Renouveler la promesse de l'Europe - La Présidente Metsola s'adresse au Forum Europa  

 

Renouveler la promesse de l'Europe - La Présidente Metsola s'adresse au Forum Europa  

Bruxelles  
 
 

Lors de son intervention au Forum Europa à Bruxelles, la Présidente du Parlement européen a déclaré que le moment était venu de conjuguer espoir et détermination, de prouver que l'Europe reste à l'écoute, qu'elle continue de fonctionner et tient ses promesses. La Présidente Metsola a rappelé que la promesse de l'Union — fondée sur les valeurs de liberté, de dignité et d'équité — ne relève pas du passé, mais constitue un engagement pour l'avenir.

       

Merci, Monsieur le Vice-président, cher Javi. Je vous remercie pour votre engagement. Vous représentez une voix forte et très respectée au Parlement européen – et je suis très fière d’être à vos côtés aujourd’hui.

Monsieur le Président du Forum de la nouvelle économie, José Luis Rodríguez,
chers invités,
chers collègues députés au Parlement européen,
chers amis,

bonjour.

Je me réjouis d’être de nouveau parmi vous. Merci au Forum de la nouvelle économie d’organiser ces événements et de faire vivre ainsi une plateforme qui rapproche l’Europe des citoyens que nous représentons. Telle est, en définitive, la mission du Parlement européen. 

Lors de notre précédente rencontre, l’année dernière, les élections européennes approchaient. Quelques mois plus tard, des millions d’Européens de toute notre Union se sont rendus aux urnes dans le cadre du plus grand exercice démocratique multinational à l’échelle mondiale.

En juin, les électeurs nous ont dit très clairement à quelle Europe ils aspirent. Ce message nous a été répété ce dimanche, lors des nombreuses élections qui se sont tenues en Europe.

Les gens n’ont pas cessé de croire en l’Europe. Ils croient en ce qu’elle défend. Ils voient de quelle façon l’Europe transforme leur vie, défend les libertés, crée des possibilités et protège ses citoyens.

Mais dans le même temps, nombreux sont ceux qui estiment que la promesse de l’Europe s’éloigne peu à peu. De trop nombreuses personnes se sentent laissées pour compte et connaissent des fins de mois difficiles. De trop nombreux jeunes ne parviennent pas à trouver un emploi et se demandent s’ils auront un jour les moyens d’avoir leur propre logement. De trop nombreuses entreprises sont entravées par la bureaucratie et l’augmentation des coûts.

Et, comme nous l’avons vu à maintes reprises, lorsque les gens ont le sentiment que le système n’est pas fait pour eux, ils commencent à perdre confiance, et la désillusion s’installe.

Lors des élections de juin, nous avons craint que le centre politique ne tienne pas bon, et nous avons tous été collectivement soulagés de voir qu’il s’était maintenu (de justesse). Mais je pense qu’il serait inconscient d’ignorer les signaux d’alarme qui continuent de retentir. Il s’agit d’un message d’urgence, mais également d’espérance. 

Aujourd’hui, nous avons pour mission d’écouter, de répondre aux attentes, et surtout d’obtenir des résultats.

Il est clair que les gens attendent mieux de nous. Ils veulent une Europe qui fonctionne, qui rende la vie plus facile et non plus difficile, qui montre la voie à suivre en matière d’emplois de qualité, de plus grandes perspectives et de réelles possibilités de construire un avenir. Ils veulent une Europe qui protège nos frontières, nos valeurs et nos foyers, qui se tienne aux côtés de ses citoyens en temps de crise – et les crises sont nombreuses.

Je me suis rendue en Espagne lors des terribles inondations qui ont frappé le pays au mois d’octobre dernier et, récemment, j’ai reçu à Bruxelles des survivants, qui m’ont raconté leurs terrifiantes expériences. En ces heures sombres, l’Europe a été présente. Nous n’avons pas perdu de temps. Notre Parlement a agi rapidement. Et notre réaction a été remarquée, comme me l’ont confirmé les survivants. Elle témoigne de ce dont l’Europe est capable lorsque nous agissons unis face à l’urgence.

