Nous œuvrons à l'avenir de l'Europe 

 

S'adressant à un hémicycle bondé au Parlement européen à Bruxelles, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a évoqué l'importance des idées et des propositions faites par les citoyens lors de la conférence sur l'avenir de l'Europe. "Lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre les propositions de nos citoyens, aucune suggestion de changement ne doit être tabou. Quel que soit le processus requis pour y parvenir, nous devons l'adopter."

© Union européenne | Allocution de la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola,
à l’occasion de l’événement de suivi de la conférence sur l’avenir de l’Europe

C’est un honneur pour moi de vous accueillir ici, au Parlement européen. 

Vous vous en souviendrez, la cérémonie d’inauguration de la conférence sur l’avenir de l’Europe a eu lieu lors de la journée de l’Europe de 2021. À cette occasion, mon ami et prédécesseur David Sassoli a insisté pour que les conclusions de cet exercice historique fassent l’objet d’un suivi constructif de la part des trois institutions, chacune à son niveau de compétences. Il a dit, et je cite: «Cette vision de notre projet européen sera la boussole qui devra guider notre travail des dix prochaines années».

Chers Européens,

En tant que Présidente du Parlement européen, je suis fière de me tenir devant vous aujourd’hui et de pouvoir vous assurer que cette institution honore ses promesses. Nous avons été la première institution à donner suite à vos propositions en mai, puis en juin de cette année. Notre commission des affaires constitutionnelles travaille à l’élaboration d’un autre rapport, qui pourrait faire l’objet d’un vote dans les semaines à venir. Aujourd’hui, nous sommes réunis ici, dans cette Maison de la démocratie européenne, votre maison, pour faire le point sur ce que nous avons accompli.

Tout d’abord, permettez-moi de vous parler de mon expérience personnelle. J’ai été élue Présidente du Parlement européen en janvier de cette année. Depuis lors, j’ai rencontré dans le cadre de mes fonctions des centaines, voire des milliers, de personnes. J’ai rencontré des premiers ministres, des présidents, des responsables politiques et des citoyens de tous âges, originaires des 27 États membres. Dans toutes ces rencontres, il y a un sujet qui revient presque systématiquement: c’est l’avenir de l’Europe.

À chaque fois ou presque, mes interlocuteurs ont des questions sur la conférence et sur les propositions que beaucoup d’entre vous ici ont contribué à formuler. Ils me demandent ce que nous faisons pour renforcer les liens entre les citoyens et leurs représentants élus, et pour améliorer la transparence du processus décisionnel de l’Union. Une chose ne fait aucun doute: les citoyens veulent plus de démocratie européenne.

Ils s’intéressent aussi à la législation. Ils veulent en savoir plus sur le changement climatique et l’environnement, sur l’économie circulaire, l’interdiction des plastiques à usage unique, les trains à grande vitesse et les trains de nuit ou sur la réduction de notre dépendance à l’égard des importations de pétrole et de gaz.

Ils me parlent des répercussions de la pandémie sur leur vie et m’interrogent sur l’union européenne de la santé, sur la santé mentale et sur l’échange transfrontière de données de santé.

Les citoyens réclament une économie plus forte, plus de justice sociale et plus d’emploi; ils veulent savoir en quoi la transition numérique, la directive sur le temps de travail, la garantie pour la jeunesse et les politiques fiscales qui soutiennent l’industrie européenne peuvent nous aider à atteindre ces objectifs.

Ils me parlent aussi de la question migratoire et de la nécessité de réviser notre régime d’asile commun, une solution pour pouvoir faire preuve de justice et d’humanité vis-à-vis de ceux qui demandent une protection, de fermeté vis-à-vis de ceux qui ne peuvent pas y prétendre et de sévérité vis-à-vis des trafiquants qui exploitent certaines des personnes les plus vulnérables de notre planète.

Ils m’interrogent sur le rôle des jeunes dans la construction de l’avenir de l’Europe. Ils me posent des questions sur l’apprentissage tout au long de la vie, l’octroi du droit de vote dès 16 ans ou le sport, sur l’examen de la législation par les jeunes, sur l’inclusion et sur l’égalité entre les hommes et les femmes.

Les gens que je rencontre sont préoccupés quant au rôle de l’Europe sur la scène internationale, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine, vu ses implications évidentes pour notre démocratie.

Ils me posent des questions sur la sécurité et la défense de notre Union, sur les mesures de cybersécurité et sur la protection de nos valeurs – la liberté, la démocratie et l’état de droit –, ou encore sur les mesures visant à soutenir une presse pluraliste, libre et indépendante.

