Roberta Metsola: Courage et espoir aux Ukrainiens 

 

Aujourd'hui, la Présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, était à Kiev pour délivrer un message de courage et d'espoir à tous les Ukrainiens qui défendent leur pays. Dans son allocution à la Verkhovna Rada, elle a réitéré le soutien du Parlement européen à la voie européenne de l’Ukraine, l’engagement que les responsables de la guerre seront tenus comptables de leurs actes et la promesse de reconstruire les villes et villages de l’Ukraine une fois la guerre terminée.

Cher Rouslan, 
Chers Membres de la Rada, 
Chers valeureux soldats,
Chers frères, chères sœurs, 

Je vous remercie de m’avoir invitée à Kiev afin que je puisse m’adresser à la Rada. C’est un honneur pour moi d’être ici devant vous, chers collègues parlementaires européens. Mais c’est surtout pour moi un devoir d’être ici. C’est un devoir que je dois accomplir. C’est une responsabilité que j’ai envers vous, qui êtes en première ligne. Pour montrer au monde que, même dans les ténèbres de la guerre, la démocratie parlementaire nous éclaire. 

Je suis ici aujourd’hui en tant que représentante du Parlement européen et des citoyens européens pour vous adresser un message. Nous sommes à vos côtés. Dans les bons moments et dans les moins bons, nous sommes à vos côtés.

Les images qui ont fait le tour du monde au cours de ces derniers mois d’horreur ont montré la destruction, la mort, des vies innocentes brisées et des femmes et des enfants obligés d’abandonner leur foyer et leur vie. 

Mais l’Europe et le reste du monde ont été témoins de votre courage et de la résistance des familles ukrainiennes. Les héros de l’île des Serpents sont connus dans le monde entier. Les fiers combattants de Marioupol seront une source d’inspiration pour les générations à venir. 

Je suis persuadée que bientôt, nous verrons l’espoir triompher sur la peur. Parce que vous prouvez au monde que la terreur ne vous intimide pas et que les bombes n’anéantiront jamais votre fierté et votre dignité.

L’Union européenne et le monde en sont témoins: vous êtes les défenseurs de votre pays. Mais vous ne combattez pas uniquement pour protéger vos foyers et votre territoire. Vous livrez bataille pour ce en quoi nous croyons tous: la liberté, la démocratie et l’état de droit. Et ici, en Ukraine, ces valeurs ne sont pas que des mots. C’est pour elles que vous vous battez, parce que vous savez que, sans ces valeurs, plus rien d’autre n’existe.

L’Union européenne a été créée pour lier le destin des États-nations d’Europe afin qu’ils ne puissent plus entrer dans un conflit semblable à celui qui a conduit, en moins de trente ans, à deux guerres mondiales. L’Union européenne est un projet de paix. Mais c’est avant tout un projet pour la liberté. 

Et permettez-moi de dire que l’Ukraine, c’est l’Europe. 

Nous vivons une époque sombre et tragique. Tant d’Ukrainiens ont perdu la vie. Vous avez perdu des membres de votre famille, des amis. Nos pensées vont vers chacun d’entre vous. Je vous prie de me croire quand je dis que le Parlement européen, l’Union européenne et les citoyens européens sont aux côtés de l’Ukraine.

Les mots peuvent être source d’inspiration. Les mots peuvent parfois changer le monde. Mais le monde a aussi besoin d’actes. Le monde a aussi besoin de compassion. Je suis ici pour transmettre un message de soutien et d’espoir: nous n’abandonnerons pas l’Ukraine. Nous ne baisserons jamais la garde. 

Marioupol est une ville que je n’ai jamais visitée, mais dont je n’oublierai jamais le nom. Le bombardement d’une maternité et le massacre d’enfants est un acte infâme qui restera dans les mémoires. C’est un acte d’absence totale d’humanité qui résume bien la nature de la menace à laquelle vous faites face. Nous n’oublierons jamais ce qui s’est produit là-bas. Jamais.

J’aimerais vous faire trois promesses:

Premièrement, l’invasion de votre pays place la Russie en confrontation directe avec l’Europe, avec la communauté internationale et avec l’ordre mondial fondé sur des règles. Nous ne resterons pas les bras croisés face aux agissements de M. Poutine. Des sanctions plus sévères sont nécessaires. Nous obligerons les responsables à répondre des actes qu’ils ont commis. 

