Le Parlement organise le premier Forum européen de la démocratie parlementaire  

 

Le Parlement organise le premier Forum européen de la démocratie parlementaire  

Bruxelles  
 
 

En ouvrant le tout premier Forum européen de la démocratie parlementaire, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a déclaré que les démocraties ont le potentiel de s'adapter aux changements, de protéger les citoyens et de répondre à leurs attentes.

       

Mesdames et Messieurs les oratrices et orateurs, 
Chères et chers collègues,
 
Bienvenue au Parlement européen. 
 
C’est un plaisir d’ouvrir cette première édition du Forum de la démocratie parlementaire de l’UE. Nous avons lancé ce forum pour servir d’espace commun propice au rétablissement des liens entre nos démocraties, à leur réévaluation et à leur renforcement: une mission qui n’a jamais été aussi pressante. En voyant la foule rassemblée ici aujourd’hui, je comprends que je ne suis pas seule à avoir cette conviction. Aujourd’hui, nous accueillons 600 participants issus de 22 pays, dont de nombreux représentants des parlements nationaux siégeant aux côtés de nos collègues, députés au Parlement européen. Je vous remercie de votre présence et de votre engagement pour répondre à nos problèmes communs. 
 
Chaque matin, les gros titres nous rappellent à quel point la démocratie est en réalité fragile: la guerre fait rage sur notre continent, les pressions géopolitiques continuent de croître et les libertés que nous considérions comme acquises sont de plus en plus mises à l’épreuve. Dans le même temps, la désinformation continue de déformer notre réalité commune. Plus inquiétant encore, un nombre croissant d’Européens se demandent si la démocratie fonctionne toujours, s’il est vraiment utile de voter, si la démocratie en vaut la peine. 
 
Notre réponse à ces questions doit être et ne peut être qu’un «oui» fort et déterminé. En tant que représentants élus, il nous appartient collectivement de prouver que notre voie démocratique européenne peut encore être bénéfique pour les citoyens. Certes, nous devons renforcer l’intégrité de nos processus et de nos systèmes – j’en parlerai plus tard – mais cela n’efface en aucun cas la responsabilité que nous avons tous de répondre aux attentes des citoyens. C’est finalement de cela dont nous avons le plus besoin, et c’est là l’objet du programme de simplification du Parlement européen. 
 
Nous devons également renforcer les liens formels et informels entre le Parlement européen et vos parlements nationaux sur le plan de la législation, des bonnes pratiques et de notre soutien commun à l’Ukraine. Je suis particulièrement fière que cette Assemblée ait réuni 160 parlements en soutien à la Verkhovna Rada. Merci à toutes et tous d’avoir soutenu nos collègues, nos frères et sœurs qui luttent pour leur liberté.
 
Trop souvent, les conversations ont tendance à déboucher sur un schéma où l’on reproche tout ce qui va mal à Bruxelles et à Strasbourg. Mais la réalité, nous le savons, est beaucoup plus complexe. C’est vrai, nous sommes parfois allés trop loin, trop vite – et nous avons parfois agi tardivement, ou nous n’avons pas agi du tout. Mais nous sommes dans une nouvelle législature, porteuse d’un nouvel élan et d’une nouvelle orientation. Nous avons écouté les personnes touchées, nous les avons consultées et nous avons pris des mesures en conséquence. Le vote qui s’est tenu ici la semaine dernière sur l’allègement de certaines obligations de déclaration des entreprises en est un bon exemple.
 
Nous savons aujourd’hui que cela ne fonctionnera que si nous nous engageons dans la même direction. En tant que représentants de l’Europe au niveau national, vous êtes la première ligne de défense de la démocratie. Vous comprenez mieux que quiconque ce qui se passe sur le terrain, mais surtout, vous êtes les mieux placés pour réagir. Nous avons tous tant d’enseignements à tirer de l’expertise et des connaissances de vos institutions. Vos expériences, vos points de vue et vos idées sont essentiels pour élaborer les solutions communes dont l’Europe a besoin. 
 
En tant que Présidente de cette Assemblée, avec mes collègues députés au Parlement européen, nous nous sommes donné pour mission de faire éclater les prétendues bulles bruxelloise et strasbourgeoise et de rapprocher l’Europe des citoyens que nous représentons. Et il nous faut davantage de personnes qui non seulement s’engagent et votent, mais aussi qui se présentent à un mandat et contribuent à façonner notre Union. 
 
Nous mettons tout en œuvre afin de faciliter cette participation pour tous. Je me félicite que, la semaine dernière, nos députés aient voté à une écrasante majorité en faveur du vote par procuration volontaire pour les députées au Parlement européen pendant leur grossesse et après l’accouchement. Dans un premier temps, nous demanderons à la présidence danoise de nous aider à le faire adopter par le Conseil, puis nous nous tournerons vers vous. Nous demanderons à vos parlements nationaux de ratifier cette réforme de l’acte électoral. Et j’espère pouvoir compter sur votre soutien sur cette question très importante qui révolutionnera notre manière de travailler au sein de ce Parlement, en rendant possible ce qui ne l’a pas été depuis 46 ans. 
 
Rétablir la confiance du public dans la démocratie signifie non seulement relever les niveaux de participation, mais aussi lutter efficacement contre l’ingérence étrangère et la désinformation, qui alimentent la colère de nos populations, divisent nos démocraties et affaiblissent la confiance du public dans les élections et les institutions, et même envers autrui.
 
Le Parlement européen participe déjà à cet effort. Au début de notre législature, nous avons créé une commission spéciale sur le bouclier européen de la démocratie afin de renforcer notre résilience collective. Et nous nous félicitons des récentes propositions de la Commission visant à protéger les médias indépendants, à soutenir la société civile et à renforcer nos institutions. Cette Assemblée est tout à fait prête à faire avancer ces initiatives. 
 
Défendre la démocratie, c’est aussi planifier l’avenir. La révolution technologique et l’essor de l’intelligence artificielle façonnent déjà nos démocraties. La réalité est implacable: c’est désormais, pas uniquement mais avant tout, sur les plateformes de médias sociaux que les jeunes générations et les primo-électeurs prennent part à la vie politique. Cela signifie que nous devons être mieux à même de les atteindre, où qu’ils se trouvent sur ces plateformes, en encourageant un engagement politique positif tout en luttant contre la polarisation. J’ai eu l’occasion d’en discuter avec José Pedro Aguiar-Branco, président du Parlement portugais, qui a déclaré: «Les parlements ne sont pas la cause, ils sont la conséquence». Et ce Parlement en est l’illustration. À nous de nous adapter. De nombreux collègues présents ici se rendent compte que nous devons redoubler d’efforts pour lutter contre la polarisation, le populisme et les discours à visée destructrice. 
 
Je viens d’évoquer de nombreuses problématiques, et je suis certaine que beaucoup d’autres s’ajouteront à nos discussions tout au long de la journée. Mais je ne m’adresserais pas à vous aujourd’hui si je n’étais pas convaincue que nous sommes en mesure de faire face à ces menaces. Nos démocraties ont le potentiel de suivre le rythme du changement, de protéger nos citoyens et de répondre à leurs attentes. Nous l’avons fait par le passé et nous le ferons encore. Mais pour y parvenir, il nous faut plus de liens, plus d’action, plus d’ambition à tous les niveaux. C’est ainsi que nous rétablirons la confiance dans l’Europe, que nous reconstruirons la promesse de démocratie et que nous façonnerons un avenir plus fort, plus sûr et plus résilient. 
 
Je vous remercie à nouveau d’être ici en si grand nombre et de tout le travail que vous accomplissez, aujourd’hui et au quotidien. Maintenant, mettons-nous au travail.
 
Je vous remercie.