La Lettonie célèbre ses 100 ans du parlement 

 

A l'occasion du centenaire de la Saeima, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a été invitée à s'adresser au peuple letton. Dans son discours, elle a déclaré que l'Europe peut relever les défis de notre époque et des 100 prochaines années.

© Union européenne | La Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola,
prononce un discours devant la Saiema à Riga (Lettonie).

Madame la Présidente, chère Ināra,
Mesdames et Messieurs les députés,

Je tiens à commencer mon discours en vous disant merci. Paldies. À vous tous et à tous ceux que vous représentez. 

À mes yeux, la Lettonie sera toujours un symbole d’espoir, de transformation et de résilience, l’exemple d’un peuple et d’une nation sachant dépasser les obstacles, résister et jouer les premiers rôles. Sachant se libérer du carcan de l’histoire pour adhérer à l’Union européenne et façonner notre avenir commun. 

Le peuple letton incarne les qualités et les valeurs portées par l’Europe. 

L’année 2022 est celle d’un grand centenaire. Cette année, nous fêtons votre démocratie, le respect que vous portez à la dignité humaine et aux libertés, le choix que vous avez fait de prendre votre destin en main. 

Il y a cent ans, les délégués de la Saeima se réunissaient pour participer à la première séance du parlement de la République de Lettonie. Ensemble, assemblée librement élue, ils adoptèrent la constitution de la République de Lettonie.

En mai 1990, à Riga, après cinquante années d’occupation, le Conseil suprême letton libérait le pays de la tutelle de l’Union soviétique. L’État letton était rétabli, et avec lui la constitution de 1922. Pour y parvenir, il a fallu du cœur. Une conviction profonde et la force inébranlable des idées. 

Permettez-moi donc de rendre hommage à ces 138 parlementaires, hommes et femmes, et à l’extraordinaire courage avec lequel ils se sont dressés face à l’adversité. Ce même esprit, je le vois vivre aujourd’hui en Ukraine. Ce courage politique est celui qui doit nous animer alors que l’invasion inique, illégale et intolérable par la Russie d’un pays européen souverain entre dans une nouvelle phase. 

Soyons clairs: sous nos yeux, le Kremlin s’évertue à réécrire l’histoire, à reconstruire le rideau de fer, que les Lettons avaient contribué à briser, et à rétablir des sphères d’influence. 

Cela, je ne saurais l’admettre, pas plus que ne l’acceptera l’Union européenne. 

Nous n’avons pas perdu de temps pour adopter des batteries de sanctions d’une ampleur et d’une sévérité inédites contre la Russie et la Biélorussie. Nous avons aussi été prompts à restreindre leur accès aux marchés financiers de l’Union européenne. Nous avons pris des mesures pour réduire considérablement notre dépendance à l’égard de l’énergie russe. Nous avons fermé l’accès de nos eaux, de nos ports, de nos espaces aériens et de nos voies de circulation aux véhicules, appareils et navires de propriété russe. Nous avons donné notre feu vert à ce que l’Ukraine et la Moldavie se portent candidates à l’adhésion à l’Union européenne. Nous avons accueilli des Ukrainiens dans nos foyers et dans nos cœurs, et notre aide militaire, financière et humanitaire se poursuit. 

Nous sommes fiers d’être aux côtés de l’Ukraine, mais il nous faut aller encore plus loin.

Dans un de mes premiers discours de présidente du Parlement européen, j’ai promis que notre institution n’adopterait jamais une attitude de neutralité entre les incendiaires et les soldats du feu, et  nous devons continuer à aider l’Ukraine afin qu’elle soit victorieuse.

Pour ce faire, il nous faut mettre le régime russe devant ses responsabilités, pour ses crimes de guerre et pour sa violence aveugle qui tue des civils. Il nous faut aussi insister pour obtenir le durcissement des sanctions. Il nous faut renforcer la sécurité le long des frontières de la Lettonie. Il nous faut accroître encore plus notre aide financière et militaire à l’Ukraine, et notamment lui fournir les chars et les systèmes de défense aérienne dont elle a besoin. 

Enfin, il nous faut resserrer le maillage entre les trois pays baltes en menant à son terme le chantier prioritaire de la ligne à grande vitesse Rail Baltica, qui revêt désormais une importance capitale pour la sécurité en permettant de faciliter la mobilité militaire.

