La Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, est à Bologne avec les dirigeants des entreprises italiennes. Dans son discours, elle a déclaré : « Vous êtes le moteur de l'économie et la force de notre autonomie stratégique. L'Europe est à vos côtés pour un avenir où les entreprises, les travailleurs et les territoires peuvent croître et prospérer. »
Bonjour à toutes et à tous, Madame Meloni, Monsieur Orsini, Monsieur Tajani, Mesdames Picierno et Sberna, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les députés, Madame Schlein, Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises, Chers amis,
J’ai préparé un long discours, mais le message que je veux vous adresser se résume en quelques mots: l’Europe se tient à vos côtés. Le Parlement européen, que j’ai l’honneur de présider, est votre allié.
Nous sommes aux côtés des entreprises, des familles qui travaillent dur et dépendent des emplois que vous créez, de tous ceux qui sont prêts à prendre des risques et qui souhaitent la croissance économique de l’Europe et son essor continu.
L’Europe doit répondre présent pour faciliter les choses et apporter davantage de flexibilité. Notre rôle est de supprimer les barrières, et non de créer de nouveaux obstacles. L’Europe doit proposer des solutions, et non devenir elle-même une partie du problème.
De fait, la simplification, c’est la compétitivité, et la compétitivité, c’est la croissance. Si nous parvenons à cela, tout le monde en ressort gagnant.
Je souhaite rendre un hommage particulier à l’action menée dans ce domaine par Giorgia Meloni, qui a aidé à maintenir l’Italie au centre des décisions européennes et qui a insisté pour que nous adoptions des solutions de bon sens. Par ailleurs, et c’est tout aussi important, je salue son amitié et sa franchise.
Nous partageons une même volonté de changement.
Par là, nous entendons un retour à l’essence de la politique et le renouvellement du contrat entre les institutions de l’Union et les citoyens que nous représentons.
Le message envoyé par les électeurs lors du dernier scrutin européen était clair: beaucoup se sentaient exclus et assistaient à des transformations socio-économiques qu’ils jugeaient trop rapides et trop éloignées de leurs demandes concrètes.
La communication européenne a trop souvent paru prendre un ton moralisateur, au lieu de montrer comment nos valeurs peuvent déboucher sur des solutions concrètes améliorant la vie des gens et renforçant l’égalité des chances.
On a constaté une hypertrophie de la bureaucratie, qui a ébranlé la confiance des investisseurs et compliqué le travail au quotidien. Des mesures au fort impact médiatique, mais aux effets limités, qui ont nui à notre compétitivité.
Je tenais à vous dire tout cela, mais je n’en reste pas moins optimiste.
Devant tous les députés au Parlement européen ici présents, je crois, en tant que Présidente de cette institution, qu’il est de notre responsabilité d’encourager un changement de mentalité. Notre priorité est de rapprocher l’Europe des citoyens que nous représentons, des familles et des entreprises.
Rapprocher l’Europe des territoires est également à la base de la mission du représentant de votre pays au sein de la Commission européenne, Raffaele Fitto.
Il est de notre devoir d’apporter des réponses concrètes et de stimuler la croissance économique, et c’est précisément ce que l’Europe a fait en donnant suite à votre plan national pour la reprise et la résilience.
Nous devons faire preuve de confiance. L’Europe reste le plus grand projet politique de l’histoire; c’est toujours le meilleur endroit au monde où vivre, fonder une famille et créer une entreprise.
Nous disposons de tout ce qu’il faut pour être à la pointe du progrès: des compétences, des talents, des capitaux et des chercheurs.
Nous sommes un marché unique rassemblant 450 millions de personnes. Nous avons arraché des générations à la guerre et à la pauvreté; nous avons lutté contre les inégalités sociales.
Le succès de l’Europe dépend de celui de ses États membres, et l’Italie a toujours représenté l’un de nos points d’ancrage les plus solides.
C’est dans ce pays que sont nées des entreprises qui incarnent depuis toujours l’excellence et la passion de la qualité, des entreprises dont la créativité est universellement reconnue, des sociétés qui ont appris au monde que la nourriture peut être source de plaisir, et non seulement de nutriments.
