La paix exige confiance, coopération et responsabilité partagée - La Présidente Metsola aux Émirats arabes unis  

 

La paix exige confiance, coopération et responsabilité partagée - La Présidente Metsola aux Émirats arabes unis  

Abou Dhabi  
 
 

S'exprimant lors d'une session spéciale "EAU-UE" au Conseil national fédéral des Émirats arabes unis, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a déclaré que les Émirats arabes unis sont un partenaire clé pour l'Europe, alors que nous œuvrons à réduire les tensions régionales, à apaiser les tensions et à tracer un chemin vers la compréhension, la paix, la prospérité, la sécurité et le commerce.

       

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil national fédéral,
Chers invités, 
Mesdames et Messieurs,

C’est un honneur d’être parmi vous aujourd’hui, dans cette ville extraordinaire qu’est Abou Dhabi. Je tenais à maintenir ma réponse à votre invitation et à être présente ici aujourd’hui, en dépit des incertitudes de la situation actuelle. C’est en outre un grand privilège pour moi de m’adresser au Conseil national fédéral des Émirats arabes unis. Je sais que c’est la première fois qu’un Président du Parlement européen se tient ici: l’institution que je préside vous est profondément reconnaissante de cette occasion historique. Il s’agit, pour la diplomatie parlementaire et nos relations, d’un moment décisif auquel je prends part humblement et avec un sens aigu des responsabilités.

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil national fédéral, lors de notre réunion de ce matin, vous avez soulevé un point important: nous représentons deux régions différentes mais, dans le monde actuel, la distinction entre les deux ne cesse de s’estomper. Ce qui vous touche a également des répercussions pour nous, et inversement. Nous devons continuer à dialoguer. 

Je représente ici la population européenne, mais ma présence compte aussi beaucoup pour moi à titre personnel. En effet, si l’on trace, en plein milieu de la Méditerranée, une ligne du nord au sud et une autre d’est en ouest, leur intersection se situera précisément chez moi, à Malte. C’est une île qui se trouve au croisement de trois continents et dont la position géographique a façonné l’histoire. 

Cette histoire est visible dans les ruelles étroites de nos villes et gravée dans la pierre calcaire de nos édifices. Elle s’entend toujours dans notre langue, «Il-Malti», construite à partir de racines et de structures arabes. «As-salamu aleïkum» se dit en maltais «Insellmilkom». Cela nous rappelle au quotidien que nos histoires sont, depuis longtemps, étroitement liées et que la quête de la paix est essentielle pour nos peuples.

Je tiens donc à remercier avec gratitude les Émirats arabes unis – le président, Sa Majesté le cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, Monsieur Saqr Ghobash, président du Conseil national fédéral, ainsi que vous tous, Mesdames et Messieurs les membres de ce Conseil – de m’accueillir dans ce si beau pays. 

Aujourd’hui, en représentant une Union et un marché unique composés de 450 millions d’Européens, je suis animée par un sentiment d’espoir et d’optimisme: ce moment constituera un nouveau chapitre de nos relations. Celui d’un partenariat renouvelé ancré dans la paix et la prospérité, et d’un partenariat tourné vers l’avenir qui trouve un équilibre entre tradition et progrès, qui respecte nos passés tout en regardant résolument en avant.

Chers amis,

Aujourd’hui, je veux vous parler de paix et de prospérité, de sécurité et d’échanges commerciaux.  Le paysage sécuritaire change de jour en jour. Nous avons rarement vécu des temps aussi incertains qu’actuellement. Nous voyons ce qui se passe à Gaza, en Israël et au Yémen, en mer Rouge, en Ukraine et en Iran. Le destin a voulu que notre génération de dirigeants et de décideurs politiques soit confrontée à un monde qui semble trop souvent être en flammes. Nous devons donc avoir les épaules assez larges pour affronter et relever des défis d’une telle ampleur. Comment assurer la sécurité de nos concitoyens? Comment trouver la voie de la paix et vaincre l’extrémisme? Comment pouvons-nous trouver les pistes à suivre qui ont échappé à tant de générations avant la nôtre? Comment défendre notre humanité commune? Comment pouvons-nous être porteurs d’espoir, pour nos concitoyens et pour le monde dans lequel nous cohabitons? Il n’y a pas d’autre moyen de surmonter le sentiment de désespoir et d’impuissance des populations. 

