L'Europe n'est pas parfaite, mais le Parlement européen est du côté de ceux qui veulent améliorer les choses, et non les détruire.  

 

L'Europe n'est pas parfaite, mais le Parlement européen est du côté de ceux qui veulent améliorer les choses, et non les détruire.  

Ljubljana  
 
 

S'adressant à l'Assemblée nationale de Slovénie, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a déclaré que l'existence d'une politique européenne commune ne signifiait pas l'existence d'une politique unique. "Notre tâche aujourd'hui est de continuer à mettre en œuvre et à améliorer notre projet, de corriger ce qui doit l'être et d'aider les citoyens à retrouver leur enthousiasme pour l'Europe.

       

Madame la Présidente Urška Klakočar Zupančič,
Mesdames et Messieurs les députés,
Chers Européennes et Européens, 

C’est un plaisir pour moi de revenir dans la magnifique Ljubljana. Je vous remercie de l’honneur que vous me faites en me conviant à m’exprimer dans cette éminente enceinte démocratique. Hvala.

La première chose que j’ai apprise sur l’Union européenne, c’est que la taille d’un État membre importe beaucoup moins que la pertinence des arguments qu’il fait valoir. Les idées ont plus de portée que la géographie. Et quel meilleur endroit pour insister là-dessus que la Slovénie! Un pays qui, même dans les moments les plus difficiles, contribue au premier chef à défendre nos valeurs communes, à répondre aux défis climatiques et à rapprocher la région des Balkans occidentaux de l’Union européenne. 

Il y a tout juste une semaine, le Conseil européen a pris la décision d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la Bosnie-Herzégovine. Ce n’était pas gagné d’avance! Mais nous y sommes parvenus, et c’est en grande partie à l’engagement de la Slovénie au cours des dix dernières années que nous le devons. 

Mesdames et Messieurs,

L’histoire de l’Europe est loin d’être un livre achevé, mais au cours des deux décennies de son appartenance à l’UE, la Slovénie a contribué de manière décisive aux chapitres qui nous ont vu monter en puissance. Des chapitres européens qui ont apporté plus de prospérité et de sécurité aux citoyens. Au sein de notre Europe, nous ne faisons pas de distinction entre États membres de longue date ou récents, ni entre «grands» et «petits» pays. Pour nous, chaque nation, chaque région, chaque personne a un rôle important à jouer.
En janvier 2022, lorsque j’ai pris mes fonctions, j’ai dit à quel point les citoyens de toute l’Europe attendaient du Parlement européen qu’il fasse office de moteur et de boussole. Je ne pouvais pas imaginer la brutalité avec laquelle nous serions bientôt mis à l’épreuve, lorsque, le 24 février 2022, les chars russes ont envahi un pays souverain et indépendant: l’Ukraine. 
Je suis fière que les députés au Parlement européen, les institutions de l’Union et les États membres aient fait preuve d’une unité sans précédent. Et je suis particulièrement reconnaissante à la Slovénie – à vous et à votre peuple – pour le soutien sans faille que vous apportez à l’Ukraine. Quelques semaines après l’invasion, les dirigeants slovènes étaient à Kiev. Vous avez fait preuve d’une fermeté qui a servi d’exemple au reste de l’Europe. 

Nous sommes conscients de ce qui se joue en Ukraine.

C’est pour cela que nous continuerons à condamner l’agression russe. Nous continuerons à imposer des sanctions à sa machine de guerre. Nous continuerons d’aider l’Ukraine à devenir membre de l’Union européenne. Nous continuerons à fournir une aide politique, économique, militaire, financière et humanitaire à l’Ukraine. Tout ceci, nous le ferons aussi longtemps que nécessaire. 

En effet, l’Europe est résolue à toujours défendre la paix. Mais, pour l’avoir appris dans la douleur, nous ne savons que trop bien qu’il ne peut y avoir de véritable paix sans dignité et sans justice.

C’est la même philosophie, le même souci d’humanité qui guident notre réaction à la situation au Proche-Orient et nos efforts pour faire face à la terrible catastrophe humanitaire à Gaza. C’est pour cela que le Parlement européen a été la première institution de l’Union européenne à demander un cessez-le-feu. Que nous avons toujours choisi de privilégier une approche humaine. Que nous continuerons de rappeler qu’il reste des otages et de demander qu’ils soient tous libérés, et que nous soulignons que le Hamas ne peut plus agir en toute impunité et ne représente pas les aspirations légitimes du peuple palestinien. Que nous appliquerons des sanctions aux colons extrémistes.

C’est ainsi que nous pourrons faire parvenir davantage d’aide à Gaza, sauver des vies innocentes et mettre en avant la nécessité de faire appliquer de toute urgence une solution à deux États qui offre de réelles perspectives aux Palestiniens, en leur accordant un État tout en garantissant la sécurité d’Israël. Une solution apportant une paix qui permette aux Palestiniens de décider pacifiquement et légitimement pour eux-mêmes, et qui garantisse une stabilité durable dans la région. C’est pourquoi nous saluons la résolution adoptée hier par le Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que le rôle-clé qu’a joué la Slovénie à cet égard. Et je me réjouis que mon propre pays se soit joint à vos efforts.