Tout cela s’inscrit dans le «made in Italy», qui fait l’admiration du monde entier. Ces symboles, ces produits d’excellence et ces héros sont italiens, mais nous sommes aussi fiers de les considérer comme européens. Ce sont eux qui donnent sa grandeur à l’Europe. Leur inscription dans le «label Europe» n’affaiblit pas leur identité italienne: il la sublime.
Bien que je ne sois pas Italienne, je puis affirmer avec conviction qu’en tant qu’Européenne, je suis tout aussi fière de ces réussites que les natifs de Bologne, de Rome et de Palerme. C’est là que réside la véritable signification de l’appartenance à l’Union européenne.
Notre Union ne cherche pas à rendre tout le monde identique. Au contraire, elle reconnaît et valorise la force qui naît de la diversité de nos cultures, de nos langues, de nos traditions et de nos histoires. C’est ce patrimoine que nous protégeons et dans lequel nous voyons des perspectives à explorer.
Notre drapeau bleu orné de douze étoiles est un symbole adopté par tous ceux qui se battent pour la liberté. Il flotte fièrement à côté de votre drapeau tricolore, sans lui faire d’ombre. En effet, si l’Italie est forte et réussit, alors l’Europe aussi − et inversement.
Notre maison est encore celle des constructeurs, des champions, des pionniers et des inventeurs. Elle abrite ceux qui bâtissent, innovent et osent.
Nous devons rester ouverts aux entreprises, en nous tenant prêts à soutenir la création de valeur. Cette évolution requiert de la détermination. Une vision politique. Le courage d’agir. Nous devons rattraper le retard technologique que nous avons vis-à-vis des États-Unis, de la Chine et des Émirats arabes unis. Il faut réduire le coût de l’énergie et achever le marché unique.
Nous devons bien comprendre que, malgré la politique monétaire commune, les entreprises doivent faire face à 27 politiques fiscales et industrielles. L’accès au crédit reste trop difficile pour les entreprises, surtout pour les PME.
Nous ne pouvons plus nous permettre de nous bercer de nostalgie ou de hausser les épaules en disant: «C’est comme ça qu’on a toujours fait.» Nous devons être déterminés à réformer.
La semaine dernière, j’ai accueilli Sergio Mattarella à Bruxelles. Il a affirmé: «Le Parlement européen est le barycentre entre les institutions et les citoyens.»
C’est précisément pour cette raison qu’au cours des dernières années, nous avons entrepris une profonde réforme, pour mieux aborder les sujets qui comptent vraiment pour les citoyens.
Je peux vous le dire, cela n’a pas été une mince affaire; mais nous l’avons fait: nous avons bousculé le statu quo.
À présent, nous sommes dans une nouvelle phase, où nous devons nous montrer plus efficaces et percutants. Si nous souhaitons une Europe plus proche, plus rapide et plus légitime, il est crucial de renforcer le droit d’initiative législative du Parlement européen.
En fait, les citoyens n’ont pas d’exigences démesurées vis-à-vis de l’Europe.
Ils demandent des certitudes économiques: un travail stable et la possibilité de développer leur propre société. Les jeunes veulent pouvoir s’acheter un logement.
Ils demandent de la simplification: ils veulent des systèmes qui fonctionnent et qu’ils puissent comprendre.
Ils demandent de la sécurité: ils veulent que leurs enfants puissent marcher dans la rue sans avoir peur.
Ils veulent savoir que l’Europe est capable de se défendre.
Ils demandent une direction. Ils veulent de véritables dirigeants, dotés d’une vision, qui appellent un chat un chat, sans jargon bureaucratique incompréhensible, et qui soient capables de prendre des décisions utiles et sensées.
Nous devons proposer en réponse une Europe qui n’entrave pas ceux qui prennent des risques et innovent, mais les soutient. Une Europe plus flexible. Une Europe qui se concentre sur l’économie réelle, qui débloque les investissements privés et construit un marché des capitaux véritablement intégré. Une Europe qui investit dans les individus et forme des travailleurs en adéquation avec les besoins réels du système productif, afin de soutenir la transition industrielle et de freiner la fuite des cerveaux. Une Europe qui fait de ses réussites, et non des bouchons attachés aux bouteilles en plastique, le symbole de ses priorités, où les gens ne doivent pas se sentir coupables de prendre la voiture lorsqu’ils n’ont pas d’autre choix.
