à penser de façon critique et stratégique, à prendre les décisions opportunes dans l’immédiat et pour le long terme, et à s’adapter aux réalités nouvelles, grâce au transfert de compétences, à la polyvalence et à la pluridisciplinarité. La génération de demain doit être plus créative et innovante dans tout ce qu’elle entreprend. 

Et il y a d’autres défis que nous devons relever. Lorsqu’il est question de prospérité des travailleurs, il n’est pas seulement question de prospérité financière et économique. La prospérité englobe aussi notre mode de vie, notre environnement, notre santé physique et mentale, la mobilité – il est temps de commencer à parler de mobilité plutôt que de transport ou de trafic uniquement; d’une mobilité plus rapide, par différents moyens et parfaitement sûre. Je suis convaincue que ces questions devraient aussi être au cœur des discussions des syndicats. Nous contribuons tous à l’élaboration des politiques qui sont menées. Nous y tenons certes des rôles différents, mais nous avons tous à cœur l’humain dans sa globalité. La santé mentale, l’environnement physique et l’économie ne peuvent être considérés isolément. La mobilité ne peut être envisagée indépendamment de l’emploi. Ces aspects sont tous interdépendants. Cette perspective est la seule qui nous permettra d’améliorer la qualité de vie de nos citoyens. 

Nous menons une action politique pour façonner l’avenir et réaliser des projets qui accroissent la prospérité dans une société inclusive qui reconnaisse la diversité et une société juste qui permette à tous de s’épanouir. C’est dans cet engagement que s’enracine ma volonté de poursuivre le dialogue avec vous. 

Notre espoir reste entier et, plus que jamais, il porte notre action dans l’intérêt de tous les travailleurs et de tous les citoyens.

Je vous remercie de votre attention.