Aujourd'hui, le Parlement européen a honoré la mémoire des victimes de l'Holocauste lors d'une session plénière extraordinaire à Bruxelles. Dans son discours, la Présidente Metsola a déclaré que le Parlement européen se souviendra toujours, s'exprimera toujours et défendra toujours la dignité, l'espoir et l'humanité.
Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, nous honorons la mémoire des six millions d’hommes, de femmes et d’enfants juifs qui furent assassinés par l’Allemagne nazie. Six millions de vies anéanties dans un génocide délibéré, organisé et commandité par l’État à l’encontre des Juifs d’Europe.
Ils furent gazés, fusillés, affamés, assassinés dans des ghettos, entassés dans des wagons à bestiaux, ensevelis dans des fosses communes, tués dans des camps de travail et dans des camps de la mort conçus dans le seul but de les exterminer. Des communautés entières furent décimées. Des familles entières furent massacrées. Des générations entières furent emportées. Mais malgré l’horreur, le peuple juif n’a pas perdu espoir.
Nous honorons également la mémoire de toutes les personnes des communautés rom et sinté ainsi que des innombrables autres qui furent massacrées en raison de leur foi, de leur appartenance ethnique, de leur orientation sexuelle, de leur handicap ou de leurs opinions politiques.
Lundi, j’ai représenté le Parlement à Auschwitz, aux côtés de survivants de l’Holocauste et de dirigeants du monde entier, pour marquer l’anniversaire de la libération du plus grand et du plus meurtrier des camps d’extermination nazis. Aujourd’hui, Auschwitz tient lieu de leçon adressée à toute l’humanité.
Pour reprendre les propos du rabbin Lord Jonathan Sacks, ce n’est pas «Où était Dieu?», qu’il faut se demander, mais «Où était l’homme? Où était l’humanité?»
L’Holocauste ne s’est pas produit du jour au lendemain. La déshumanisation des Juifs d’Europe avait commencé bien avant Auschwitz. Elle apparut d’abord dans les discours. Dans une propagande qui dénigrait les Juifs, les qualifiant de dangereux et d’étrangers. Tout commença par l’exclusion, l’humiliation et le déni systématique de dignité. Lorsque la solution finale fut mise en œuvre, la voie avait déjà été tracée sous le signe de l’indifférence et de la haine.
Voilà pourquoi jamais nous ne pourrons oublier, et pourquoi nous devons agir. Notre génération est la dernière qui aura eu le privilège de rencontrer des survivants de l’Holocauste et d’entendre leurs témoignages de première main. Leurs voix, leur courage, leurs souvenirs sont une passerelle vers un passé qui ne doit jamais être oublié. Car même après les horreurs de l’Holocauste, l’antisémitisme n’a pas disparu. Il a perduré.
Aujourd’hui, l’antisémitisme repart à la hausse, en Europe, dans le monde et en ligne. Mythes, mensonges et théories du complot, stéréotypes vieux de plusieurs siècles habillés d’un nouveau langage se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, dans nos écoles et sur nos lieux de travail, dans la politique et dans les médias.
Les conséquences sont effroyablement visibles. Les crimes de haine contre les juifs ont augmenté de 400 % en Europe. Beaucoup sont obligés de masquer leur religion en public.
En son temps, Elie Wiesel nous mettait en garde: «Si nous oublions, nous sommes coupables. Les oublier serait les tuer une deuxième fois. Et cette fois, ce sera notre responsabilité». Se souvenir est un devoir. C’est notre responsabilité que de faire en sorte que les mots «plus jamais ça» ne soient pas une promesse vaine.
Lundi, Tova Friedman, survivante d’Auschwitz, nous a rappelé qu’«aujourd’hui, nous avons tous le devoir, non seulement de nous souvenir, mais aussi de prévenir et d’enseigner que la haine n’engendre que plus de haine, et que les tueries n’engendrent que plus de tueries».
Le Parlement européen s’en souviendra à jamais. Et nous continuerons à prendre la parole, comme nous l’avait appris notre première Présidente, Simone Veil, elle-même survivante. Son héritage nous enseigne que la neutralité ne sert que l’oppresseur, jamais la victime. Ce Parlement défendra toujours la dignité. L’espoir. L’humanité.
Dans un instant, nous entendrons le morceau «Duo pour violon et violoncelle – Andante» composé par Pál Hermann, interprété par l’extraordinaire Sam Lucas avec le violoncelle qui appartenait à Pál, et par Sadie Fields au violon. Nous découvrirons également le témoignage de la fille de Pál Hermann, Corrie Hermann, qui fait vivre la mémoire de son père. Puissent leur musique et leurs témoignages nous encourager à faire de même. À faire vivre leur mémoire. À nous dresser contre la haine. Et à faire en sorte que les mots «plus jamais ça» ne soient pas qu’une formule, mais qu’ils deviennent réalité. Je vous remercie.
You may find here the transcriptions of her speech per language: