Le Parlement européen s'engage à renforcer nos communautés et à lutter contre les inégalités historiques et intergénérationnelles 

 

Aujourd'hui à La Hulpe, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a signé la Déclaration de La Hulpe sur l'avenir de l'Europe sociale. Dans son discours, elle a déclaré que les prochaines étapes dépendront de notre capacité à stimuler la compétitivité de l'Europe grâce au bon fonctionnement du marché intérieur et à une productivité accrue fondée sur l'innovation, les compétences, la connaissance et l'équité. Une économie compétitive, durable et inclusive, dotée d'un niveau élevé d'emplois de qualité et de filets de sécurité sociale, constitue la base du modèle économique et social européen, qui contribue également à une meilleure convergence économique et sociale.

Madame la Présidente von der Leyen, chère Ursula,
Messieurs les vice-Premiers ministres Dermagne et Vandenbroucke,
Monsieur Letta,
Monsieur Röpke,
Monsieur le Commissaire,
Chers partenaires, 
Chers invités,

Permettez-moi tout d’abord de remercier Monsieur le Premier ministre De Croo et la présidence belge pour l’organisation de cette importante conférence. L’engagement fort auquel nous assistons aujourd’hui prouve que le progrès social a été, est et restera en tête des priorités dans nos travaux politiques et législatifs.

Les dernières années n’ont pas été faciles. La pandémie, l’invasion de l’Ukraine, la crise énergétique, la catastrophe humanitaire à Gaza, l’inflation et la perte de pouvoir d’achat, le tout sur fond d’urgence climatique, ont toutes eu des répercussions sur nos sociétés et sur notre capacité à faire progresser nos communautés et à lutter contre les inégalités historiques et intergénérationnelles.

Nous devons faire mieux. Notre Union doit œuvrer au service des citoyens. À une cinquantaine de jours des élections, nous devons le répéter haut et clair.

Aucun retour au statu quo n’est envisageable dans notre monde en mutation. Il nous faut donc bâtir une nouvelle Europe plus résiliente, qui s’articule autour de la solidarité interne. Une Europe qui s’appuie sur une économie innovante, durable et au service de tous, qui ne laisse personne de côté, qui permet à toutes nos communautés de libérer leur potentiel. 

Inutile pour ce faire de devoir trouver des compromis ou un équilibre entre compétitivité économique et progrès social. Notre modèle européen d’économie sociale de marché, unique en son genre, permet les deux. Si nous devons adopter de nouvelles technologies et des modèles de production innovants et tirer parti de la mondialisation, nous devons aussi veiller à ce que les citoyens aient accès à des emplois de qualité et aux droits sociaux et à ce qu’ils jouissent d’une vie digne. C’est ce qui fait que l’économie sociale de marché de l’Union est un modèle sur la scène mondiale. C’est la marque de l’Europe.

Bien entendu, cela ne signifie pas que nous n’avons jamais commis d’erreurs ni que nous ne pouvons pas aller plus loin. Ces derniers mois, avec de nombreux collègues députés européens, dont certains sont présents parmi nous aujourd’hui, nous nous sommes rendus dans les États membres pour écouter les préoccupations, les problèmes et les attentes des citoyens, en particulier des jeunes, dans la perspective des élections européennes de juin. 

Ils nous ont parlé de leurs difficultés à trouver des emplois de qualité et des logements abordables. Ils ont souligné le décalage qu’ils ressentent entre, d’une part, la législation que nous avons adoptée au Parlement européen sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et sur l’égalité entre les hommes et les femmes et, d’autre part, leur réalité quotidienne. Ils s’indignent que les femmes gagnent encore et toujours moins que les hommes pour le même travail. Ils sont outrés du fait que la vie des filles continue d’être plus difficile que celle des garçons. En de trop nombreux endroits, ils ont encore peur de dire qu’ils appartiennent à la communauté LGBTIQ.

Ils évoquent l’incidence de la pandémie sur leur santé mentale. Ils nous disent les difficultés que notre société numérique leur pose et nous parlent de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le monde du travail et de son influence sur la manière dont les communautés interagissent entre elles. Ils se demandent s’ils pourront un jour accéder à la propriété. Ils nous font part de leur profonde solitude, eux qui appartiennent à la génération la plus connectée qui ait jamais existé.

Ils ne demandent pas la lune. Ils demandent que l’Europe tienne sa promesse envers ses citoyens. Ce n’est pas une demande déraisonnable; ça ne saurait être un objectif inatteignable.

Nous avons rencontré de trop nombreuses familles dont les deux membres du couple travaillent, mais qui, malgré tout, ont encore du mal à boucler les fins de mois, des personnes qui ont passé des années à étudier ou à acquérir de nouvelles compétences, mais qui ne parviennent toujours pas à trouver un emploi de qualité, des parents, principalement des mères, qui se retrouvent dans une situation inextricable, car ils ne peuvent se permettre de travailler du fait qu’ils n’ont pas accès à des structures d’accueil adéquates. Nous avons discuté avec des retraités, qui s’inquiètent de la pauvreté croissante chez les personnes âgées et de la viabilité de nos systèmes de retraite. Pourtant, chacun et chacune a droit à la dignité.

