Je suis convaincue que la politique reste le meilleur agent de changement positif dans nos sociétés et nos communautés - La Présidente Metsola s'adresse à la session plénière du CESE 

 

"Au cours des prochains mois, le Parlement européen sera appelé à défendre l'Europe. Ce ne sera pas facile et ce ne sera pas simple non plus. Mais je suis convaincue que nous pouvons y parvenir et prouver que la politique reste le meilleur agent de changement positif dans nos sociétés et dans nos communautés". C'est ce qu'a déclaré la Présidente Metsola en s'adressant aux représentants des employeurs, des travailleurs et de la société civile lors de la session plénière du CESE.

Monsieur le président Röpke, cher Oliver,
Chers amis,
Chers collègues députés au Parlement européen,
Chers anciens députés au Parlement européen,
Je vois beaucoup de collègues, de visages familiers,

C’est un plaisir de se retrouver dans cet hémicycle pour la première fois depuis les élections européennes, de se retrouver alors que nous préparons la session constitutive du Parlement européen, la semaine prochaine à Strasbourg, et que nous entamons notre 10e législature.

Je vous souhaite la bienvenue à tous, ici à Bruxelles. Merci de m’avoir invitée à prendre la parole devant vous aujourd’hui. 
Il y a à peine un mois, les Européens ont été appelés à s’exprimer dans le cadre du plus grand exercice démocratique multinational au monde: les élections au Parlement européen. 

En élisant 720 nouveaux députés au Parlement européen, les citoyens nous ont envoyé un message clair sur ce qu’ils attendent de nous, c’est-à-dire de l’Europe. 

De grands défis nous attendent, le prochain mandat ne sera pas facile. Mais permettez-moi de le dire très franchement: c'est clairement à chacun d'entre nous qu’il incombe de prendre en compte ces messages électoraux et de les traduire en actions en faveur de l’Union européenne. 

Qu’il s’agisse de la défense de nos valeurs européennes communes; de l’urgence de montrer que l’Europe peut avoir une influence positive sur la vie des gens, de la nécessité de respecter nos engagements pour que notre continent continue de jouer dans le monde un rôle de premier plan en matière de droits, de sécurité, d’égalité, de durabilité, d’opportunités, de marchés compétitifs, sociaux, libres et équitables; d’un espace dans lequel nous pouvons rendre nos sociétés plus prospères. Les citoyens attendent des résultats. 

Comment pouvons-nous être à la hauteur de leurs attentes? En trouvant les réponses politiques et législatives qu’ils réclament. Parce que si nous ne le faisons pas, le risque est alors grand de voir nos citoyens se réfugier dans le confort facile proposé par les extrêmes. 

Au cours du prochain mandat, peut-être plus qu’à toute autre époque, ce Parlement – c’est‑à‑dire nous tous – sera appelé à défendre l’Europe. Ce sera difficile et exigeant.

Mais je suis convaincue que nous pouvons y arriver et prouver que la politique reste le meilleur moteur de changement positif au sein de nos sociétés et de nos populations. 

S’il y a bien une chose que j’ai apprise au cours de cette campagne, c’est que nous pouvons vraiment reprendre la main sur notre vision des choses. Nous pouvons susciter à nouveau cet enthousiasme pour l’Europe dont nous avons été témoins dans chacun des États membres pendant la campagne électorale – en particulier chez les jeunes électeurs, les électeurs qui ont voté pour la première fois. Ceux qui pensaient qu’aucun parti ne leur correspondait, qui ne s’identifiaient à aucun candidat, qui pensaient que le Parlement européen était très loin. 

La première image que nous avons vue dimanche soir, lorsque tous les résultats ont commencé à arriver, c’est que la majorité pro-européenne peut se maintenir. Et c’est cela qui devra nous guider ces prochaines années.

Pour ce faire, nous devons trouver des réponses qui soient collectives sur les questions de sécurité; pour garantir la compétitivité de l’Europe à l’échelle mondiale et sa croissance; achever l’union des marchés de capitaux et l’union bancaire; renforcer notre autonomie stratégique; lutter contre l’exclusion sociale, la pauvreté, la solitude; veiller à ce que nos politiques soient tout aussi efficaces pour les familles, les agriculteurs et l’industrie. Il s’agit de réfléchir à la façon dont nous pouvons traiter des questions que l’on n’a pas voulu, à l’échelon national ou depuis longtemps, traiter au niveau européen, par exemple le logement. S’il y a bien une chose qui ressort de l’expérience de chaque État membre, c’est le besoin urgent de logements plus accessibles dans l’ensemble de l’Union européenne. 

Ainsi, nous pourrons – et nous comptons sur vous en tant que partenaires pour y parvenir – donner à la prochaine génération l’espoir de disposer des conditions et des outils qui lui permettent de se développer dans nos sociétés, de prospérer, d’investir, de rester en Europe, d’être propriétaire et d’avoir les moyens d’acheter un logement. 