Le chemin est difficile, mais nous devons le parcourir ensemble. Il nous faut retrouver l’état d’esprit nous permettant de prendre des décisions courageuses. L’état d’esprit dont nous avons été témoins lorsque l’Ukraine a été attaquée et que votre grande nation a rejoint notre alliance mondiale de 160 parlements déterminés à jouer un rôle constructif, en déployant des efforts diplomatiques et mus par une conscience humanitaire. 

La paix est fragile et a toujours été difficile à assurer. C’est particulièrement le cas au Moyen-Orient, où la situation reste, pour nous tous, profondément inquiétante. L’Union européenne est fermement attachée à la paix. C’est pourquoi nous continuerons à faire pression pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza et pour que l’aide humanitaire parvienne à ceux qui en ont si cruellement besoin afin d’apaiser leurs souffrances. Nous continuerons à insister pour que les otages soient libérés et que le terrorisme cesse. Le tout en soutenant la solution à deux États. Car ce n’est qu’en garantissant la sécurité d’Israël et en offrant aux Palestiniens une perspective crédible de décider pacifiquement et légitimement pour eux-mêmes que nous pourrons enfin parcourir le chemin conduisant à une paix viable et durable. 

La signature des accords d’Abraham a été, à cet égard, une étape que vous avez eu le courage de franchir. Source d’espoir, elle était audacieuse et tournée vers l’avenir. Synonyme de normalisation, elle allait aussi de pair avec la prospérité et a changé le cours de l’histoire. Il nous est indispensable d’avoir plus souvent cet état d’esprit. 

Maintes fois, l’histoire nous a en effet appris que, lorsque le monde semble être en flammes, il ne suffit pas de les contenir: il faut éteindre le feu. Nous devons œuvrer ensemble pour y parvenir. À cet égard, le premier sommet UE-CCG que nous avons tenu l’année dernière a constitué un véritable tournant.

La paix ne s’obtient pas isolément. Elle se fonde sur la confiance, la coopération et une responsabilité partagée. Même lorsque c’est difficile, voire surtout lorsque c’est difficile. Les Émirats arabes unis le savent bien, et l’Europe aussi. 

Les événements de ces derniers jours entre Israël et l’Iran, et leurs possibles répercussions, constituent pour nous tous un test décisif. Le monde a conscience que l’Iran ne doit jamais posséder l’arme nucléaire. Cela représente une menace pour la région et pour nous tous, pour le monde entier. Il est indispensable d’apaiser les tensions et d’œuvrer pour une désescalade à grande échelle. Nous devons déployer tous les efforts diplomatiques possibles. Notre rôle, individuellement et collectivement, est plus important que jamais.

Les prochaines actions du régime iranien seront décisives pour l’avenir de celui-ci. Il existe une voie vers la paix: il est temps de s’y engager maintenant, et non pas d’aller plus loin dans l’escalade. 

Il en va de même en ce qui concerne les menaces pour la sécurité de nos voies maritimes. Je me souviens que, la veille de mon élection à la présidence du Parlement européen, les Houthis ont mené une attaque terroriste ici, aux Émirats arabes unis. Un acte odieux, dont les conséquences subsistent. L’Union européenne a condamné l’attaque, imposé des sanctions et un embargo ciblé sur les armes, conformément au droit international, et lancé, l’année dernière, l’opération EUNAVFOR Aspides afin de protéger les voies de navigation essentielles et les routes commerciales mondiales. 

Lorsque la sécurité économique est menacée par le terrorisme, lorsque les chaînes d’approvisionnement critiques sont en danger, le problème dépasse l’échelle régionale: il s’agit d’une priorité stratégique commune.

