La Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, s'adressant aux dirigeants de l'UE : « La paix est peut-être difficile, mais elle n'est pas impossible »  

 

La Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, s'adressant aux dirigeants de l'UE : « La paix est peut-être difficile, mais elle n'est pas impossible »  

Bruxelles  
 
 

S'adressant aux dirigeants de l'UE lors du Conseil européen, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a déclaré que dans un contexte mondial volatile, l'Europe doit intensifier ses efforts pour assurer sa sécurité.

       

Merci, Antonio.
 
Chers collègues,
 
Je reviens du Moyen-Orient, où le contexte est toujours instable et profondément préoccupant.
 
Les événements qui se sont produits entre Israël et l’Iran, ainsi que leurs possibles répercussions, constituent pour nous tous un test décisif. Le récent accord de cessez-le-feu marque une avancée prometteuse. Toutefois, le projet de loi du Parlement iranien visant à suspendre la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique montre à quel point les progrès vers la stabilité restent fragiles.
 
Le monde a conscience que l’Iran ne doit pas acquérir l’arme nucléaire. Ce serait une menace non seulement pour la région, mais aussi pour le reste du monde.
 
Il est crucial que nous maintenions notre engagement:
 
·      nous devons continuer d’employer tous les moyens à notre disposition pour encourager une désescalade générale, pour assurer le respect de l’accord de cessez-le-feu israélo-iranien et pour soutenir la poursuite des travaux en faveur d’un avenir meilleur;
 
·      nous devons continuer d’œuvrer pour un cessez-le-feu à Gaza, pour la libération immédiate de tous les otages, pour la fin de ce climat de terreur, et pour la mise en place d’une aide humanitaire pour les personnes qui en ont désespérément besoin;
 
·      et nous devons poursuivre sur cette voie tout en promouvant une solution fondée sur la coexistence de deux États (qui assure à la fois la sécurité d’Israël et aide la Palestine à asseoir son autorité de façon légitime et pacifique), puisqu’elle sera la seule à permettre d’atteindre une paix véritablement durable.
 
Le chemin vers la paix est ardu, mais il n’est pas impraticable. Je sais que nous partageons tous ici cette conviction. C’est pourquoi il est nécessaire que nous formions un front cohérent et uni dans notre approche à l’égard du Moyen-Orient.
 
Il en va de même pour notre manière d’appréhender la question de la sécurité sur notre continent. En ce qui concerne l’Ukraine, notre soutien doit rester ferme. Le 17e train de sanctions à l’encontre de la Russie est important, mais il sera crucial d’en adopter un 18e pour combler d’autres lacunes.
 
Nous devons continuer de soutenir l’Ukraine. L’Ukraine et la Moldavie ont déjà rempli les conditions nécessaires à l’ouverture de la première série de négociations (c’est-à-dire l’ensemble des «fondamentaux»). La balle est désormais dans notre camp. Nous devons poursuivre sur cette voie. Parce que nous ne pouvons perdre de vue qu’un élargissement fondé sur le mérite (avec des objectifs et des critères clairs) constitue la manière la plus sensée d’investir dans la stabilité, la prospérité et la paix de notre continent. Il ne s’agit pas d’une procédure accélérée, mais d’une procédure méritée.
 
 
C’est ce que nous voulons dire en affirmant que l’Europe doit prendre la question de sa sécurité plus au sérieux. Et nous sommes sur la bonne voie. Hier encore, les alliés de l’OTAN sont parvenus à un accord visant à porter à 5 % les objectifs en matière de dépenses de défense.
 
La prochaine étape consistera à mettre fin aux importations d’énergie russe. Le Parlement européen se félicite de la proposition qui a été présentée (notre institution a été la première à la recommander). J’ai déjà envoyé la saisine à nos commissions compétentes et notre objectif est d’adopter le texte final d’ici à la fin de l’année.
 
Mais nous devons nous rappeler les leçons tirées par le passé en la matière: la suppression progressive de tels éléments ne constitue qu’une partie de l’équation. Ce qui vient ensuite est tout aussi important. C’est pourquoi nous devons garantir la mise en place d’autres sources d’énergie pour répondre à nos besoins.
 
