S’adressant aux chefs d’État et de gouvernement réunis aujourd’hui au Conseil, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a déclaré que le Parlement tiendra ses engagements, pour rendre les choses meilleures, plus simples et plus faciles.
Cher António, chers collègues,
Toutes mes félicitations pour l’adoption du 19e train de sanctions. C’est une bonne nouvelle. Dans un registre moins optimiste, le vote d’hier sur le train de mesures «omnibus» sur la durabilité (directives CSRD et CSDDD) montre que, pour une large portion du Parlement européen, le compromis n’est tout simplement pas allé assez loin, que même les meilleures tentatives pour faire converger les positions n’auraient pas amélioré, ni simplifié ou facilité les choses, tandis que pour d’autres fractions de l’institution, tout changement aurait été excessif.
C’est toujours lorsqu’elles partent du centre, puis s’élargissent, que les majorités sont les plus solides, car nous pensons que c’est ainsi que l’Europe avance. Toutefois, même lorsqu’il ne parvient pas à dégager de majorité de cette façon, le Parlement doit tenir ses engagements.
Le texte adopté par la commission des affaires juridiques sera de nouveau présenté aux députés lors de la prochaine mini-session plénière, dans quelques semaines, après le délai de dépôt des amendements. Le mandat du Parlement devrait en sortir renforcé, nous donner la majorité nécessaire pour tenir nos engagements et, selon toute probabilité, amener le Conseil à aller plus loin.
Au cours des deux semaines qui se sont écoulées depuis notre dernière rencontre, le Parlement a appliqué la procédure d’urgence afin de reporter l’application de la législation relative aux produits chimiques, a adopté sa position sur la politique agricole commune et a même entamé les trilogues. Les négociations sont normales, ici, et je suis confiante dans notre capacité à parvenir bientôt à un accord.
En ce qui concerne le cadre financier pluriannuel, je souhaite rappeler ce qui suit: si nos approches diffèrent parfois, nos objectifs premiers sont les mêmes. Nous devons garder cela à l’esprit. Le risque d’une véritable escalade existe, aussi la bonne foi est-elle nécessaire des deux côtés pour trouver un terrain d’entente. Nous y sommes parvenus par le passé, nul doute que nous y arriverons une nouvelle fois.
En ce qui concerne le logement, le Parlement européen entend les préoccupations des citoyens. Cette question est pour nous essentielle. Pour la première fois de son histoire, le Parlement a créé une commission spéciale sur la crise du logement; la Commission européenne a elle aussi pris des mesures. Nous devons poursuivre sur cette lancée et obtenir des résultats concrets. Il s’est passé beaucoup de choses au Parlement depuis la réunion qui s’est tenue à Copenhague; pour autant, nous savons que le travail n’est pas terminé.
L’Europe livre le meilleur d’elle-même lorsqu’elle poursuit un objectif clair et fédérateur. Notre marché commun, notre monnaie unique, notre espace Schengen: ils ne fonctionnent peut-être pas parfaitement, mais il s’agit des réalisations auxquelles les citoyens accordent le plus d’importance.
C’est pourquoi je tiens à vous dire à quel point je suis optimiste lorsque je vois circuler des propositions intéressantes en si grand nombre. L’Union doit s’emparer de ce genre de réflexions audacieuses et les intégrer dans ses programmes de travail, car cela montre que nous nous éloignons du statu quo. Si nos positions ne convergent pas toujours, nous nous accordons sur le fait que rester immobiles n’est pas une option, sans quoi le monde avancera sans nous. Et il le fera très vite.
Voilà l’état d’esprit qui dicte notre action dans le domaine de la défense. Depuis notre dernière rencontre, nous sommes parvenus à un accord, nous avons trouvé des financements et nous avons mis sur pied le programme pour l’industrie européenne de la défense. Le Parlement est maintenant prêt à faire avancer le dossier par un dernier vote. Tout dépendra ensuite de la mise en œuvre du programme.
Bien sûr, tout cela est directement lié à l’Ukraine – renforcement de son industrie de la défense, exploitation de ses technologies, en particulier en ce qui concerne les mesures antidrones et les systèmes de détection, et affirmation du principe incontestable de «paix par la force». Se rallier au président Zelensky avec un plan de paix clair est primordial.
Sur cette question, le Parlement a exprimé sa position sans ambigüité, à une vaste majorité: nous devons nous détacher du gaz et de l’énergie russes. J’ai bon espoir que les négociations commencent bientôt. Comme je l’ai déjà dit, nous saluons l’adoption du 19e train de sanctions, mais il est impératif de mieux utiliser les actifs russes gelés. Je comprends les inquiétudes – la sécurité juridique est indispensable – mais nous devons agir de façon stratégique et intensifier la pression.
Hier, nous avons appris qu’un drame avait eu lieu: une frappe russe a touché une crèche à Kharkiv. Rien, absolument rien, ne justifie une telle horreur. Les attaques russes se font de plus en plus cyniques, sans considération aucune pour les vies innocentes, pour le droit international ou pour une solution pacifique. Dans ce contexte, notre réponse doit passer par une intensification de la pression.
Voilà, en définitive, ce dont il est question ici: l’instauration – réelle – de la paix. Nous devons continuer de mettre en avant ce qui motive nos actions, ainsi que les raisons pour lesquelles nous apportons un soutien indéfectible à l’Ukraine et nous avons décidé d’investir en faveur de notre sécurité et de notre défense. Nous avons bien vu ce qui arrive lorsque le «soft power» atteint ses limites, là où le «hard power» s’impose pour faire face aux menaces actuelles. Nous ne pouvons pas laisser cette situation se reproduire.
Nous devons désormais élargir le cercle de la paix. Pour ce faire, nous pouvons nous appuyer sur les avancées spectaculaires obtenues au Moyen-Orient. Je souhaite saluer une nouvelle fois les efforts déployés par les États-Unis, l’Égypte, le Qatar, la Turquie; et par tous ceux qui nous ont aidés à en arriver là. Le chemin a été semé d’embûches et a nécessité beaucoup de temps, mais ces efforts ont compté et nous sommes sur la bonne voie.
La libération des otages et l’accord de cessez-le-feu constituent un espoir historique pour Israël, pour Gaza, pour une nouvelle marche à suivre qui tienne compte de l’autodétermination et de la trajectoire vers la reconnaissance des États. Cette étape peut apporter une certaine stabilité au Moyen-Orient au sens large ainsi qu’au reste du monde, mais elle représente aussi un moment de grande fragilité. La mise en œuvre pleine et entière du plan de paix doit se poursuivre.
L’Europe doit continuer de jouer son rôle. À aucun moment, nous ne sommes restés les bras croisés, et jamais nous n’adopterons cette posture. L’Europe, en tant que principal donateur d’aide humanitaire à Gaza, doit continuer d’agir rapidement et à grande échelle, en coopération avec les partenaires internationaux et les représentants palestiniens légitimes, tout en œuvrant pour que le plan de paix soit appliqué.
La paix est possible. Et l’Europe a un rôle à jouer.
Je vous remercie de votre attention.
You may find here the transcriptions of her speech per language: