Aujourd'hui, la Présidente du Parlement européen, Robert Metsola, était à Kiev avec un message fort de soutien du Parlement. S'adressant à la Verkhovna Rada, elle a déclaré que, tout comme l'Europe a soutenu l'Ukraine depuis le premier jour, nous resterons à ses côtés.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, C’est pour moi un immense honneur d’être présente ici aujourd’hui, dans le cadre d’une nouvelle législature du Parlement européen. Je tiens tout d’abord à vous présenter mes condoléances après l’assassinat de votre ancien président, Andri Paroubi. Il faisait partie de cette grande institution parlementaire, et il va nous manquer. Sa perte nous fait une fois de plus ressentir le coût humain de cette guerre, et nous rappelle l’urgence d’y mettre fin. Avant de venir ici, je me suis rendue au Mur du souvenir. Combien de morts, combien de familles brisées... Personne n’est épargné. Mais je sais que la paix reviendra. L’Ukraine vaincra. Quand cette paix adviendra-t-elle? À quelles conditions? Cette décision vous revient. Parce que rien ne peut être, rien ne devrait être et rien ne sera décidé au sujet de l’Ukraine sans l’Ukraine. Vous n’avez pas besoin de paroles d’empathie de ma part. Ce dont vous avez besoin, ce que l’Europe vous apporte depuis le premier jour et continuera de vous apporter, c’est un soutien concret. Un soutien sous la forme de livraisons d’armes, de munitions et de formations. Un soutien sous la forme d’aide humanitaire pour les familles qui ont perdu leur foyer et leurs proches. Un soutien sous la forme de sanctions sévères visant à affaiblir la machine de guerre de la Russie, et un soutien par la diplomatie, pour que la cause ukrainienne demeure au premier rang de nos priorités. Un soutien sous la forme d’investissements réels, notamment dans les capacités de production ukrainiennes. C’est ainsi que, ensemble, nous défendons l’Ukraine et nous rapprochons de la paix. Nous œuvrons à ramener au pays tous les enfants ukrainiens enlevés. Nous luttons pour libérer tous les civils encore emprisonnés. Soyons clairs sur le type de paix que nous recherchons. Une fausse «paix» ne ferait que reporter la guerre de quelques mois ou de quelques années et déboucherait sur un conflit aux retombées encore plus dramatiques. Notre position est limpide: la paix doit être permanente et être fondée sur la justice et sur la dignité. Nous réclamons une paix qui respecte la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine. L’Europe, comme l’Ukraine, a toujours voulu la paix. C’est la raison même de l’existence de notre Union. Mais il doit s’agir d’une paix réelle, durable et garante de notre sécurité. C’est pourquoi nous continuons de réclamer des garanties de sécurité et travaillons avec nos partenaires pour obtenir ces garanties. Nous sommes prêts, déterminés et aptes à agir. Ce message, nous l’avons aussi envoyé à nos partenaires aux États-Unis. Dès les tout premiers jours de cette guerre, l’Europe s’est tenue à vos côtés. Lorsque les bombes ont commencé à tomber, nous avons été les premiers à nous rendre à Kiev, aux côtés du président Zelensky et de vous tous, et nous ne sommes jamais repartis. Notre détermination n’a en réalité fait que croître. L’Union européenne a déjà mobilisé 169 milliards d’euros, dont 63 milliards d’euros de soutien militaire. Nous avançons sur la question des avoirs russes gelés. Nous augmentons les investissements dans l’industrie ukrainienne de la défense, élargissons les commandes auprès de fabricants ukrainiens et faisons progresser de nouvelles initiatives conjointes telles que la nouvelle alliance sur les drones. Nous savons aussi que nous devons faire plus – beaucoup plus – pour continuer à apporter le soutien financier dont votre pays a besoin. Dans le même temps, nous maintenons la pression sur la Russie. Le dix-neuvième train de sanctions devrait être adopté très prochainement et nous nous coordonnons étroitement avec nos alliés pour faire en sorte que les répercussions soient maximales. En parallèle, nous continuerons à réduire, toujours plus vite, nos besoins en gaz et en pétrole russes. Les flottes fantômes toujours actives sont aussi dans notre viseur. La solidarité est à l’œuvre. En fin de compte, il s’agit également de notre sécurité collective. Un enjeu de cette solidarité et de cette sécurité concerne également la place de l’Ukraine dans notre Union. L’adhésion à l’Union européenne est une garantie de sécurité en soi, et nous progressons ensemble sur cette voie. L’Europe doit se montrer à la hauteur des progrès que vous avez déjà accomplis et franchir la prochaine étape consistant à ouvrir officiellement les négociations sur les fondamentaux. Nous trouverons une solution, j’en suis certaine. Et permettez-moi de vous assurer du plein soutien du Parlement européen à cet égard. L’intégration européenne n’est pas un concept