C’est la même logique qui sous-tend notre démarche visant à renforcer nos relations économiques. L’Union européenne est le deuxième partenaire commercial mondial des Émirats arabes unis. Nos investissements mutuels s’élèvent à 328 milliards d’euros. C’est d’Europe, invariablement, que viennent la plupart des touristes internationaux accueillis dans votre pays. Notre partenariat se tisse déjà au niveau de la population. Accroître les investissements économiques bilatéraux permettra à nos peuples de continuer d’y adhérer.   

L’Europe est prête à faire affaire. Nous œuvrons à faciliter les choses, à les rationaliser et à les simplifier. Nous reverrons les points sur lesquels nous sommes allés trop loin et trop vite. Dans ce contexte, le lancement de négociations en vue d’un accord de partenariat stratégique et d’un accord de libre-échange représente une étape importante, que le Parlement européen accueille très favorablement. Notre objectif est de créer un environnement d’affaires ouvert, stable et fondé sur des règles. Ainsi, nous stimulons l’innovation, nous créons plus d’emplois et, in fine, nous encourageons une croissance adaptée aux évolutions futures et entretenons l’espoir.

Mère de quatre garçons originaire de l’extrême sud de l’Europe, je n’apprécie pas les leçons que certains responsables politiques européens peuvent donner au reste du monde. Je reconnais que c’est un travers dans lequel nous avons parfois pu tomber. Ce nouveau Parlement européen est résolu à faire mieux, à trouver un terrain d’entente avantageux pour nous tous, car ce qui nous unit dépasse de loin ce qui nous sépare. 

Les Émirats arabes unis regardent toujours vers l’avenir et n’ont pas peur de jouer un rôle accru à l’échelle mondiale. À cet égard, l’accord de partenariat économique global signé avec l’Ukraine revêt un caractère inédit dans la région du Golfe: c’est un accord historique. Il s’agit d’un exemple fort montrant comment la solidarité et le partenariat peuvent ouvrir des perspectives pour les deux parties. Cet état d’esprit, nous le partageons pleinement; c’est l’un de nos points communs.

Prenons l’exemple de l’enseignement. Chaque année, toujours plus d’étudiants des Émirats arabes unis choisissent d’étudier à l’étranger et notamment en Europe. Dans le même temps, votre pays attire à un rythme soutenu des étudiants du monde entier. Parmi les 192 000 Européens qui résident dans votre pays – soit la plus grande concentration de ressortissants de l’Union européenne dans un pays du Moyen-Orient –, 28 000 sont des étudiants. Une vraie occasion se présente à nous: celle de renforcer la mobilité à des fins d’apprentissage et d’approfondir les échanges intellectuels et culturels entre nos peuples.

Au fond, sans liens forts entre les populations, une réelle coopération économique n’aura qu’une portée limitée. Je pense qu’il faut que nous gardions cela à l’esprit lors des négociations. 

Les mêmes considérations s’appliquent à nos travaux sur l’importance des relations bilatérales. Je remercie ce Conseil d’avoir accueilli, ces derniers mois, trois de nos délégations parlementaires pour discuter de ces évolutions. Il s’agit d’une importante étape du renforcement de nos relations, et j’espère que nous pourrons continuer sur cette voie.

Chers amis, Mesdames et Messieurs,

J’aimerais conclure mon intervention comme je l’ai commencée: avec un sentiment d’espoir et d’optimisme.

Le partenariat UE-Émirats arabes unis est plus important que jamais. Nous disposons déjà de bases solides et de raisons convaincantes de collaborer. Je sais qu’en faisant preuve de bonne volonté et de compréhension, nous pouvons aller encore plus loin. 

Une nouvelle ère commence. Une ère de paix, de développement et de progrès. Celle du renouvellement d’une amitié véritable et durable entre les Émirats et l’Europe.

Merci.
Choukrane.
Insellmilkom.