Nous sommes dans un moment décisif pour l'Europe - la présidente Metsola s'adresse au CESE 

 

S'adressant à la session plénière du Comité économique et social européen, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a insisté sur l'importance de la compétitivité de l'Europe. "Nous devons renouer avec la croissance et réduire nos dépendances", a-t-elle déclaré.

© Union européenne | Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen, prend la parole lors
de la session plénière du Comité économique et social européen

Madame la Présidente,
Chers membres,

Je souhaiterais tout d’abord revenir sur le dernier point de votre introduction, lorsque vous faites observer que nous sommes à un moment décisif, car nous nous efforçons d’apporter des réponses durant de tels moments depuis le tout début de notre mandat législatif, en 2019. Nous avons dû apporter une réponse aux défis posés pendant la pandémie, et nous avons dû apporter une réponse lors de ces moments décisifs au début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il y a onze mois. Et en ce début d’année 2023, nous devons continuer à apporter des réponses, non seulement par notre travail de réforme du parlement – réforme immédiate, et à moyen et long terme – mais également parce que nous devons convaincre chaque jour que l’Europe est importante, que voter lors des élections européennes est important, que le choix de vos représentants et le résultat de ce choix sont importants.

En Ukraine, les combats violents et les massacres se poursuivent depuis l’invasion illégale de l’Ukraine, pays souverain, par la Russie. 

La semaine dernière, nous avons appris avec tristesse que le ministre ukrainien de l’intérieur, son premier adjoint, le secrétaire d’État du ministère et treize autres victimes ont perdu la vie lors de la chute de leur hélicoptère. 

Alors que les nations européennes se préparent à envoyer un plus grand nombre de chars à l’Ukraine pour l’aider à libérer davantage de territoires des forces russes, des explosions terrifiantes, constantes et incessantes frappent aujourd’hui le Donbass. Et sans relâche, l’Ukraine lutte pour la démocratie, la liberté et la justice. Et lutte également pour nous tous. 

La mobilisation sans précédent des membres de l’Union européenne a permis de fournir une aide financière, humanitaire, macrofinancière et militaire à l’Ukraine. Nous avons adopté neuf trains de sanctions sévères contre Poutine et les personnes responsables de ces horreurs. 

Nous avons accordé à la Moldavie et à l’Ukraine le statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union.
 
Le Parlement européen soutient les appels en faveur de la création d’un tribunal international ad hoc afin que les États finançant le terrorisme répondent de leurs crimes de guerre et de leurs crimes d’agression.

Pour donner de l’espoir au peuple ukrainien, le Parlement a également lancé la campagne «Générateurs d’espoir». Grâce à cette campagne, nous avons réussi à obtenir des centaines de générateurs de différentes tailles et puissances de la part de plusieurs villes et régions européennes. Car après onze mois de conflit, les Européens continuent chaque jour à vouloir aider leurs frères et sœurs ukrainiens à traverser cette épreuve.

La guerre a également provoqué une crise énergétique qui, à son tour, exerce non seulement une pression énorme sur les ménages, mais constitue aussi un facteur d’inflation. 

Les membres de l’Union européenne sont alors convenus d’une réponse de l’UE commune, dont nous devons nous inspirer lors de nos discours et lorsque nous réfléchissons à notre travail quotidien.

Cette réponse concerne notamment le règlement relatif au stockage du gaz, la réduction de la consommation de gaz et d’électricité et l’annonce d’achats communs de gaz, qui ont contribué à apaiser les marchés et à faire baisser les prix de l’énergie. 

Les prix de l’énergie et l’inflation auraient atteint des niveaux bien plus élevés si les États membres et les institutions de l’UE ne s’étaient pas autant réunis – plus que jamais en 2022 que dans toute l’histoire de l’Union – pour examiner nos divergences ainsi que nos réalités et trouver des solutions.
 
L’Eurobaromètre indique que la vaste majorité des citoyens européens soutiennent nos actions. Mais nous ne sommes pas encore au bout de nos peines.

Je crois fermement qu’à terme, nous en sortirons plus forts. Cependant, les gouvernements, les entreprises, les parties prenantes, l’industrie, et aussi des institutions et organes européens devront fournir beaucoup d’efforts.