abstrait; elle produit des résultats concrets et tangibles. L’accord sur l’itinérance annoncé en juillet a d’emblée porté ses fruits pour les citoyens et les entreprises. La facilité pour l’Ukraine a déjà versé 22,7 milliards d’euros, et une aide supplémentaire est liée aux réformes qui rendront vos institutions plus fortes et plus résilientes. Il est essentiel que la Rada continue d’avancer sur ces réformes et fasse progresser rapidement les textes de loi primordiaux. Ces réformes sont cruciales, en particulier celles liées au plan pour l’Ukraine. Le rétablissement des compétences de vos organes de lutte contre la corruption a envoyé un signal important, et la Verkhovna Rada a fait montre d’une grande détermination à adopter des lois destinées à aligner l’Ukraine sur les normes de l’Union européenne. Il ne s’agit pas de cocher des cases, mais bien de mettre en place les institutions fortes et transparentes que les Ukrainiens méritent et qui constitueront le fondement de l’avenir de l’Ukraine en tant que membre à part entière de l’Union européenne. En ce qui concerne le commerce, l’accord de libre-échange conclu en juin jette les bases d’un cadre stable et prévisible bénéfique à l’Ukraine dans sa progression vers l’adhésion et qui offre de réelles possibilités aux ménages, aux citoyens et aux entreprises ukrainiens. Aucune de ces avancées n’est le fruit du hasard. Elles sont le résultat de la coopération étroite et quotidienne entre nos parlements. Le Parlement européen et la Verkhovna Rada ont noué une relation interparlementaire parmi les plus fortes au monde. Je pense que nous pouvons en être fiers. Cher Président, cher Rouslan, votre coopération avec l’Union européenne et avec le G7 est déterminante sur le plan politique. Permettez-moi également de saluer le rôle joué par l’administration et le secrétaire général de la Rada dans l’apport d’un soutien logistique et pratique. Notre partenariat se renforce lors de chaque visite, de chaque échange, de chaque réunion. Il est ancré dans le respect mutuel et une véritable confiance, et il est concret. Nos parlements travaillent ensemble, apprennent l’un de l’autre, veillent à ce que les lois ukrainiennes soient prêtes pour l’adhésion à l’Union et font en sorte que le soutien de l’Europe produise des effets tangibles ici. Je tiens à vous remercier une fois de plus, cher Président Stefantchouk, pour votre leadership et pour votre amitié. Je ne viens pas seulement en tant que collègue. Ces dernières années, j’ai bâti ici de véritables relations d’amitié, ce dont je tire une grande fierté. Au fil des rencontres, j’ai appris à vous connaître, et nombre d’entre vous avez noué des liens avec de nombreux députés au Parlement européen. Ces derniers, je peux vous l’assurer, se penchent avec enthousiasme et conviction sur les prochaines étapes qui vous permettront d’intégrer l’Union européenne. Je salue votre volonté de nous rejoindre, mais aussi de défendre le parlementarisme. Je sais que vous travaillez dans des conditions que la plupart des autres parlements n’oseraient même pas imaginer. Vous êtes constamment en danger, votre propre bâtiment est menacé, et votre population essuie des tirs et des bombardements. Mais vous continuez d’avancer, envers et contre tout. Le monde assiste à votre combat pour la démocratie dans les conditions les plus ardues qui soient. Soyez-en remerciés. Je sais que c’est éreintant, je mesure à quel point c’est difficile. Mais je le répète: votre résilience, votre courage et votre détermination sont une source d’inspiration pour le monde entier. Sachez que le Parlement européen restera solidement à vos côtés, à chaque étape, jusqu’à ce que la paix règne, que la liberté revienne et que l’Ukraine occupe la place qui est la sienne dans notre famille européenne. C’est d’ailleurs la raison de ma présence ici cette semaine: je suis là pour consolider encore notre coopération. Nous ouvrons un bureau de représentation permanente du Parlement européen à Kiev afin d’être présents sur le terrain et de coopérer chaque jour avec vous. C’est l’engagement que nous avions pris, et nous le tenons. Nous sommes ici à vos côtés, et nous allons y rester. «You will never walk alone», c’est notre promesse. Puis, quand la paix reviendra, quand ce chapitre sombre sera enfin clos, nous serons encore et toujours là, et nous vous accompagnerons dans la reconstruction. Bientôt, vous rejoindrez la famille des nations de l’Union européenne. «Un cœur courageux est plus fort que deux bras puissants»: merci de nous prouver la justesse de ce célèbre proverbe ukrainien. Le cœur de l’Ukraine bat si fort qu’il résonne dans le monde entier. Comme votre président Zelensky l’a déclaré le 1er mars 2022 devant le Parlement européen: «La lumière triomphera de l’obscurité, la vie triomphera de la mort». C’était vrai alors, c’est toujours vrai aujourd’hui. Slava Ukraini.