Mesdames et Messieurs, 

Certes, ces dernières années n’ont pas été faciles, mais comme le dit l’adage, «c’est dans les plus grandes fournaises que se forge l’acier le plus dur». C’est pourquoi je suis convaincue que l’Europe est plus forte qu’elle ne l’a été au cours des dernières décennies. Que nous sommes aujourd’hui plus résilients, plus déterminés et plus unis, à cause (et non en dépit) des défis auxquels nous avons été confrontés. 

Nous devons continuer sur le même rythme, même lorsque c’est difficile. Voilà pourquoi l’élargissement reste une priorité. Pour l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, la Bosnie-Herzégovine et les Balkans occidentaux. Pour nous tous. Car dans ce nouvel environnement géostratégique, notre meilleur investissement dans la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité de notre continent sera toujours une Union européenne élargie fondée sur des objectifs et critères clairs, ainsi que sur le mérite. Au cours de cette législature, nous sommes passés des paroles aux actes. 

Nous avons obtenu des résultats en matière de santé, de migration, d’intelligence artificielle, de double transition, de sécurité, de liberté des médias. Nous avons honoré nos obligations à travers le monde, défendu notre modèle européen, offert de vraies possibilités aux Européens de voyager, faire des études, travailler et créer des entreprises dans un vaste espace de liberté. Nous donnons aux citoyens, en particulier aux jeunes, la possibilité de développer leurs talents et de façonner leur avenir.

Dans notre espace européen commun, chacun devrait avoir toutes les chances d’exploiter pleinement son potentiel. 

L’idée européenne n’est pas d’imposer l’uniformité absolue. C’est une question qu’on me pose, où que j’aille. Je réponds que nous chérissons nos différentes coutumes, cultures, histoires et langues. Que c’est là notre force, et que nous ne devrions pas hésiter à le dire plus souvent.

Mesdames et Messieurs,

Je suis fière de ce que nous avons fait. De la volonté politique et de la solidarité dont nous avons fait preuve ensemble. Du travail accompli par mes collègues slovènes au Parlement européen. 

Toutefois, je ne prétendrai pas que l’Union européenne est parfaite. Elle ne l’est pas, et nous devons avoir l’honnêteté de le reconnaître. De dire que parfois nous sommes allés trop loin, sans toujours répondre aux besoins et aux attentes de nos entreprises, de nos agriculteurs et de nos jeunes. L’honnêteté aussi de reconnaître que parfois, à l’inverse, nous n’en avons pas fait assez. Que certains excès bureaucratiques ont pu éloigner les citoyens de nous.

Non, l’Union européenne ne prétend pas être parfaite. Mais elle reste la meilleure des garanties pour l’ensemble de nos citoyens. Peut-être, au fil des années, nous sommes-nous un peu trop habitués à un certain confort, peut-être avons-nous tenu pour tellement acquis et évidents les avantages de l’Europe que nous en avons oublié d’apprendre à nos enfants – qui ne se souviennent pas des luttes passées – qu’il vaut la peine de se battre pour elle. Un peu partout, nous constatons que la nouvelle génération est plus sceptique qu’auparavant, plus cynique vis-à-vis de la politique. Ces personnes sont plus solitaires, elles tiennent pour acquis les droits que protège l’Europe. Nous devons leur parler et nous devons les écouter davantage.

Lors des dernières élections au Parlement européen, trop peu de Slovènes ont voté. Et même s’il existe des signes plus encourageants aujourd’hui, je reste inquiète de constater qu’un trop grand nombre de personnes n’ont toujours pas le sentiment que leur voix compte, et doutent peut-être même qu’elle puisse leur permettre de façonner un avenir meilleur. 

Voilà le défi auquel nous sommes confrontés à quelques mois des élections au Parlement européen du 9 juin, lorsque le peuple slovène sera appelé à choisir ses neuf représentants au Parlement européen, soit un de plus que dans la législature actuelle.

C’est pourquoi je suis parmi vous aujourd’hui. En tant que Présidente du Parlement européen, et avec les députés – j’en aperçois quelques-uns dans l’hémicycle – nous nous sommes donné pour mission de faire éclater la bulle bruxelloise et de rapprocher l’Europe des citoyens que notre institution représente. 

Nous sommes ici pour travailler avec les parlements nationaux et renforcer cette relation; pour parler avec les citoyens, en particulier les jeunes, expliquer le fonctionnement de l’Europe, être plus attentifs aux besoins et obtenir des résultats plus rapidement. C’est ainsi que nous aiderons les citoyens à raviver leur enthousiasme pour l’Europe.

Ce serait une erreur de penser que tout ce que nous avons construit, tous les efforts déployés pour y parvenir, seraient simplement le fruit du hasard. Ces résultats sont le fruit de l’engagement de toutes celles et de tous ceux qui ont fait des sacrifices, qui y ont cru et qui se sont battus pour leurs convictions.

Ils récompensent les citoyens, et notamment les citoyens slovènes, qui sont allés voter. 

Et nous avons besoin de votre aide – de l’aide de chacune et de chacun d’entre vous – pour le rappeler à tous.

Je vous remercie de votre attention.