Le lauréat du Prix Daphne Caruana Galizia de journalisme 2024 est Lost in Europe, un projet de journalisme transfrontalier enquêtant sur la disparition de plus de 50 000 enfants migrants non accompagnés. Dans son discours, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a déclaré que le Parlement européen continuera à soutenir le journalisme d'investigation et à mettre en avant le travail essentiel du journalisme.
Chers lauréats et finalistes du prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme, Cher Matthew, Chères et chers collègues,
Cette cérémonie est un moment de notre calendrier annuel qui revêt une importance particulière pour le Parlement européen en tant qu’institution, mais qui me tient également à cœur à titre personnel. Je suis extrêmement fière que nous ayons créé ce prix et que la tradition se perpétue. C’est un prix qui compte pour notre assemblée ainsi que pour tous les journalistes menacés ou attaqués en Europe et dans le monde.
J’aurais préféré que les circonstances soient différentes; que ce prix porte un autre nom et que Daphne Caruana Galizia soit à nos côtés, ce soir, parmi les finalistes.
Sept longues années nous séparent de cet événement funeste, à Malte, qui a tout changé. Ce jour-là, nous avons compris qu’une menace pesait sur tout ce que nous avions de plus cher. Une menace dont Daphne nous avait prévenus, mais qui a été balayée du revers de la main. Une menace qui aurait dû être évidente tant Daphne a été déconsidérée, déshumanisée et prise pour cible; tant on l’a pointée du doigt plutôt que de la protéger.
L’assassinat de Daphne n’était pas un acte isolé, mais l’aboutissement de longues années d’attaques qui l’ont conduite à l’isolement. Nous avons essayé d’en tirer les leçons, modestement, en créant ce prix. C’est là notre façon de soutenir le journalisme d’investigation; d’attirer les projecteurs sur les journalistes et sur la réalité de leur quotidien; de souligner le caractère essentiel de leur travail; d’honorer la mémoire de celles et ceux que l’on tue en Ukraine, à Gaza et dans d’autres conflits à travers le monde; de faire en sorte que plus un seul journaliste ne soit jamais abandonné à son sort.
Créée en 2017, l’association Forbidden Stories a mené une campagne qui avait pour slogan «tuer le journaliste ne tuera pas l’histoire».
L’héritage laissé par Daphne Caruana Galizia et les répercussions qu’il a eues ces sept dernières années en sont la meilleure illustration possible. Des répercussions qui se font encore sentir à ce jour.
La voix de Daphne continue de nous accompagner. Grâce aux journalistes qui l’empêchent de s’éteindre; grâce à la société civile qui refuse de céder aux menaces; grâce à sa famille — à ses fils —, à qui elle a transmis tout son courage, toute sa ténacité et toute sa sagacité.
Ces sept dernières années ont prouvé que sa «plume est réellement plus forte que l’épée».
Cet adage s’applique aussi à la journaliste italienne Stefania Battistini, que j’ai rencontrée aujourd’hui et dont je souhaite également saluer le courage.
Mesdames et Messieurs,
Il s’agit là de la quatrième édition du prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme. Elle nous rappelle l’engagement du Parlement en faveur de la liberté de la presse, de son indépendance et de son pluralisme, qui sont des piliers essentiels de la démocratie. Elle est dédiée à tous les journalistes qui risquent leur vie et leurs moyens de subsistance au quotidien pour faire éclater la vérité, peu importe où elle se trouve et peu importe qui elle dérange; à toutes celles et à tous ceux qui ont perdu la vie ou qui vivent sous la menace en raison de leur profession.
Je saisis cette occasion pour remercier la vice-présidente Pina Picierno pour son travail concernant cette initiative, ainsi que mon compatriote, le député David Casa, qui s’est battu pendant longtemps pour Daphne et pour que ce prix voie le jour. Je tiens aussi à remercier tout particulièrement notre personnel et nos services, qui, comme chaque année, n’ont pas ménagé leurs efforts pour préparer cet événement.
J’adresse aussi mes remerciements et mes félicitations aux lauréats, aux finalistes et au jury de cette édition. Soyez assurés du soutien de cette assemblée, qui se tiendra toujours à vos côtés pour bâtir une Europe dans laquelle les journalistes peuvent travailler sans être intimidés, harcelés, violentés, voire assassinés.
Son engagement s’exprime à travers ses travaux législatifs, notamment le règlement sur la liberté des médias et la directive contre les poursuites-bâillons, que nous surnommons la «loi Daphne». En élaborant cette législation, le Parlement a fait figure de pionnier. Il met désormais tout en œuvre pour faire en sorte que son application à l’échelle de toute l’Europe entraîne des changements réels et durables.
Cela étant, la lutte pour la liberté de la presse ne s’achève pas avec l’adoption de textes législatifs. Il s’agit d’un combat permanent qui exige de notre part à toutes et à tous des efforts continus.
C’est pourquoi le prix que nous décernons aujourd’hui, qui célèbre la bravoure et le courage de journalistes à la recherche de la vérité, est primordial. Car lorsque des journalistes sont menacés et que la vérité est étouffée dans un seul endroit, c’est toute l’Europe qui y perd.
C’est pourquoi je vous remercie encore une fois pour tout ce que vous faites, chers finalistes, et donne à présent la parole à Madame Juliane Hielscher, membre du jury.
Je vous remercie.