L'Europe peut être fière des choix qu'elle a faits  

 

L'Europe peut être fière des choix qu'elle a faits  

Bruxelles  
 
 

S'adressant aux participants lors de la séance d'ouverture de la semaine parlementaire européenne, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a déclaré qu'il était possible de faire davantage pour soutenir l'Ukraine et aider les citoyens européens à faire face à la forte inflation, aux prix élevés de l'énergie et aux lourdes factures des ménages.

       

© Union européenne | Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen, aux côtés d’Andreas Norlén, président du Riksdag suédois 

Monsieur le président du Riksdag,
Monsieur le vice-président de la Commission, 
Chers invités, chers collègues,

C’est un plaisir pour moi de vous souhaiter la bienvenue à l’occasion de l’ouverture de l’édition 2023 de la semaine parlementaire européenne. 
Cela a fait un an, il y a trois jours, que Poutine a lancé son agression armée à grande échelle contre l’Ukraine indépendante et souveraine; un an que les Ukrainiens risquent leur vie avec courage pour protéger leur patrie et défendre nos valeurs; un an d’instabilité mondiale, alors que Poutine poursuit ses menées illégales et brutales.

L’année dernière, j’évoquais devant vous les retombées des crises sur nos économies et la réponse que nous y apportions. Quelques semaines seulement s’étaient écoulées depuis le début de la guerre en Ukraine, mais l’inflation et la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires faisaient déjà sentir leurs effets sur les citoyens et les entreprises de toute l’Europe. Mon propos visait à établir un parallèle entre notre réaction à la pandémie et celle qui allait nous être imposée par l’agression russe. Il s’agissait dans les deux cas de problèmes nécessitant une réponse européenne. Je croyais alors, et je n’ai pas changé d’avis, que les choix que nous allions faire au cours de cette guerre s’avéreraient décisifs pour les générations actuelles et futures de l’Europe.

Aujourd’hui, je tiens à vous dire combien je suis fière des choix que nous avons faits. Je sais que chacun de nous a été tenté de faire cavalier seul, mais nous n’avons pas cédé à cette tentation. Nous avons défié Poutine, nous avons prouvé aux cyniques qu’ils avaient tort et nous nous sommes serré les coudes comme jamais auparavant pour nous montrer solidaires de l’Ukraine et défendre nos valeurs. 

Dans ces moments, nous avons été honnêtes avec nos concitoyens et nous ne leur avons pas caché le prix qu’il leur faudrait payer. Néanmoins, nous sommes parvenus à trouver des solutions inédites pour protéger nos économies et nos sociétés des effets de la guerre. L’abandon des énergies russes - étape difficile, mais nécessaire - figure parmi les nombreuses décisions qui rendront notre Europe plus résiliente. 

Un an plus tard, loin de moi l’idée de sous-estimer la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons encore. Je suis malheureusement consciente que nous n’avons pas encore fait suffisamment d’efforts, tant pour l’Ukraine que pour nos citoyens. 

La guerre en Ukraine se poursuit. Nous ne pouvons pas permettre que la lassitude s’installe, car c’est justement ce que le Kremlin espère. Il entend en effet épuiser nos moyens et notre patience. Il nous faut encore renforcer notre soutien à l’Ukraine. 

Et nos citoyens ont eux aussi besoin d’être davantage soutenus. Le monde traverse en effet une période de turbulences: inflation élevée, augmentation des prix de l’énergie, industries en difficulté et factures douloureuses pour les ménages. Nous devons dès lors exploiter notre principal atout. 

Cette année, notre marché unique fête ses 30 ans. Ces trente dernières années, les perspectives pour les citoyens, les entreprises et les consommateurs ont été plus nombreuses que nous n’aurions jamais pu l’imaginer. Être le plus grand marché unique et démocratique au monde a renforcé notre position sur la scène internationale. Même à une époque où notre approche européenne est remise en question. Nous continuons de définir des normes de portée mondiale. Car notre modèle de société ouverte et de marché libre fonctionne. 

Nous pouvons nous appuyer sur ces fondations solides. Nous devons accélérer les investissements en Europe afin de remettre l’économie européenne sur les rails d’une croissance stable. Il y a deux ans, nous adoptions l’instrument «NextGenerationEU», une réponse de portée historique aux effets de la pandémie. Deux ans plus tard, cet instrument est aussi essentiel face aux conséquences de la guerre menée par Poutine. Le récent accord sur RePowerEU accélérera la transition écologique et renforcera l’autonomie stratégique de l’Union européenne. Et même après tout cela, NextGenerationEU pourra encore financer d’autres investissements et réformes de première importance. Nous avons simplement besoin de la volonté politique d’agir.

Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, les entreprises du secteur de l’énergie et de l’électricité ont annoncé des bénéfices records en 2022. Le moment est venu de remettre sur la table l’idée d’une taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises du secteur de l’énergie. 

Je sais qu’en septembre dernier, les États membres se sont mis d’accord sur une forme de taxe exceptionnelle, mais celle-ci ne commencera à s’appliquer que cette année et sa portée sera limitée. Sachant qu’une entreprise du secteur de l’énergie a engrangé à elle seule quelque 40 milliards d’euros de revenus supplémentaires, alors que les citoyens et les entreprises sont à l’agonie, trop nombreux sont ceux qui passent encore entre les mailles du filet. 

Selon les dernières prévisions, l’Union européenne sera en mesure de déployer plus d’énergies renouvelables au cours des cinq prochaines années qu’au cours des deux dernières décennies. Cette transition, nécessaire, n’est pas une menace, mais bien une chance. Je suis convaincue que l’Union européenne pourra dégager un avantage concurrentiel à l’échelle mondiale, sans trahir ses valeurs démocratiques et sans perdre de vue ses objectifs climatiques, en s’appuyant sur son cadre réglementaire unique. 

Pour ce faire, nous devons éviter la tentation de nous lancer dans une course au protectionnisme. Nous n’avons pas besoin de nous claquemurer. Si notre économie a pu se développer au fil du temps, c’est justement parce que nous avons défendu la position contraire. 

Notre approche européenne fonctionne.

Pour y parvenir, il nous faut à nouveau une réponse européenne audacieuse, coordonnée et unie – une relation que ce dialogue interparlementaire nourrit depuis des années.

Cette année, la semaine parlementaire européenne réunit 111 parlementaires, issus de 39 chambres de 29 pays européens. Je suis particulièrement touchée d’accueillir les représentants des parlements nationaux d’Ukraine, de Moldavie et de Bosnie-Herzégovine, y compris le président Denis Zvizdić, qui participent pour la première fois à cette rencontre en tant que représentants de pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne.

Permettez-moi également de profiter de cette occasion pour remercier nos collègues du Riksdag suédois, en particulier son président Andreas Norlén, d’avoir organisé cette importante conférence et de maintenir la coopération interparlementaire au premier rang de nos priorités. En échangeant des idées, nous apprendrons ensemble à trouver les solutions qui seront les meilleures pour tous nos concitoyens, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte.

Je vous souhaite à tous de nombreux débats constructifs et je me réjouis d’entendre les points de vue de tous les intervenants et collègues des différents parlements nationaux et de cette Assemblée.