Deuxièmement, l’Union européenne reconnaît les ambitions européennes de l’Ukraine et ses aspirations à devenir pays candidat à l’adhésion. Je suis ici pour vous dire que vous pouvez compter sur moi, que vous pouvez compter sur le Parlement européen pour soutenir votre pays dans la réalisation de cet objectif. Nous savons que du sang a coulé pour en arriver là. Nous ne vous laisserons pas tomber.

Nous savons plus que jamais que l’Ukraine se tourne vers l’Union européenne, car elle voit en elle son avenir. Nous répondrons avec honnêteté et espoir. Chaque pays doit suivre sa propre trajectoire, mais l’avenir européen de l’Ukraine ne saurait être remis en question.

Troisièmement, nous prendrons soin de vos familles qui sont forcées de fuir, jusqu’au jour où elles pourront retourner chez elles en toute sécurité et reconstruire leur vie. Nous vous aiderons à rebâtir vos villes et vos villages lorsque cette invasion illégale, injustifiée et non provoquée aura pris fin. Nous avons d’ores et déjà fourni une assistance financière, militaire et humanitaire. Cette aide va se poursuivre et s’intensifier. Nous allons créer un fonds fiduciaire de solidarité avec l’Ukraine et organiser une conférence internationale des donateurs, pour aider à la reconstruction. Parce que cette attaque sur votre territoire a tout changé.

Vous n’avez pas souhaité cette invasion. Vous ne l’avez pas non plus provoquée. Vous n’avez pas cherché de confrontation. Mais vous vous êtes levés pour affronter cette situation, ce qui témoigne de la grandeur de votre nation, de votre courage et de votre force de caractère. 

Je demande à mon tour à l’Union européenne d’être à la hauteur de la situation avec le même aplomb. Parce que nous devons faire preuve d’une détermination sans faille.

L’ordre mondial établi fondé sur des règles reste fort. M. Poutine a sous-estimé non seulement le courage et la résistance de votre pays, mais aussi la force de l’ordre démocratique. Il a commis une erreur fondamentale en prenant nos débats démocratiques pour de la faiblesse et il en a payé le prix, un prix sans précédent. Les sanctions que nous avons prises sont dures, mais nous devons aller encore plus loin.

Des millions de femmes et d’hommes ont fui l’Ukraine. Des millions d’autres sont déplacés à l’intérieur du pays et se rendront probablement dans d'autres pays d'Europe. Nous devons être prêts – mais nous sommes surtout déterminés à faire ce qui est nécessaire pour offrir un avenir exempt de peur à ceux qui arrivent à nos frontières. Cette volonté restera indéfectible. Elle ne faiblira pas.

L’Europe montrera un visage d’ouverture, une ouverture aussi bien des cœurs que des foyers – une expression concrète de notre mode de vie européen: une alliance de compassion et de force.

Nous devons redoubler d’efforts pour réduire notre dépendance énergétique à l’égard du Kremlin. Je veux voir un jour l’Europe complètement autonome en matière d’approvisionnement énergétique.

En cette période de crise, nous ne devons pas oublier que l’énergie est, et a toujours été, une question politique. La Russie l’a compris depuis longtemps. Mais vous aussi.

L’objectif de l’Europe doit être de s’orienter vers un avenir sans gaz russe. Sans aucun gaz russe. C’est ambitieux, mais nécessaire.

Parce que ce qui importe, c’est que nous ne devrions pas, en consommant l’énergie du Kremlin, financer indirectement les bombes qui tombent sur vos maisons. Alors nous allons redoubler d’efforts pour sortir de cette situation le plus tôt possible.

Permettez-moi d’aborder rapidement la question de la guerre de l’information à laquelle nous sommes confrontés. Nous devons non seulement renforcer nos cyberdéfenses, mais aussi continuer de contrer les propos qui affirment qu’en s’opposant à Poutine, l’Europe serait en quelque sorte russophobe. Ce sont les Russes qui défient Poutine, au risque d’être jetés en prison, qui sont du bon côté de l’histoire. Ils sont de notre côté.

Je terminerai par une citation de Jonathan Sacks: «Il est difficile de vaincre la peur au nom de l’espoir; cela requiert un courage exceptionnel. C’est toutefois lorsque croît notre capacité de destruction que ce courage est plus que jamais nécessaire.» 

Et pour citer votre poète national, Taras Chevtchenko: «Luttez, vous vaincrez.»

Vous avez le courage nécessaire.

L’Ukraine a le courage nécessaire. 

Nous sommes à vos côtés aujourd’hui, nous serons à vos côtés demain et nous ne vous abandonnerons jamais. 

Slava Ukraini!
 

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