Heureusement, bon nombre des ingrédients nécessaires à la mise en œuvre de vos propositions sont déjà en place. À ce propos, permettez-moi de vous dire combien je suis heureuse de constater que bon nombre des propositions législatives figurant dans le programme de travail de la Commission pour 2023 font suite aux propositions de la conférence. Comme l’histoire l’a montré, même encore récemment, le Parlement européen est prêt à assumer son rôle de colégislateur et à agir avec promptitude et efficacité, dans l’intérêt des 450 millions d’électeurs européens qu’il représente.

Je répéterai ce que j’ai dit en mai dernier: lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre les changements que réclament nos citoyens, aucune proposition ne saurait être exclue. Toutes les démarches pouvant nous permettre de parvenir à bon port méritent d’être envisagées, même si cela passe par une convention. La Commission est également présente ici aujourd’hui et je sais qu’elle partage les engagements qui ont été pris.

Notre objectif doit être d’améliorer et de réformer nos systèmes. Aucune piste ne devrait être exclue, pas même une modification du traité, car, oui, aller de l’avant demande du courage.

Mes chers amis,

Lorsque je vous vois tous ici, assis dans cet hémicycle, à l’endroit même où vos représentants élus votent sur la législation, je ne peux m’empêcher de penser au caractère participatif de cette conférence sur l’avenir de l’Europe et à l’importance qu’il revêt. De toute évidence, le dialogue entre les citoyens et les décideurs a joué un rôle essentiel dans cet exercice. Et cela ne devrait pas constituer une exception.

C’est sur ce point que le Parlement européen, fort de ses 705 députés élus au suffrage direct, a encore des progrès à faire.

Permettez-moi de vous raconter l’échange que j’ai eu récemment avec une jeune fille.

Dès le début de notre conversation, j’ai remarqué qu’elle avait beaucoup de bonnes idées sur la manière dont l’Union européenne peut améliorer la situation des personnes qui vivent dans sa région. Je lui ai conseillé d’écrire à l’un des députés qui la représentent au Parlement européen. Elle m’a dit: «Ah bon, on peut faire cela?»

On a parfois l’impression que les contacts entre les citoyens et leurs représentants élus se limitent à des commentaires ou des mentions «J’aime» sur les réseaux sociaux. Bien entendu, nous ne pouvons pas obliger les citoyens à dialoguer avec leurs représentants élus, mais nous pouvons faire davantage pour les inciter à le faire en leur disant que:

Oui, ils peuvent écrire à leurs députés.

Oui, ils peuvent leur proposer de nouvelles idées.

Oui, ils peuvent recommander de nouvelles propositions.

D’ailleurs, non seulement ils le peuvent, mais ils devraient le faire. Parce qu’il en va de notre responsabilité. Ce sera pour nous l’occasion de montrer en 2024 que, ce que vous nous avez dit en 2019, nous l’avons écouté et compris, et que nous avons agi en conséquence.

Le Parlement européen ne se trouve pas uniquement ici, dans ces bâtiments; il est présent dans toutes les villes et tous les villages de notre Union. 

La conférence sur l’avenir de l’Europe et les 49 propositions que vous nous avez présentées le 9 mai ne sont pas une fin en soi. Cette conférence n’avait rien d’un exercice ponctuel pour l’Union européenne. Vos propositions ne constituent pas une liste avec des cases que nous devons cocher pour pouvoir clore une fois pour toutes cette conférence sur l’avenir de l’Europe.

Parce qu’en fin de compte, il s’agissait de préparer notre Union pour l’avenir, que ce soit demain, la semaine prochaine, l’année prochaine ou dans dix ans. Et l’avenir n’a pas de date de fin. Notre Union ne cessera jamais de croître et d’évoluer. Ce qui fonctionne dans l’Union des 27 ne fonctionnera pas dans une Union à 33 ou à 36. L’Ukraine, la Moldavie, les Balkans occidentaux et la Géorgie se préparent à nous rejoindre, et nous devons nous préparer à les accueillir.

L’avenir se construit jour après jour, tout comme le fait notre Union.

Comme l’a déclaré Robert Schuman, «L’Europe ne se fera pas d’un coup». Et je dirais même qu’elle ne sera jamais achevée. Elle évolue et se développe chaque fois que nous surmontons un obstacle, chaque fois que nous empruntons un nouveau chemin, chaque fois que nous légiférons pour rendre notre espace partagé un peu plus sûr, un peu plus juste, un peu plus équitable.

En tant que Présidente du Parlement européen, je peux vous promettre que nous continuerons à travailler tant que nous pourrons dire que ce projet est encore meilleur qu’il ne l’est aujourd’hui.

Merci beaucoup.