Nous devons désormais poursuivre nos efforts et apporter des solutions, non seulement en temps de crise, mais aussi au quotidien, et pour tous les Européens. Comment y parvenir?

Ma conviction est que nous devons construire une Europe plus intelligente, plus forte et plus sûre.

Une Europe plus intelligente comprend que nos libertés et nos systèmes de protection sociale dépendent de notre compétitivité économique. Dans cette Europe, les jeunes pousses peuvent se développer sans entrave, l’innovation est encouragée sans être asphyxiée par la règlementation, nous sommes à l’avant-garde mondiale en matière de technologies propres et de normes strictes, sans sacrifier notre agriculture ni nos industries.

Une Europe plus forte sait que, seuls, nous sommes des pays de taille modeste, mais qu’ensemble, nous sommes une force avec laquelle il faut compter. La nouvelle révolution industrielle a déjà commencé. Si nous voulons jouer un rôle de premier plan dans le domaine de l’IA, des nouveaux médicaments, de l’exploration spatiale et de l’innovation climatique, nous devons donner à nos ingénieurs, chercheurs et entrepreneurs les outils nécessaires pour réussir.

Cela signifie parachever enfin notre union de l’épargne et des investissements: il s’agit là d’un objectif qui reste à réaliser et que l’Europe doit absolument atteindre cette fois-ci.

Cela suppose également un approfondissement de notre marché unique dans des domaines tels que l’énergie. Nous constatons en effet qu’au sein de notre Europe, nous comptons de nombreux îlots énergétiques alors que nous pourrions être davantage connectés et mieux préparés. Nous devons être en mesure d’interconnecter plus efficacement nos réseaux énergétiques. En faisant cela – comme nous l’avons vu il y a quelques semaines, avec ce qui s’est passé dans la péninsule ibérique –, nous renforcerons notre sécurité énergétique et nous ferons baisser les prix pour les ménages et les entreprises. Cela nous donnera également de la prévisibilité et encouragera les citoyens à investir.

La force est synonyme de confiance sur la scène internationale. L’Europe a toujours soutenu sans réserve un commerce ouvert, équitable et fondé sur des règles, et ce choix reste la boussole qui nous guide. Mais la leçon que nous avons apprise – assez durement –, c’est que nous ne pouvons pas nous permettre de rester les bras croisés. 

Cette semaine, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont signé un nouvel accord, qui approfondit la coopération en matière de commerce et de défense ainsi que dans le domaine de la pêche. Nous avons mis en cohérence nos principales normes alimentaires. Nous avons facilité le commerce des produits agroalimentaires et de la mer. Nous avons signé un accord sur la mobilité des jeunes qui leur permettra d’étudier, de travailler et de vivre plus facilement en dehors de leur pays. Et nous avons assuré le rapprochement de l’Union avec le Royaume-Uni au sein de notre programme ReArmEU, car pour renforcer sa sécurité, l’Europe a besoin du Royaume-Uni à ses côtés.

S’il s’agit là d’un réel progrès, nous devons maintenant faire preuve de la même ambition avec le Canada et avec les États-Unis. Disons-le clairement, notre alliance avec les États-Unis est la plus étroite de l’histoire moderne; aucune autre n’a marqué plus de parcours de vie ni créé plus de prospérité. Nous devons continuer à la forger et à la renforcer, tout en nous préparant bien entendu à tous les cas de figure. Mais en définitive, un accord global entre l’Union et les États-Unis doit demeurer notre objectif. C’est en suivant cette voie que nous créons de la prospérité et que nous renforçons notre sécurité.

D’autre part, nous devons clairement défendre nos valeurs. Je garde en mémoire ma rencontre avec feu le pape François, un homme humble, un homme de principes et de convictions. Ce que j’ai le plus admiré chez lui, c’est la manière dont il s’exprimait, d’une voix claire, avec force et franchise, pour tous ceux qui ne peuvent faire entendre leur voix. J’ai retrouvé cette même clarté, récemment, lorsque j’ai brièvement rencontré le pape Léon XIV pour la première fois. L’Europe doit s’exprimer en faisant preuve de courage moral, en particulier face à l’injustice et aux souffrances.