Au cours de ces derniers mois, nous avons voyagé d’un pays à l'autre pour demander aux gens ce qu’ils attendaient de nous et de la prochaine législature, en les invitant d’abord à voter, puis à nous dire ce qui était important pour eux. J’ai beaucoup de collègues ici – nous avons fait ce travail ensemble pendant la campagne –, et s’il y a bien une chose que nous avons comprise, c’est que nous devons vivement encourager ces personnes à ne pas prendre la démocratie pour acquise et les en convaincre. Et les engager fortement à aller voter. Maintenant qu'ils ont voté, c’est à nous de produire des résultats. 

En cette époque de désinformation, de populisme, de cynisme facile, la responsabilité incombe également à chacun d’entre nous, aux institutions démocratiques – au Parlement européen et au Comité économique et social européen – de répondre aux espoirs que les citoyens placent en nous et de démontrer que la démocratie est digne de leur confiance et de leur soutien. 

Pour cela, nous devons nous opposer à l’idée d’une politique identitaire, repousser l’idée du populisme et du nationalisme.

En tant qu’Européens, nous ne sommes pas tous les mêmes. En tant que collègues, vous le savez – et nous le savons tous bien dans cette Assemblée – nous n’avons pas les mêmes traditions, la même langue ni la même culture – mais la beauté de notre projet européen, c’est justement que notre force réside dans ces différences. Ce sont ces différences dans lesquelles les autocrates voient à tort des faiblesses. En réagissant à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nous leur avons apporté la preuve qu’ils avaient tort et nous continuerons à leur démontrer leur erreur.

Au bout du compte, lorsqu’on voit les résultats produits par ce Parlement et la façon dont il entend travailler, on se dit que la démocratie est toujours bien vivante en Europe. La démocratie, c’est l’idée qu’ensemble, nous pouvons tous être plus en sécurité. C’est une conviction, de la realpolitik. La démocratie est cet espoir qui a véritablement guidé le projet européen dès ses débuts, qui nous guide aujourd’hui et nous guidera à l’avenir.

Cette année, en plein cœur de la campagne pour les élections au Parlement européen, nous avons fêté le 20e anniversaire de l’adhésion de dix pays, dont le mien. Et ce qui nous unit tous, nous qui venons de ces dix pays, c’est l’effet transformateur de l’appartenance à l’Union sur la vie de générations d’Européens. Cela ne fait aucun doute. Même ceux qui en doutaient il y a 20 ans n’en doutent plus aujourd’hui. 

C’est pourquoi il est important que des amis venant des pays candidats soient présents ici. Nous avons également discuté de la question suivante: comment les rapprocher du Parlement européen afin de leur donner confiance. Tel est l’espoir que constitue l’adhésion à l’Union. L’élargissement est un processus gagnant-gagnant. Tant pour l’Europe que pour les pays qui sont candidats à l’adhésion. Et ce n’est pas qu’une question d’opportunités. C’est une question de protection, c’est une question de droits, il s’agit de garantir que ce que nous considérons comme acquis au titre de l’article 2 du traité ne sera pas remis en question. 

Nous parlons ici de droits opposables accordés aux citoyens, d’opportunités offertes à tous. Nous parlons du marché unique, que nous associons à notre politique de cohésion, ce qui renforce nos économies. L’Union européenne, ce n’est pas seulement une législation qu’il faut transposer. C’est beaucoup plus profond, plus large et plus vaste que cela.

Et depuis plus de 65 ans – c’est ce que nous avons rappelé lorsque nous avons signé l’accord de coopération entre le Parlement européen et le Comité économique et social européen – vous avez prouvé que c’était vrai. Vous et ceux qui étaient là avant et, sans aucun doute, ceux qui viendront après. Vous avez montré que vous jouiez un rôle clé dans le processus démocratique. Vous êtes l’organisme qui exprime les préoccupations des différentes organisations économiques, sociales, professionnelles et civiles qui composent la société dans tous nos États membres.  

Les employeurs, les travailleurs et la société civile sont essentiels pour la construction européenne, dans nos villes, grandes et petites, et nos régions. C’est là que l’Europe commence et c’est là que la démocratie agit.

Dans l’immédiat, nous sommes confrontés aux défis suivants: que faire pour qu’elle reste forte, comment la défendre des menaces extérieures, intérieures, mais aussi numériques; comment se battre pour elle et comment la faire vivre.

Alors que la polarisation s’accroît dans toute l’Europe, les bénéfices économiques et sociaux de l’Union ne peuvent être considérés comme acquis. Nous devons continuer à entendre les préoccupations de nos peuples, et être davantage à l’écoute. 

C’est cela «l’état de la démocratie en Europe». Une démocratie que nous ne cesserons de défendre. Et je suis très fière et heureuse que le Parlement européen puisse compter sur vous tous, chers membres du Comité économique et social européen, pour jouer votre rôle de défenseurs de la démocratie. 

Je vous remercie.