Aujourd'hui, le Parlement européen a accueilli le Sommet des femmes politiques à Bruxelles. S'adressant aux participants, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a déclaré que les femmes leaders politiques d'aujourd'hui doivent être des multiplicateurs et des moteurs du leadership auprès des femmes, à l'avenir. Elle a également remercié Sviatlana Tshikhanouskaya, qui est devenue la personnification mondiale d'un Belarus libre et démocratique.
Chères amies, Chères dirigeantes,
Dix ans après le sommet inaugural des femmes dirigeantes politiques au Parlement européen, nous voici de retour ici, au cœur de l’Europe.
Il reste encore beaucoup à faire pour encourager les femmes et les jeunes filles dans le monde entier à jouer un rôle moteur. À devenir des forces du changement. À aider d’autres femmes à s’affirmer.
Quel meilleur exemple de leadership féminin, remarquable et courageux, exercé sous une pression inimaginable, que celui de Svetlana Tikhanovskaïa? Svetlana a été une source d’inspiration. Elle a pris ses responsabilités. Elle a résisté. Elle incarne désormais aux yeux du monde une Biélorussie libre et démocratique. Et n’en doutez pas: le temps des dictateurs va prendre fin. La Biélorussie sera libre, et quand ce jour viendra, ce sera grâce à des femmes comme Svetlana et comme Maria Kolesnikova, qui est détenue illégalement depuis plus de mille jours déjà.
Nous resterons à leurs côtés.
Il est vrai cependant que malgré ces personnalités exemplaires, malgré leur leadership, il reste trop d’obstacles. Trop de plafonds de verre qui perdurent. Pas seulement en politique d'ailleurs, mais dans tous les domaines. Trop de parcours de carrière restent bloqués.
Je suis fière du travail que le Parlement européen a accompli pour faire changer les choses. Pour continuer à fissurer ce plafond auparavant invulnérable. Pour changer la destinée d’un si grand nombre de femmes.
En dépit des difficultés, les femmes exerçant des fonctions dirigeantes ont changé le monde. Femmes dans les entreprises, femmes dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques, femmes dans l’éducation, femmes dans le monde des arts et femmes journalistes: toutes, elles ont fait tomber des obstacles et relégué les tabous aux poubelles de l’histoire. Nous devons le souligner davantage. Nous devons continuer à redoubler d’efforts pour rendre plus visible l’apport des femmes à la société.
Ce message de leadership féminin que nous avons toutes reçu, nous devons le transmettre de manière décuplée. Aujourd’hui, les dirigeantes politiques doivent être des multiplicatrices et motiver de plus en plus de femmes à jouer un rôle de premier plan. Nous ne le disons pas assez et nous n'agissons pas assez en conséquence.
Je ne serais pas devant vous aujourd’hui sans les femmes de mon pays qui se sont battues et qui m’ont ouvert la voie. Et je veux les en remercier en faisant à mon tour avancer les choses. Chaque fois que nous trébuchons sur notre parcours – et cela nous arrive à toutes, tant en politique que dans la vie – d’autres femmes nous aident à nous redresser, qui ont déjà vécu ce que nous sommes en train de traverser.
C’est là le sens de l’appel que je lance aux jeunes filles de toute l’Union européenne à chaque fois que je m’adresse à elles: nous devons nous tirer mutuellement vers le haut.
Je me rends dans de nombreux pays et je parle aux jeunes. Nous sommes à un an des élections européennes. À chaque déplacement, on me pose la même question: «Que me conseillez-vous, comment dois-je m’y prendre, moi qui ai peur d’entrer en politique?». C’est difficile, en particulier pour les femmes et les jeunes filles, qui doivent se battre pour avoir voix au chapitre. Ma réponse est qu’il n’est pas facile d’entrer dans l’arène politique. Et quand on est une femme, c'est encore plus compliqué.
J’ai eu la chance de grandir dans un environnement où j’entendais sans cesse: si on travaille dur, qu’on le veut vraiment et qu’on est prêt à gravir des montagnes, alors rien ne peut nous arrêter, ni notre genre, ni notre âge, ni nos origines. Mais le chemin est plus dur que ce qu’il devrait être. Trop de femmes en sont encore écartées.
Or nous ne pouvons tolérer la mise à l’écart des femmes, car nous risquons de passer à côté d’un grand nombre d’excellentes candidates qui pourraient contribuer à faire advenir d’énormes changements dans la société. Cette évolution dépend des partis politiques, de la législation, mais surtout des changements sociétaux que nous devons imposer. Elle dépend des femmes dont le parcours exemplaire nous inspire.
Nous pouvons nous réjouir de nous retrouver présentes en nombre dans cette salle, de voir des femmes toujours plus nombreuses se présenter aux élections et assumer de hautes responsabilités, mais il reste encore beaucoup à faire. Il nous faut faire changer les mentalités en profondeur dans tous les pays pour aller vers une plus grande inclusion. Pour que davantage de femmes se présentent aux élections et soient élues.
Je suis fière de l’adoption – enfin! – de la directive sur la représentation des femmes dans les conseils d’administration en novembre dernier. C’est une vraie avancée en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la société européenne. Il a fallu près d’une décennie pour concrétiser ce qui aurait dû être une évidence.
Soyons fières également de tout ce que le Parlement européen met en œuvre pour que le principe «à travail égal, salaire égal» devienne réalité. Les employeurs devront faire preuve d’une plus grande transparence en ce qui concerne l’écart de rémunération entre celles et ceux qui travaillent, afin de le combler. Parfois on s’entend répondre, un peu vite, que cet écart a bien été comblé ici ou là, mais il ne faut pas perdre de vue les questions concrètes:
À quelles difficultés se heurtent encore les femmes pour faire carrière après avoir eu des enfants? À quel point les choses se sont-elles compliquées depuis la pandémie, lorsque, partout dans le monde, ce sont les femmes qui ont assumé le rôle d'aidantes, tant pour nos aînés que pour les jeunes générations? Les effets de cette situation se feront encore sentir pendant les années à venir, non seulement en matière de santé mentale, mais aussi d’un point de vue économique et sociétal. Il est de notre devoir de le souligner. Personne ne le fera à notre place.
Ce sont les femmes parlementaires de cette assemblée qui ont veillé à ce que ces négociations difficiles en faveur de l’égalité aboutissent, pour faire en sorte que peu à peu, notre monde devienne un peu plus juste et un peu plus équitable.
Nous pouvons parvenir à l’égalité, et des événements comme celui d’aujourd’hui y contribuent de manière capitale. Merci d'avoir organisé ce sommet. Merci de l’inspiration que vous nous donnez. Continuons à travailler ensemble.