Bien entendu, la sécurité reste notre pierre angulaire. Une Europe plus sûre suppose de prendre notre destin en main. Nous avons trop longtemps compté sur les autres pour nous protéger, mais la guerre brutale menée par la Russie contre Ukraine a clairement démontré que ces temps sont révolus. Aujourd’hui, chaque État membre comprend parfaitement que l’Europe doit assurer sa propre défense, et que cela signifie également que nous devons renforcer nos efforts de soutien en faveur de l’Ukraine, ainsi que nos efforts en faveur de la paix, en faveur d’une paix juste, réelle et durable.

Une Europe plus intelligente, plus forte et plus sûre. On m’a demandé récemment «est-ce votre vision?», et j’ai répondu «non, il ne s’agit pas d’une vision». Car, comme l’a dit un jour Helmut Schmidt, «celui qui a des visions doit aller consulter un médecin». Il s’agit d’une feuille de route. Cette feuille de route indique comment relancer l’Europe en tant qu’acteur mondial, comment assurer la sécurité et la dignité et créer les possibilités que les gens attendent de nous, et comment répondre à ceux qui estiment que le rêve européen s’éloigne peu à peu.

Croyez-moi, rien n’est moins faux. Je vois ce rêve se réaliser tous les jours. Je le vois se réaliser pour chaque jeune à la recherche d’un premier emploi, pour chaque entrepreneur qui entame un nouveau projet, pour chaque parent qui espère que la vie de son enfant sera meilleure que la sienne.

Notre mission, à nous tous ici, est de répondre à cet espoir avec détermination, de prouver que l’Europe est toujours à l’écoute et qu’elle continue de fonctionner et de produire des résultats. De montrer que la promesse de notre Union, une promesse de liberté, de dignité et d’équité, n’appartient pas au passé, n’est pas une promesse qui aurait existé avant de disparaître, mais représente notre engagement renouvelé pour l’avenir.

Et cet avenir se construit grâce aux personnes présentes dans cette salle: les députés au Parlement européen, qui travaillent dans leurs circonscriptions pour rapprocher l’Europe des citoyens, comme Javi et moi-même le faisons chaque jour au Bureau du Parlement, à l’instar de tous mes collègues présents ici aujourd’hui. C’est là notre héritage et notre responsabilité. Une responsabilité que j’assume partout où je me rends, car telle est ma mission.

Tout à l’heure, dans les locaux du Parlement européen, je présenterai le président italien Sergio Mattarella à tous les jeunes qui travaillent dans les institutions. Ce soir, je prendrai l’avion pour la Roumanie, où je rencontrerai le nouveau président. Et demain, je participerai à un événement avec des jeunes à Timișoara. Voilà comment nous pouvons montrer aux gens, en les rencontrant en personne, que nous sommes proches d’eux, que nous les écoutons, que nous sommes capables d’obtenir des résultats, et que leurs rêves ne seront pas uniquement des rêves, mais qu’ils se réaliseront.

Il y a quelques mois, je me suis rendue à Madrid, où j’ai eu l’honneur de recevoir le prix du Forum Europa. Ce prix n’est pas seulement une reconnaissance, mais aussi une responsabilité pour le Parlement européen. N’oublions jamais que les gens attendent des résultats de notre part, que la confiance n’est pas un dû, elle se gagne, et que l’avenir de l’Europe ne se bâtira pas sur des déclarations, mais sur des résultats.

Telle est la promesse que nous renouvelons aujourd’hui, au sein de notre institution:
défendre les valeurs qui nous ont rassemblées, 
lutter pour l’avenir que nos concitoyens méritent,
et construire une Europe qui ne se contente pas de résister, mais qui inspire.

Je vous remercie.