Notre priorité absolue aujourd’hui demeure la compétitivité de l’Europe. Nous devons veiller à ce que le pacte vert et la transition numérique se poursuivent résolument. Nous devons renouer avec la croissance et réduire nos dépendances.

L’instrument NextGenerationEU et la facilité pour la reprise et la résilience aideront les ménages et les industries à surmonter ce qui est essentiellement une sévère turbulence économique. 

Nous pouvons également affirmer que l’instrument NextGenerationEU dispose toujours de fonds, des fonds qui existent et qui sont disponibles. Nous devons le dire et nous devons nous pencher sur la question de leur utilisation et choisir où les attribuer.

Le Parlement a accompli sa part du travail. Nous avons rapidement adopté une position concernant le plan RePowerEU, qui permet aux États membres de profiter des fonds de NextGenerationEU, dès lors que ces fonds sont investis dans les énergies renouvelables, ce qui, par voie de conséquence, facilitera la transition énergétique tout en stimulant la croissance. 

Il convient de reconnaître que l’Europe dispose d’un grand pouvoir d’influence, mais que nous devons l’exploiter davantage. Les États membres de l’Union européenne représentent le plus grand marché unique au monde. Notre base économique est forte. Il faut maintenant que nous nous servions de notre puissance macroéconomique comme d’un atout. 

Les parties prenantes du Comité économique et social européen sont à l’avant-garde de la mise en œuvre des plans nationaux pour la reprise et la résilience. Le succès et l’efficacité de notre plan de relance dépendent d’eux, de nous, de vous.

Voilà pourquoi le Parlement européen a maintes fois indiqué à la Commission et au Conseil qu’il était important de placer les parties prenantes régionales et locales pour la reprise et la résilience au centre de nos efforts.

En effet, la responsabilité et la légitimité démocratiques sont d’une importance primordiale. Elles font partie de nos prises de décisions et de notre façon de communiquer, et influencent aussi nos discours, qu’il s’agisse d’élections locales, régionales, nationales ou européennes, pour indiquer ce qui a été concrètement réalisé au niveau européen et revêt une importance pour tous.

Si nous regardons derrière nous, nous constatons que la guerre change tout. Même la manière dont les institutions et organes européens coopèrent. 

À l’avenir, il est impératif que les Européens – quelle que soit l’enceinte dans laquelle nous œuvrons – restent unis, et que tous nos organes directeurs, à tous les niveaux, travaillent ensemble dans un bon esprit d’équipe.

Le dialogue social et territorial avec les partenaires sociaux et la société civile a toujours représenté une pierre angulaire du fonctionnement de notre Union.

Nous pouvons constater que la relation entre le Parlement européen et le Comité économique et social européen a évolué de façon spectaculaire depuis 1957, notamment sur la manière dont notre partenariat constructif et consultatif est présenté, non seulement du point de vue de la précision dans les traités, mais également concernant vos recommandations législatives, qui ont par exemple été particulièrement appréciées par les députés au Parlement pour les transitions écologique et numérique, lorsqu’il a fallu accorder ensemble le résultat final des trilogues à la fin de l’année dernière. Cette relation restera essentielle à nos travaux pour ce début d’année sous la présidence suédoise actuelle et durant les prochaines présidences espagnole et belge. 
 
Le Parlement européen doit continuer à prendre en considération la contribution légitime et décisive du CESE au cours des prochaines années, car celle-ci peut permettre au parlement d’optimiser son propre mandat législatif.

Nous sommes à l’écoute de toute contribution intéressante reçue. Soyez assurés que nous continuerons à travailler de la sorte avec de nombreuses commissions et en interne sur différentes propositions législatives, vous pouvez compter sur mon soutien à ce sujet. 

Je tiens à ajouter que grâce à l’amélioration de l’accès entre le bâtiment Stephan Zweig du Parlement européen et le bâtiment du Comité économique et social européen – et je remercie nos équipes de gestion des bâtiments pour ce travail – nous sommes désormais réellement réunis. Nous devons redoubler d’efforts afin de travailler ensemble pour aboutir à des propositions concrètes.

Je vous remercie de votre attention.