Si les résultats des élections de l’année dernière nous ont appris une chose, c’est bien que nous ne pouvons pas avancer sans associer nos concitoyens à nos démarches. Nous devons leur expliquer pourquoi nous agissons ainsi; pourquoi cela importe à une époque où la voie que nous empruntons n’est pas aussi évidente que nous le pensions. En tant que colégislateur, le Parlement européen continuera de jouer son rôle (avec rapidité, clarté et pertinence).
 
Je tiens à vous expliquer où nous en sommes:
 
Concernant la défense: je regrette que le programme pour l’industrie européenne de la défense ait pâti des élections au Parlement européen et de la confirmation des commissaires européens. Mais dès que cette nouvelle législature a été mise en place, nous avons agi rapidement pour adopter notre position au début de l’année. Je me réjouis de la récente orientation générale du Conseil et du calendrier de la première réunion interinstitutionnelle qui nous permettra de faire avancer les négociations. L’année dernière, en quelques semaines, nous avons adopté l’instrument visant à renforcer l’industrie européenne de la défense au moyen d’acquisitions conjointes et le règlement relatif au soutien à la production de munitions. Et c’est ce même sens de l’urgence qui sous-tendra notre approche lors de la finalisation, d’ici à la fin de l’année, du récent train de mesures «omnibus» dans le domaine de la défense. Nous avons amélioré et accéléré nos processus.
 
Concernant le cadre financier pluriannuel: nous avons adopté notre position afin de dévoiler les attentes du Parlement. Nous attendons désormais avec impatience la proposition de la Commission, qui doit être présentée le mois prochain. Le rapport du Parlement sur la proposition sera publié dans la foulée, à l’automne 2025. Et notre équipe de négociation est prête à travailler de manière constructive pour établir un budget plus adapté aux enjeux actuels, qui soit à la fois solide, stratégique, responsable et adaptable.
 
Dernier point, mais certainement pas des moindres: notre programme de simplification. Depuis notre dernière rencontre, nous avons adopté le mécanisme suspensif («Stop-the-clock») et levé les sanctions dans le secteur automobile. Nous sommes également parvenus à un accord provisoire sur le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, et les travaux sur les derniers trains de mesures «omnibus» relatifs aux entreprises à capitalisation moyenne et sur la défense débuteront très prochainement.
 
Je comprends maintenant que certaines inquiétudes subsistent. Mais ce Parlement est différent de celui que certains d’entre vous ont peut-être connu. Certains processus qui prenaient des mois peuvent désormais ne prendre que quelques heures.
 
Oui, nous avons nos propres processus, et c’est bien normal. Si l’Europe veut être plus rapide, plus intelligente, et plus favorable aux entreprises, nous devons opérer des changements profonds. Et cela ne fonctionnera que si nous offrons de la prévisibilité aux industries et aux PME, et si nous permettons aux citoyens européens de s’impliquer. Mais cela ne signifie pas que nous ne sommes pas pleinement déterminés à agir rapidement. Bien au contraire, nous avons montré que nous pouvons faire les deux. Permettez-moi donc de vous assurer qu’au Parlement européen, le calendrier reste inchangé, tout comme notre détermination.
 
Enfin, je profite de cette occasion pour vous informer que le Parlement européen déposera bientôt un amendement ciblé, précis et pointu à la loi électorale européenne, axé sur un point unique, mais significatif. Notre objectif est de permettre aux députées au Parlement européen, enceintes ou venant d’accoucher, de déléguer leur vote. Je vous encourage à soutenir cette mesure. Car il est clair, et nous sommes tous d’accord là-dessus, qu’aucun pays, aucune institution et aucune démocratie ne devrait jamais pénaliser des représentants élus pour avoir choisi de fonder une famille. La représentation ne devrait jamais se faire au détriment de la parentalité. Avec cette loi, nous choisissons d’encourager les deux.
 
Merci.
 
 
 

You may find here the transcriptions of her speech per language: