Nous sommes unis pour défendre la démocratie et l'État de droit 

 

Dans son allocution lors de la Conférence des présidents des parlements de l’Union européenne, Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen, a évoqué l’importance d’être unis dans la défense des valeurs communes que sont la démocratie et l’état de droit. En plus de faire référence à la guerre en Ukraine, la Présidente Metsola a souligné l’importance de disposer d’un Parlement européen ouvert et opérationnel, même pendant la pandémie de COVID-19.

© Union européenne | Roberta Metsola, Présidente du Parlement européen, s’adressant à la Conférence des présidents des parlements de l’Union européenne à Brdo (Slovénie)

Merci, la Slovénie, de nous accueillir aujourd’hui et demain. Félicitations pour votre présidence du Conseil de l’Union européenne, qui a été couronnée de succès et qui témoigne de votre capacité à diriger et à façonner le débat au niveau européen. 

C’est pour moi un honneur de m’adresser à vous aujourd’hui en sachant que nous sommes unis dans la défense de la démocratie et de l’état de droit, valeurs que nous partageons.

Tragiquement, cela fait maintenant plus de quatre semaines que la guerre a fait son retour en Europe et que les bombardements ordonnés par le président Poutine continuent de faire voler en éclats des vies et des rêves, de réduire à l’état de ruines les villes et les routes ukrainiennes, de tuer les civils par milliers, d’en blesser davantage, de meurtrir la société ukrainienne et de forcer des millions de personnes à fuir le pays pour trouver refuge ailleurs.
 
Au-delà de la destruction de l’Ukraine, l’invasion par la Russie d’un État souverain fait partie de la tentative du Kremlin de déstabiliser l’Europe et l’ordre mondial fondé sur des règles. Nous ne le laisserons toutefois pas continuer sur cette voie en toute quiétude. Les auteurs de crimes de guerre seront tenus de rendre des comptes devant notre Cour pénale internationale.
 
Dans le même temps, nous assistons à un bouleversement de la politique de sécurité et de défense de l’Union européenne. Le Parlement européen est d’ailleurs prêt à mobiliser ses pouvoirs législatifs et budgétaires pour permettre la création rapide, le moment venu, d’une véritable Union de la sécurité et de la défense.
 
Le peuple ukrainien montre au monde entier que nul acte d’agression ou de terreur ne saurait l’intimider. Les Ukrainiens nous montrent ce que sont la bravoure et la résistance face à l’autocratie.
 
C’est pourquoi, outre l’aide financière, médicale et militaire que nous pouvons apporter, il est si important que nous reconnaissions la perspective européenne de l’Ukraine. Il est de plus essentiel que le Parlement européen soutienne l’aspiration de l’Ukraine à être candidate à l’adhésion.
 
La semaine dernière, faisant suite au discours historique adressé par le président Zelensky au Parlement européen le 1er mars, je me suis adressée au Parlement ukrainien pour réaffirmer le soutien sans faille de l’Union européenne à l’Ukraine. L’Europe défend un mode de vie fondé sur la liberté et la démocratie, et il ne fait aucun doute que les Ukrainiens font partie de cette Europe.
 
C’est la raison pour laquelle, alors que l’Ukraine est en guerre, le Parlement européen est en contact étroit et permanent avec la Verkhovna Rada. Nous menons régulièrement des discussions bilatérales avec Rouslan Stefanchouk, président de la Rada, et procédons également à de nombreux échanges multilatéraux.
 
Le Parlement européen se tient aussi aux côtés de la Rada pour protéger la démocratie parlementaire de façon concrète.
 
Ensemble, nous avons mis au point un espace web bilingue, EP-RADA, pour donner à la voix démocratique de l’Ukraine une présence en ligne et contribuer au partage de contenus, afin que le monde puisse entendre la voix de la Rada. Nous avons envoyé du matériel informatique essentiel à Kiev. Nous avons également créé la plateforme pour la société civile ukrainienne dans nos locaux, au cœur de Bruxelles, afin de permettre aux communautés civiles ukrainiennes en exil de faire leur travail. Elles traitent une quantité considérable de demandes d’aide et de soutien, tant sur le plan politique que logistique. 

Nous nous sommes adressés à 160 parlements de tous les continents afin de soutenir l’appel de l’Ukraine à la démocratie. Nous sommes aussi attentifs aux résistants de Russie qui condamnent ouvertement la guerre malgré la répression.
 
Nous suivons par ailleurs de près la situation dans les pays voisins: dans les Balkans occidentaux, en Géorgie et en particulier en Moldavie, pour laquelle le Parlement européen a approuvé la semaine dernière une aide financière supplémentaire de 150 millions d’euros. Nous devons agir avec détermination pour offrir à ces pays et à leurs dirigeants, qui mènent la guerre de l’Europe, de la clarté et de l’espoir quant à leur perspective d’adhésion à l’Union européenne.
 
Près de 3,6 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur pays en proie à la guerre, et la générosité dont les citoyens européens font preuve pour accueillir les Ukrainiens en fuite fait chaud au cœur.

Les citoyens européens ordinaires ouvrent leur foyer, mais aussi leur cœur. Je suis fière de constater que tant de parlements ont pris la défense de l’Ukraine. C’est la preuve que nos démocraties parlementaires fonctionnent correctement.
 
Ces deux dernières années, dans le contexte d’une pandémie mondiale ayant entraîné le confinement des institutions publiques, le rôle législatif et de contrôle de nos parlements a été mis à l’épreuve.
 
Cela n’a pas été facile, mais, malgré la crise, le Parlement européen est resté ouvert et a rapidement adopté de nouvelles méthodes de travail. Il a continué à jouer son rôle parlementaire de colégislateur en ce qui concerne la réaction à la COVID-19 et un plan de relance post pandémie. Ce fut difficile, mais nous l’avons fait.
 
Et, tout au long de cette période, nous avons entretenu des contacts étroits avec notre réseau parlementaire dans le monde entier. Nous avons organisé des réunions interparlementaires à distance et tenu des échanges réguliers en ligne avec nos homologues. Mais je dois dire à quel point j’apprécie d’être ici, avec vous, dans la même salle. 
 
L’expérience que nous avons acquise pendant la pandémie nous permet de repenser l’avenir de la diplomatie et de considérer les discussions en ligne comme un complément précieux aux contacts interparlementaires traditionnels.

Bien que les rencontres en face à face demeurent essentielles, la diplomatie numérique a ajouté une véritable dimension précieuse à nos échanges, en nous donnant la possibilité de dialoguer plus fréquemment et plus régulièrement, tout en contournant certaines difficultés liées aux déplacements ou à la compatibilité des horaires.

Et c’est une bonne nouvelle, alors que nous nous préparons à un nouvel avenir où, en tant qu’Européens, nous continuerons à démontrer que nous sommes unis dans la diversité et unis contre l’adversité, dans une même volonté de défendre l’état de droit.
 
Je suis heureuse de vous avoir comme partenaires dans la défense de la démocratie parlementaire. Je me réjouis de mener des discussions avec vous aujourd’hui et demain, ainsi que dans les mois à venir, même si nous savons qu’ils seront difficiles. Ensemble, nous défendrons les valeurs européennes. 
 
Je vous remercie pour tout le travail que vous accomplissez.