Car, on ne saurait le nier, au cours des huit derniers mois, le centre de gravité des décisions européennes en matière de sécurité et de défense s’est déplacé vers l’espace balte, avec en son milieu la Lettonie. 

Ceux à qui nous avons affaire, vous les connaissez bien. La Lettonie nous avait mis en garde il y a bien longtemps déjà contre la Russie. Elle ne s’était pas trompée. 

Et, mieux que beaucoup d’autres, vous savez que nous devons nous employer à faire triompher la paix – et nous n’y manquerons pas – mais une paix véritable. La paix dans la liberté. La paix dans la justice, la paix dans la responsabilité. 

Aujourd’hui, la Lettonie est en première ligne dans la bataille que l’Union mène contre la propagande du Kremlin et les menaces hybrides dont il use. 

À cet égard, l’expérience de la Lettonie et son autorité seront déterminantes pour la définition des prochaines mesures que l’Europe sera amenée à prendre. Tout d’abord, pour faire face aux grands périls qui menacent nos valeurs démocratiques de même que la prospérité et la paix de l’Union européenne. Ensemble, nous devons bâtir une véritable union de la sécurité et de la défense, qui viendra en complément de l’OTAN.

En Lettonie, une immense vague de solidarité a déferlé en faveur de l’Ukraine. La Lettonie montre aussi à l’Europe comment les responsables politiques et les citoyens peuvent faire front commun contre un pouvoir autocratique et sa violence. 

Et l’Union européenne doit faire preuve d’une plus grande solidarité. La crise de l’énergie et de l’économie, qui nous est commune, le commande en effet. L’Union européenne doit être unie dans l’action, face aux prix de l’énergie, aux ruptures de l’approvisionnement énergétique et à une inflation à deux chiffres. 

Car si nous nous dispersons aujourd’hui, ce sont les entreprises, les ménages et les citoyens de l’Union européenne qui en subiront les multiples conséquences, profondément atteints dans leur prospérité et leurs conditions de vie. D’ailleurs, nos banques et notre secteur financier sont d’ores et déjà sous pression. Et les taux d’intérêt en hausse rapide risquent de faire s’effondrer la valeur des biens immobiliers, des salaires et des pensions des Européens et des budgets nationaux.

Après la pandémie, notre économie a su se relever grâce à notre cadre de gouvernance économique et à l’instrument NextGenerationEU. Mais le remboursement de la dette n’est pas laissé à notre bon vouloir. C’est un impératif, et le seul moyen d’y parvenir, c’est de nous rassembler pour permettre à l’économie de l’Union de retrouver le chemin de la croissance stable. 
 
Chers amis,

Dans cette nouvelle époque qui s’ouvre devant nous, il faudra plus d’Europe et une intégration européenne plus poussée. En 2004, la Lettonie et neuf autres pays ont adhéré à l’Union européenne à l’occasion d’une journée mémorable. Depuis, nous avons pu constater combien l’adhésion a transformé nos marchés nationaux et notre tissu local, mais aussi l’Europe dans son ensemble. Ce changement, nous l’avons fait ensemble, et nous devons rester unis. 

À cet égard, les relations entre les parlements jouent un rôle essentiel et il importe de les renforcer. Je suis déterminée à resserrer les liens entre le Parlement européen et les parlements nationaux et je sais qu’ensemble, ces institutions peuvent accomplir tant de choses. 

L’avenir de l’Europe réside dans sa capacité à s’adapter de manière rapide, courageuse et unie. C’est pourquoi, pour moi, l’Europe a toujours été porteuse d’avenir. De changement. De possibilités. D’espoir.

Il y a quelques années, lors du Brexit, de nombreux responsables politiques de divers pays européens affirmaient qu’il valait mieux quitter l’Europe. Aujourd’hui, ce discours, on ne l’entend plus. Bien au contraire, la liste des pays qui veulent adhérer ne cesse de s’allonger. Ce qui les anime, c’est l’espoir en notre avenir européen commun. 

Car ce n’est qu’unis que les Européens pourront relever les défis de notre temps et ceux des cent prochaines années.

Je vous remercie de votre attention.

Paldies.