La Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, était à Chypre aux côtés du Président Nikos Christodoulides pour célébrer la Journée de l’Europe. Lors d’un dialogue avec la prochaine génération, la Présidente Metsola a encouragé les jeunes à écrire le prochain chapitre de l’histoire de l’Europe.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur le Commissaire, Chers collègues, Chers députés au Parlement européen,
C’est un plaisir pour moi d’être de retour à Chypre, ce pays magnifique. Il s’agit de ma quatrième visite en tant que Présidente du Parlement européen. Je suis moi aussi méditerranéenne, et à chaque fois que je viens ici, j’ai l’impression de rentrer chez moi.
Il n’y a pas si longtemps, j’étais à votre place, installée comme vous sur l’une de ces chaises. J’ai assisté à un grand nombre de rencontres comme celle d’aujourd’hui, où l’on nous disait: «Vous êtes l’avenir de l’Europe». Et je me souviens qu’à chaque fois, je me disais: «Mais nous sommes le présent de l’Europe. Nous avons déjà des idées à porter.»
Rétrospectivement, je pense comprendre un peu mieux le sens du message qui nous était adressé, car j’ai vu les jeunes en action. J’ai vu ce que les jeunes peuvent accomplir lorsqu’ils décident de s’engager. J’ai vu ce que les jeunes peuvent accomplir lorsqu’ils font entendre leur voix pour agir sur le monde qui les entoure. J’ai vu les jeunes changer le monde.
L’Europe, ce n’est pas seulement un point du programme scolaire, un sujet de tables rondes ou de séances de questions-réponses comme nous en aurons aujourd’hui. L’Europe est un projet vivant et dynamique. Nous le disons tous les 9 mai, c’est vrai. Mais ce que je voudrais – et j’ai besoin de vous pour cela – c’est que vous viviez l’Europe, que vous lui insuffliez votre énergie au quotidien. L’Europe a été construite par des personnes qui refusaient de se résigner à un état de fait, à l’idée que certaines choses étaient impossibles à changer. Le projet européen a toujours consisté à regarder de l’avant plutôt que dans le rétroviseur. L’Europe ne fonctionne que si chaque génération nouvelle la fait avancer. Et c’est là que vous avez un rôle à jouer. Nous en parlons avec le président Christodoulides depuis que je suis arrivée à ce poste et que j’assume les responsabilités qui l’accompagnent.
L’Europe et Chypre ont besoin de votre énergie. De vos idées. De votre franchise. De votre audace. Pas seulement pour résoudre tel ou tel problème, mais pour inventer de nouveaux possibles.
Je me suis lancée en politique à un moment où mon pays était en proie à un débat extrêmement conflictuel sur l’opportunité d’adhérer à l’Union européenne. La semaine dernière, nous avons célébré le 21e anniversaire de notre adhésion. Jeune femme, je me souviens avoir pensé que j’avais un choix à faire: soit laisser les autres mener les débats à ma place, soit y participer moi-même. Pour nous, les jeunes, l’entrée dans l’Union européenne était la seule possibilité envisageable. Quand vous êtes originaire d’une île, en Méditerranée, dans le sud de l’Europe, n’est-ce pas le choix le plus naturel?
Les jeunes ont eu gain de cause. Le résultat a été extrêmement serré. En tout cas, plutôt que de me lamenter, j’avais décidé d’agir, parce que cette cause me tenait à cœur et que je savais à quel point les générations futures profiteraient de cette action.
Je sais que cette cause vous tient à cœur aussi. J’ai rencontré plusieurs d’entre vous au cours de nos échanges dans le bureau de liaison du Parlement européen. Un grand nombre de sujets vous préoccupent: votre avenir, votre éducation, la possibilité de trouver un emploi qui ait un sens, les difficultés pour se loger à un prix abordable. Je sais que vous vous souciez du climat, tout comme de la paix en Ukraine et au Proche-Orient, et bien sûr de l’avenir de Chypre.
C’est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui: vous n’êtes pas là pour écouter, mais pour participer à un débat interactif. Le but est que votre voix façonne chacune des décisions qui sont prises au Parlement européen. Le Parlement n’est pas loin. Il est aussi présent ici. Vos députés sont là. Allez leur parler. Demandez-leur de rendre compte de leur action. Mettez-les face à leurs responsabilités. Ainsi, vous veillerez à ce que nous puissions travailler ensemble, réinventer l’Europe ensemble. Pour que l’Europe soit à votre service, et non l’inverse. L’Europe est prête à répondre aux enjeux qui vous préoccupent vivement.
Je sais que nombre d’entre vous sont porteurs d’histoires familiales marquées par les conflits terribles qu’a subis cette île magnifique. Et je sais combien votre attachement à Chypre est profond. Mais chaque fois que je rencontre de jeunes Chypriotes, je vois une génération qui désire œuvrer à la résolution du conflit, qui veut aller de l’avant. Et l’Europe, c’est exactement ça.
Vos défis, autant que vos espoirs, sont ceux de l’Europe. Chypre n’est pas à la périphérie de notre Union. Elle est en son cœur. Et je veux que vous sachiez que vous pouvez compter sur l’Europe, car vous êtes l’Europe. Et je sais qu’en retour, nous pouvons compter sur vous.
Je rencontre assez souvent le président Christodoulides. À tout moment et sans relâche, il travaille pour ce pays. L’engagement que je prends envers lui, envers les ministres, le gouvernement, le Parlement, les députés et vous-mêmes, c’est que toujours l’Europe soutiendra Chypre sur la voie de la réunification, dans le cadre onusien, par le dialogue, la diplomatie et des avancées communes.
Chaque 9 mai, nous nous réunissons, et nous disons que notre Union européenne est née des cendres de la guerre. Elle s’est construite pour rassembler les gens, non pour les séparer. Et laissez-moi vous dire que nous n’abandonnerons jamais cette mission.
J’ai toujours été et serai toujours optimiste. En politique, vous devez l’être. Et quand je vous regarde, cela conforte en moi cette conviction fondamentale.
Il y a quelques années, j’ai rencontré deux jeunes gens de Famagouste. Ils étaient venus au Parlement européen et avaient parlé de paix, d’unité et d’espoir. Je ne les oublierai jamais. Parce ce que ce jour-là, ils m’ont donné l’image très nette du champ des possibles qui s’ouvre lorsque les jeunes sont résolus à faire avancer leurs idées.
C’est aussi ce que je vois aujourd’hui. Je vois une génération intelligente, déterminée et débordante d’idées. Vous représentez une nation qui joue un rôle de poids en Europe, oriente les débats et constitue pour nous tous un important repère. Ce sera tout particulièrement le cas pendant les six mois de la présidence chypriote à venir du Conseil de l’Union européenne, où votre leadership sera très attendu.
Donc oui, quand je dis «Vous êtes l’avenir de l’Europe», je le pense vraiment.
Faites entendre votre voix. Soyez curieux. Impliquez-vous. Posez des questions. Votez. Organisez-vous. Voilà à quoi, je le souhaite, pourrait ressembler le prochain chapitre de l’histoire européenne. À vous de l’écrire désormais.
J’ai dit que j’étais venue ici pour écouter. Alors, maintenant, la parole est à vous.