Une personne sur cinq est menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale dans l’Union européenne. Dans chaque État membre, la proportion des femmes exposées à ce risque est plus élevée que celle des hommes. Il n’est donc pas surprenant que les Européens nous aient demandé, dans la dernière enquête Eurobaromètre, de faire de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale notre priorité. Tout porte à croire que, dans la prochaine enquête Eurobaromètre qui sera publiée demain, ces questions, ainsi que celle de la santé, restent au premier rang des préoccupations de nos citoyens.

Les manifestations des agriculteurs ont fourni un nouvel exemple criant des domaines dans lesquels nous n’avons pas été à la hauteur des besoins et des attentes de nos concitoyens d’un point de vue tant économique que social. Comme quelqu’un me l’a dit un jour: il y a toujours une goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les citoyens doivent avoir confiance dans nos politiques, dans les transitions que nous opérons, et ne pas se sentir lésés. Autrement, nous courons à l’échec. 

C’est ce que nous portons lorsque nous disons que la transition écologique doit non seulement être ambitieuse en matière de climat, mais aussi être juste. Elle doit être juste avec les États membres et les régions. Elle doit être juste avec les entreprises, l’industrie, les familles et les individus. Elle doit veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.

Et c’est là que le dialogue social, qui est non seulement une pierre angulaire de notre économie sociale de marché, mais aussi un élément essentiel de notre société démocratique, a un rôle crucial à jouer. Tant au niveau des États membres qu’au niveau européen, il permet une interaction constructive entre les pouvoirs publics, les employeurs et les syndicats, et facilite la recherche de consensus ainsi que la prise de décisions. Par le dialogue, différentes parties prenantes négocient les normes et conditions de travail et les mesures de protection sociale et contribuent ainsi à la promotion de sociétés équitables et inclusives. 

Pour que le dialogue social porte ses fruits, il est indispensable que les partenaires sociaux soient autonomes. Cette caractéristique essentielle est ce qui distinguera encore et toujours l’Europe de tous les autres acteurs mondiaux. C’est cette caractéristique qui garantira la résilience à long terme de l’économie sociale de marché de l’Europe. 

Des fondements solides existent déjà sous la forme d’un vaste cadre d’acquis social qui, tout en définissant les principes de base, aiguille, complète et coordonne les législations et les politiques des États membres. Il est essentiel de rappeler que la réalisation du socle européen des droits sociaux reste un engagement et une responsabilité politiques partagés. Il devrait être mis en œuvre au niveau de l’Union et au niveau des États membres dans le cadre de leurs compétences respectives, en tenant dûment compte des différents environnements socio économiques et de la diversité des systèmes nationaux, ainsi que du rôle des partenaires sociaux. 

Je suis fière de dire que le Parlement européen n’a jamais reculé face à ces décisions importantes. En effet, au cours de cette seule législature, nous sommes parvenus à adopter plusieurs textes législatifs novateurs dans le but de renforcer l’égalité socio économique, comme la directive relative à des salaires minimaux adéquats et les nouvelles règles en matière d’égalité de rémunération pour un même travail. La semaine prochaine, nous voterons sur le travail via une plateforme. Le Parlement européen s’est également consacré sans relâche à la lutte contre la pauvreté – en particulier la pauvreté des enfants – et à la promotion de l’intégration des personnes handicapées dans nos économies et nos sociétés. La carte européenne du handicap sera bientôt une réalité qui, bien que nécessaire et bienvenue, a malheureusement pris bien trop de temps à se concrétiser.

Le Parlement européen est conscient que si nous parvenons à renforcer les partenariats sociaux dans les États membres et au niveau de l’Union, nous investirons non seulement dans une économie résiliente et robuste qui soit au service de tous, mais nous pourrons également mettre fin à la nécessité de multiplier les tentatives de réglementation uniforme imposée verticalement. 

Mesdames, Messieurs,

Le cap que nous suivrons demain sera déterminé par notre capacité à stimuler la compétitivité européenne grâce à un marché intérieur performant et à une productivité accrue fondée sur l’innovation, les compétences, les connaissances et l’équité. Une économie compétitive, durable et inclusive, caractérisée par un niveau élevé d’emplois de qualité, associée à des filets de sécurité sociale, constitue le fondement du modèle économique et social européen, qui contribue également à une meilleure convergence économique et sociale. 

C’est ainsi que nous pourrons continuer à construire une économie européenne plus forte, tout en promouvant le bien-être des sociétés européennes et en renforçant la dimension sociale de l’Union européenne ainsi que le tissu de nos communautés. Aussi suis-je très heureuse d’être ici avec vous aujourd’hui et non seulement de m’engager en ce sens, mais également de concrétiser cet objectif.

Je vous remercie de votre attention.