En Europe, on doit pouvoir prendre des risques, se tromper, échouer et recommencer. Encore et encore.
Chers amis, l’an dernier, Emanuele Orsini a dégagé trois priorités claires: compétitivité, productivité et communauté. Cet appel important, le Parlement européen en a pris acte, de façon responsable.
Nous l’avons montré dans le dossier sur les emballages, où nous avons trouvé un compromis équilibré, notamment grâce à vos contributions et à la mobilisation des députés italiens au Parlement européen. Nous poursuivrons nos efforts dans cette direction.
Nous l’avons aussi montré avec le mécanisme suspensif et l’exemption des petites entreprises du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. C’est également ce que nous devons faire dans l’analyse d’impact de la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité et de la directive sur le devoir de vigilance.
Nous souhaitons une Europe qui sait rectifier le tir quand cela s’impose.
Une Europe qui joue un rôle moteur dans les politiques environnementales, en défendant une vision et en faisant preuve de réalisme, mais sans lier les mains des entreprises et des agriculteurs dans leur travail. Une Europe qui sait tirer profit du potentiel de l’intelligence artificielle.
C’est cette approche pragmatique, fondée sur la coopération, qui peut rendre l’Europe vraiment plus forte.
Parce qu’une Europe forte, c’est une Europe influente. Qui sait se faire respecter. Qui ne regarde pas le monde avec crainte, qui est capable de saisir sa chance et de l’exploiter de manière résolue. C’est Antonio Tajani qui, le premier, m’a appris cela.
La philosophie économique de l’Europe a toujours globalement reposé sur des échanges libres et justes qui profitent à tous. C’est ce principe qui doit nous conduire à un accord avec les États-Unis.
Notre position est claire: nous ne voulons absolument pas de droits de douane. Une guerre commerciale se répercuterait négativement sur les entreprises et les consommateurs des deux côtés de l’Atlantique.
Que je sois bien claire: aucune alliance n’est plus solide, aucune entente démocratique n’est plus profonde dans l’histoire contemporaine que celle qui existe entre l’Europe et l’Amérique. Nos entreprises sont intimement liées, tout comme nos modes de vie. Chacun défendra sa propre position et nous serons parfois en désaccord, mais nous continuerons à bâtir ensemble et resterons toujours des amis et des alliés. Je suis certaine que nous pouvons trouver un accord. Cependant, nous ne devons pas nous montrer candides. Nous devons approfondir d’autres relations. Par exemple celles qui nous lient à nos partenaires africains, sur la base d’investissements et de relations commerciales solides. Le plan Mattei peut nous servir de modèle. Il en va de même pour l’Amérique latine.
C’est la garantie d’une Europe plus sûre et mieux protégée.
Or, sans sécurité, rien n’est possible. Nous avons trop longtemps cherché des garanties de notre sécurité et de notre mode de vie en dehors de nos frontières.
Cette mentalité est révolue. Aujourd’hui, tous les États membres ont compris que si l’Europe veut être maîtresse de son destin, elle doit être capable d’agir dans un monde devenu plus instable et dangereux.
L’invasion russe de l’Ukraine nous l’a rappelé avec brutalité.
Nous devons nous tenir prêts et renforcer notre soutien continu à l’Ukraine en vue d’une paix juste et durable, et nous devons mieux expliquer pourquoi nous le faisons, face à une opinion publique de plus en plus sceptique. De même lorsque nous réagissons à la crise au Proche-Orient et à la situation effroyable à Gaza.
Chère Giorgia Meloni, cher Emanuele Orsini, je suis très impressionnée par la capacité de réaction et la détermination de vos compatriotes. Par la force d’esprit silencieuse de ceux qui reconstruisent.
En 2012, l’Europe était à vos côtés. En 2023, elle était à vos côtés. En effet, la solidarité européenne ne doit pas être un concept abstrait, mais une aide concrète. Merci pour votre courage.
Chers amis, je conclus comme j’ai commencé: le Parlement européen se tient à vos côtés.
Ensemble, nous pouvons construire une Europe qui représente une solution.
C’est la vision de l’Europe nouvelle qui nous attend, avec l’Italie au centre du chemin.
Je vous remercie. Vive l’Italie et vive l’Europe.